LES PAYSANS DE NDENGLER DEMANDENT L’ARBITRAGE DE MACKY SALL
Face aux nombreux villageois venus des quatre coins du Sandock, le témoignage de l'ancien chef de village, Galgor Dione, a ému plus d’un.

Le ministre de l’urbanisme, Abdou Karim Fofana, a entamé hier une médiation avec les populations du village de Ndengler pour trouver une issue heureuse sur ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire de la spoliation des terres de Ndengler».
Abdou Karim Fofana a posé hier les premiers jalons d’un consensus entre les populations de Ndengler et l’homme d’affaire Babacar Ngom, accusé d’avoir fait main basse sur les champs des paysans. Avec son bâton de pèlerin, le ministre de l’Urbanisme est venu écouter les complaintes des villageois qui ne demandent que la restitution de leurs terres.
Contrairement à sa dernière sortie qui lui avait valu de nombreuses critiques acerbes, Abdou Karim Fofana a joué, cette fois-ci, à fond la carte de la prudence. Lors de la rencontre hier, il s’est montré très conciliant : «Je ne suis pas venu pour dire qui a raison ou qui ne l’a pas. Je veux juste un terrain d’entente entre les différentes parties. Je vais rencontrer Babacar Ngom, puis avant le début de l’hivernage, une solution pacifique va être trouvée», a-t-il promis avec sa casquette de médiateur. Toutefois, la dernière étape de la visite du ministre de l’Urbanisme a étonné plus d’un villageois à Ndengler. En effet, il s’est rendu dans le verger de l’homme d’affaires où l’attendaient le conseiller juridique de SEDIMA et des habitants de Djilakh, village situé dans la commune de Sindia.
Un déplacement qui a suscité moult commentaires auprès des paysans de Ndengler. D’autant que sous la houlette de leur chef de village, les populations de Djilakh ne cessent de manifester leur soutien à l’homme d’affaires Babacar Ngom. Et ce, au prix de leur vie.
"NOS TERRES, RIEN QUE NOS TERRES, PAS PLUS NI MOINS"
Face aux nombreux villageois venus des quatre coins du Sandock, le témoignage de l'ancien chef de village, Galgor Dione, a ému plus d’un. D’une voix tremblotante, cet octogénaire et chef de village au début de la crise (vers 2012) est revenu sur l'histoire avant de craquer. Après avoir fait la genèse de l’affaire, il a soutenu que le patron de SEDIMA est dépourvu de morale. Babacar Ngom n’a pas d’humanisme. C’est le seul mot qui peut qualifier son geste. Il est sans cœur. Comment un milliardaire comme lui peut-il venir spolier nos terres ? Cette partie du village est une partie de nos vies. Sur ces hectares, on trouve les rares sols qui nous permettent de remplir nos greniers. J’ai vécu ici plus de 80 ans. Mon grand-père y est décédé, mon père aussi. Mais je n'ai jamais entendu une situation aussi catastrophique. Je n'ai plus de mot pour qualifier cet homme d'affaire. Qu'il nous laisse nos terres au nom de Dieu !» tonne-t-il, les larmes aux yeux. Des moments très émouvants qui ont plongé la salle dans un silence de cathédrale.
Très en verve, le jeune Mbaye Diouf a enfoncé le clou lors de son intervention. «Nous préférons nos terres à tout l’argent du monde. La seule solution que nous pouvons attendre du président de la République, c’est que Babacar Ngom nous restitue nos terres. Durant l'hivernage, nous y cultivons et pendant la saison sèche, nous y amenons nos animaux paître. S'il nous prend ce lopin de terre, il nous prend nos âmes. Ce gars veut réduire nos familles à néant. Il veut que nous devenions ses métayers et ses esclaves», peste Mbaye Diouf.
Accusé par les villageois d’être de connivence avec l'homme d'affaires Babacar Ngom, le maire de Ndiaganiao a profité de la rencontre pour se laver à grande eau. Il soutient qu’il a non seulement hérité de ce problème, mais aussi pour chaque projet, il fait des attributions administratives aux paysans avant que le promoteur n’entame des négociations avec les propriétaires terriens. «C’est lors de la campagne électorale qu’on m'a informé de ce problème. J’avais promis de faire de mon mieux pour que ce problème soit résolu. Je ne suis pas fou pour entrer dans certaines manigances. Nous menons tous le même combat, mais chacun avec sa manière et sa stratégie. Aujourd'hui, je lance un appel solennel au préfet pour qu’on fasse la délimitation entre les deux communes», a déclaré le maire de Ndiaganiao, Gana Ngingue.