LES TRANSPORTS EN COMMUN POUR LA LEVEE DEFINITIVE DU COUVRE-FEU
Le chef de l'Etat a annoncé, lundi dernier 8 mars, dans son discours à la nation, l’allègement du couvre-feu de 0h à 5h du matin dans les régions de Dakar et Thiès.

A la suite des manifestations violentes de ces derniers jours dans le pays, le chef de l’Etat Macky Sall s'est adressé au peuple sénégalais afin d'apaiser la situation. Dans son discours à la nation, le président de la République a décidé d’alléger le couvre-feu lié à l'état de catastrophe sanitaire dans les régions de Dakar et Thiès qui est passé désormais de 0h à 5h du matin. Tout en appréciant positivement cet allégement de la restriction, les acteurs des transports en commun en appellent à lever définitivement le couvre-feu. Reportage!
Le chef de l'Etat a annoncé, lundi dernier 8 mars, dans son discours à la nation, l’allègement du couvre-feu de 0h à 5h du matin dans les régions de Dakar et Thiès. Pour les acteurs des transports en commun privés, cette décision du chef de l’Etat, bien que salutaire, est insensée. Ils veulent la levée définitive du couvre-feu.
Amadou Sarr, chauffeur de taxi trouvé au garage de Liberté 6, est de cet avis : «Pour l'allègement du couvre-feu, on peut dire que c'est intéressent. Mais, pour nous chauffeurs de taxis, on ne voit pas l’importance, très sincèrement. Tout le monde sait que la vie est trop dure en cette période. Avant, si le travail ne marchait pas bien la journée, on attendait le soir pour se rattraper et avoir quoi ramener à la maison. Maintenant, si on nous prive ces heures-là, ça ne nous arrange pas. Pour nous, ça ne change rien. Ce que nous voulons, c'est la levée définitive du couvre-feu, c'est ce que j'attendais du président de la République. Nous, c’est la nuit que notre travail marche. La journée, avec les encombrements de la circulation, rien ne va et les clients n'ont plus d'argent pour payer un taxi. Si vous faites la remarque, presque tous les taxis sont mis en vente parce que leurs propriétaires n'ont plus le choix ; ils ne s'en sortent plus depuis l'arrivée de la maladie à coronavirus. Certains n'ont plus de versements. S'il y'a une panne, ils n'ont pas d'argent pour la réparation. C'est pourquoi ils préfèrent la vente. Ce qu'on gagnait la journée, c'était avec ça qu’on achetait du gasoil. Et la nuit, on travaillait des fois jusqu’à 2h-3h du matin pour parvenir à avoir notre versement. Vous voyez combien c'est dure et nous avons des familles à nourrir. Vraiment la levée du couvre-feu, c'est ce que nous préférons, on ne voit pas son importance», a-t-il relevé.
Au terminus de la ligne 57 des minibus Tata, nous avons trouvé Falou Faye, chauffeur. Lui aussi s’inscrit dans le même sillage qu’Amadou, déclarant que la levée du couvre-feu est mieux pour tout le monde. Mais son allègement de 0h à 5h, «c'est juste mieux que rien parce que le couvre-feu à 21h n'arrangeait personne. Nous on faisait 3 aller-retour et c'était trop difficile, le 3ème, avec les problèmes de circulation. Des fois le véhicule tombe en panne et l'heure du couvre-feu te trouve sur la route avec tes clients. C'était un peu dur. Mais ce qui serait bien pour nous, c'est de nous laisser travailler comme avant le Coronavirus. Nous demandons au président de lever le couvre-feu le plus rapidement possible ; ça ne nous arrange pas du tout et on ne voit pas son importance aussi. A l'heure actuelle rien ne marche surtout dans le transport. Vraiment, qu’il nous aide, on est fatigué».
Pareil pour Cheikh Fall, chauffeur de taxi-clando trouvé au garage des clandos à Liberté 6. «Alléger le couvre-feu, c'est juste bien. Mais nous, on n’attendait pas à ça. Ce qui serait mieux pour nous, c'est de laisser les choses comme avant, au lieu de nous fixer des heures. Ça na pas d'importance. Les gens ne font plus rien au calme, ils sont tout le temps pressés. Et tout ça, c'est à cause du couvre-feu. Et la plupart d'entre nous travaillaient la nuit. Par exemple, moi je venais ici à 12h, je travaillais jusqu'à une certaine heure et je cédais la voiture à quelqu’un d'autre qui pouvait continuer jusqu’à 6h du matin et après il me rendait mon véhicule. Avant, c'est comme ça que je travaillais. Mais maintenant, ce n’est plus possible. C'est dure pour tout le monde, pas les clandos seulement, mais pour tous les transports. Mais les gens ne peuvent pas comprendre ça. Que le chef de L’Etat nous laisse travailler comme on le sent, qu'il lève le couvre-feu. Nous avons nos familles, des enfants à entretenir», a-t-il dit. Par contre, ce conducteur de car-rapide, du nom d’El Hadji Diop, trouve que l’allègement du couvre-feu est une bonne chose pour eux, les chauffeurs de car-rapides. «C'est une bonne chose pour nous les car-rapides. Vraiment, ça peut nous arranger. Avant, on descendait à 20h, mais maintenant, on peut rester jusqu’à 23h et c’est mieux ainsi», a-t-il indiqué.