LES POPULATIONS DE GUET-NDAR FACE A MILLE ET UN MAUX
Avec l’avancée de la mer, beaucoup de familles sont délogées, des établissements scolaires fermés. leur supplice s’est récemment aggravé avec l’expulsion de trois-cent cinquante (350) pêcheurs de la Mauritanie.

La situation est extrêmement difficile à Guet-ndar où les populations font face à une litanie de calvaires sans fin. Avec l’avancée de la mer, beaucoup de familles sont délogées, des établissements scolaires fermés. leur supplice s’est récemment aggravé avec l’expulsion de trois-cent cinquante (350) pêcheurs de la Mauritanie.
La communauté des pêcheurs de Guet-Ndar et de la Langue de barbarie vit un cauchemar sans fin. Dans leur terroir, les jours sombres se suivent et se ressemblent ; et pour cause ! Face à la furie de la mer, beaucoup de concessions ont cédé sous la force des eaux. Des familles entières ont été contraintes de quitter leurs maisons. Les édifices publics, comme les écoles élémentaires Abdoulaye Mbengue Khaly et Cheikh Touré, n’ont pas échappé à l’effet dévastateur du raz de marée qui a démoli les bâtiments. L’école Cheikh Touré fermée Signe de la gravité de la situation : la fermeture de l’école Cheikh Touré de Guet-Ndar.
Après la fermeture de cet établissement, le préfet du département de Saint Louis Mariame Traoré a ordonné celle de l’école maternelle sise dans le même complexe scolaire. L’autorité préfectorale a sorti un arrêté pour fermer également l’école maternelle Cheikh Touré. Avec la forte houle notée à Saint-Louis, les toilettes de cette école se sont effondrées et des pans entiers de l’édifice menaçaient de tomber. Dans le souci de reloger le millier d’élèves que compte l’école, l’Inspecteur de l’Education et de la Formation (Ief) de la commune de Saint-Louis, Cheikh Yaba Diop, a mis en place un plan de redéploiement des élèves dans d’autres écoles de la ville, dans «une démarche concertée avec les parents d’élèves». Ainsi les élèves de la maternelle et des classes de Ci (Cours d’initiation) et de Cp (Cours préparatoire) ont été redéployés dans l’annexe de l’école. Tandis que tous les autres enfants pourront désormais suivre les cours à Léontine Gracianet, Alfred Doods et Ndatté Yalla.
Des établissements situés dans l’île et la Langue de Barbarie. Pour réussir l’intégration des enfants dans ces écoles, le système de l’alternance (certains suivent les cours le matin et d’autres l’après-midi) sera appliqué, de l’avis de l’Ief qui rappelle que l’école Cheikh Touré était l’une des plus belles écoles de Saint-Louis. Depuis plus de 15 ans, elle bénéficie du soutien d’un partenaire français dénommé «Association Fidei» qui y a injecté plus de 100 millions de FCFA. Cet investissement avait permis à l’école de se doter d’une salle informatique équipée d’une trentaine d’ordinateurs portables, d’une bibliothèque avec plus de 10.000 livres, d’une salle de couture pour les élèves en situation difficile et d’autres équipements scolaires. Lors des visites du Président français, Emmanuel Macron et du Grand Duché de Luxembourg, les autorités sénégalaises avaient amené leurs hôtes à l’école Cheikh Touré pour les conscientiser sur le drame de l’avancée de la mer à Saint-Louis. A la dernière présidentielle, les électeurs de ce centre ont voté au quai de pêche.
TROIS-CENT-CINQUANTE PECHEURS EXPULSES
En plus de l’avancée de la mer et de ses effets dévastateurs, les populations de Guet-Ndar vivent un autre drame. En effet trois-cent cinquante (350) pêcheurs originaires de leur quartier viennent d’être expulsés de la Mauritanie. Ce que dénonce Cheikh Sidath Ndiaye, membre du Conseil National du Dialogue Social (Cnds), qui estime que tout est parti d’un décret présidentiel concernant les pêcheurs étrangers. «Nos compatriotes ont été interdits d’exercer la pêche sur les côtes mauritaniennes. Cette interdiction concerne 12 000 étrangers. Ils veulent zéro étranger dans les pirogues», explique-t-il avant d’ajouter :« 350 Guet-ndariens ont été refoulés de la Mauritanie et les autorités sénégalaises sont au courant de la mesure, parce que le même jour, une commission nationale de pêche devrait se rendre en Mauritanie».
LES SYNDICALISTES METTENT EN GARDE
L’expulsion des pêcheurs sénégalais de la Mauritanie est une pilule amère pour le Syndicat des Travailleurs autonomes de la Pêche (Sytap). Par la voix de son secrétaire général, Moustapha Dieng, il s’insurge contre l’attitude des autorités étatiques du Sénégal qui, selon lui, ont laissé les pêcheurs à leur triste sort. Il accuse celles-ci de n’avoir posé aucun acte allant dans le sens de résoudre les problèmes que vivent les professionnels de la pêche. «La Mauritanie n’en est pas à sa première mesure. Il y a deux ans, le gouvernement mauritanien avait refoulé tous les pêcheurs étrangers sans exception. Aujourd’hui, ils nous ont accordé 400 licences de pêche pour 200 embarcations. Donc, en dehors de ces licences, les Mauritaniens veulent que tous les autres pêcheurs quittent leur territoire», peste le sieur Dieng.
A l’en croire, les pêcheurs sénégalais ne peuvent pas rester au Sénégal parce que «rien n’est fait pour eux». Et M. Dieng de poursuivre: «On veut transférer la solution de nos problèmes à la Mauritanie alors que c’est l’Etat du Sénégal qui doit prendre ses responsabilités et régler les problèmes que vivent ses ressortissants. Ce n’est pas à la Mauritanie de régler nos problèmes», martèle le secrétaire général du Sytap, Moustapha Dieng.