LE SÉNÉGAL A TOUCHÉ LE FOND
Ce terrible diagnostic est de Me Assane Dioma Ndiaye à la suite de l’analyse qu’il a faite de la vague de violences notée depuis quelques jours

La démocratie sénégalaise est piétinée à tel point qu’elle a observé un grave recul. Ce terrible diagnostic est de Me Assane Dioma Ndiaye à la suite de l’analyse qu’il a faite de la vague de violences notée depuis quelques jours au Sénégal.
La situation qui prévaut au Sénégal est d’une gravité telle que les organisations de défense des droits humains craignent que l’escalade de la violence n’atteigne des proportions alarmantes. Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (Lsdh), Me Assane Dioma Ndiaye, sonne l’alerte et interpelle sur l’urgence de trouver des solutions salvatrices afin d’éviter le chaos. «Jadis considéré comme un îlot de lumière dans un océan d’obscurantisme en Afrique, le Sénégal est passé au stade de dernier de la classe en matière démocratique. Nous avons touché le fond des abîmes. Les Nations Unies et la Cedeao disent nous avoir à l’œil et nous rappellent à l’ordre et à la raison.
Le son de cloche de la Cour Pénale Internationale ne va pas tarder à se manifester pour mettre en garde contre d’éventuels crimes contre l’humanité, s’ils ne se sont pas déjà produits au vu des nombreux décès déjà enregistrés», clame-t-il. «Alors en toute lucidité et patriotisme, ayons le courage et l’humilité de reconnaître notre pathologie profonde et ne nous voilons pas la face.
A la place d’une démocratie substantielle gage de pérennité et de stabilité durable, on a opté pour une démocratie bâtie sur une hégémonie des vainqueurs, notamment de 2001 à 2021, avec une répugnance à tout pluralisme, la négation du droit à la différence, la primauté des intérêts particuliers sur l’intérêt général, une confusion des Pouvoirs exécutif et législatif et surtout une vassalisation du Pouvoir judiciaire ponctuée par une instrumentalisation de la justice à des fins politiques», fulmine le leader de la Lsdh. Poursuivant, il estime que «la rationalité stratégique a supplanté le nécessaire débat éprouvé sur le légitime et l’illégitime. L’impératif catégorique Kantien ravalé au rang d’idéalisme béat et impertinent.
En clair, la Démocratie représentative a failli. Nulle surprise alors que le Pouvoir exécutif échappe à tout contrôle. Les mécanismes régulateurs tels que les questions de confiance ou la motion de censure deviennent chimériques. La Théorie de Montesquieu de l’autorégulation tombe alors en désuétude. La clairvoyance appelle par conséquent à un nouveau contrat social articulé autour de paramètres saisissables et incompressibles qui s’imposent à tous Erga Omnes. C’est dans les moments de doutes profonds, d’angoisse existentielle psycho traumatisante face au spectre du néant que le génie créateur d’un peuple doit se déployer pour secréter des solutions salvatrices».