L’ENQUETE DE LA GENDARMERIE SUR LA TUERIE DE BOFFA EST UNE VERITABLE ARNAQUE
Clédor Ciré Ly, qui défend les 26 personnes impliquées dans cette affaire et placées en détention depuis janvier 2018, a introduit une demande de liberté provisoire pour ses clients

Le feuilleton judiciaire sur l’affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte se poursuit. Me Clédor Ciré Ly, qui défend les 26 personnes impliquées dans cette affaire et placées en détention depuis janvier 2018, a introduit une demande de liberté provisoire pour ses clients. Une demande rejetée. L’avocat démonte la procédure et charge la Gendarmerie. «L’enquête de la Gendarmerie est une véritable arnaque». Il n’a pas manqué aussi de tancer les juges d’instruction : «…ils ne vérifient rien du tout…», a-t-il dénoncé.
René Capin Bassène et vingt-cinq (26) autres personnes inculpées dans la tuerie de Boffa-Bayotte restent en prison. En effet, la demande de liberté provisoire introduite par leur conseil a été rejetée. Me Clédor Ciré Ly, l’avocat des présumés auteurs de la tuerie de Boffa-Bayotte s’était rabattu sur la Chambre d’accusation pour plaider pour une liberté provisoire pour ses clients incarcérés à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ziguinchor, depuis janvier 2018. Hélas la demande a été rejetée. L’avocat réclame l’audition de témoins et la confrontation avec certains co-inculpés et éventuellement avec des témoins désignés qui, selon lui, peuvent apporter la contre vérité. L’avocat, qui démonte la procédure judiciaire, charge la Gendarmerie. «L’enquête de la Gendarmerie est une véritable arnaque, il n’y a pas eu d’enquête… », lance Me Clédor Ciré Ly qui dit déplorer l’attitude du juge d’instruction qui, à l’en croire, a tout bonnement refusé de procéder à des actes d’investigation pouvant établir le mensonge se trouvant dans le procès-verbal de la Gendarmerie. «Nous demandons à ce que publiquement le juge d’instruction entende des personnes comme Bachir Bâ qui était directeur régional de la RTS Ziguinchor et qu’il entende aussi l’actuel Chef d’Etat-major général des Armées sénégalaises qui, à l’époque, pouvait connaitre des faits précis pouvant innocenter des personnes qui aujourd’hui sont injustement en prison…», peste-t-il. La robe noire s’insurge en ces termes : «figurez-vous qu’aucun acte d’investigation n’a été fait, en dehors des auditions. Même la reconstitution des faits n’a été fait…», déclare le conseil des 26 personnes en détention depuis plus de deux (2) ans.
«EVOQUER UNE EVENTUELLE GRAVITE DES FAITS NE DOIT PAS ETRE SOURCE DE LONGUE DETENTION»
Et comme si cela ne suffisait pas Me Ly estime que l’histoire de la Casamance ne peut pas se résumer au Mouvement des Forces Démocratique de la Casamance (MFDC). Pour lui, beaucoup d’innocents ont fait les frais de ces errements, de ces confusions. «Je dis formellement, sur les personnes que je défends, les vingt-cinq (25) ne savent même pas ce que c’est le MFDC. Et pourtant on essaie de faire comprendre à l’opinion internationale que c’est le MFDC qui a envoyé les tueurs», regrette l’avocat qui tance les juges d’instruction qui, selon lui, ne vérifient rien. «Il est temps que notre Police judiciaire ou les enquêtes de Police et de Gendarmerie fassent l’objet de vérification par les juges d’instruction. Et cela, c’est la loi. L’article 72 du Code de procédure pénale dit que les éléments d’informations qui doivent être les éléments recueillis par les éléments de Police judiciaire doivent être vérifiés par les juges d’instruction. Mais les juges d’instruction ne vérifient rien du tout ; ils vous apportent dans une chambre climatisées, ils vous posent des questions, ils ne vérifient aucun élément… », se désole-t-il. Avant de préciser qu’il s’agit d’apporter des éléments pour convaincre la Chambre d’accusation qu’il n’y a jusqu’à présent pas d’enquête réelle.
Pour l’avocat, évoquer une éventuelle gravité des faits ne doit pas être source de longue détention. Me Clédor Ciré Ly est d’avis qu’il faut revoir cette loi qui ne fixe aucune durée au juge. «Dans ces condition, quelqu’un peut croupir en prison jusqu’à sa mort avant d’être jugé», regrette l’avocat qui attend la suite à donner à sa demande de liberté provisoire pour ses clients en détention dans l’affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte. Une tragédie qui avait fait quatorze (14) morts (tous des coupeurs de bois) dans la forêt de Boffa, dans la région de Ziguinchor, en janvier 2018. René Capin Bassène et une vingtaine de personnes ont été inculpés et placés en détention dans le cadre de cette affaire.