MALAISE AU TEMPLE DE TEMIS
La famille judiciaire traverse une crise multiforme. Outre la grève du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) et la procédure intentée contre Me el hadji Ayé Boun Malick Diop, magistrats et greffiers se crêpent le chignon.

La famille judiciaire traverse une crise multiforme. Outre la grève du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) et la procédure intentée contre Me el hadji Ayé Boun Malick Diop, magistrats et greffiers se crêpent le chignon. L’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (UNTJ) entre dans la danse et prend la défense du secrétaire général du Sytjust. En réalité, les fonds communs, paraît-il, constituent le soubassement de ce malaise.
La tension est vive au temple du Témis. En plus de la grève des travailleurs de la justice en colère contre la tutelle, les greffiers etles magistrats sont à couteaux tirés. Bien qu’ils partagent le lieu de travail, mais ils ne s’épargnent pas. Ils se lancent des flèches à la moindre occasion. La sortie du Premier Président de la Cour d'Appel de Kaolack, Ousmane Kane déclarant avoir saisi le ministre de la Justice qui a servi une demande d’explication au secrétaire général du Sytjust, Me El hadjiAyaBoun MalickDiop, vient mettre le feuauxpoudres. Lemagistrat estime que si depuis plus de 9 ans, El hadji Aya Boun MalickDiop n'a pas occupé ses fonctions au niveau du tribunal et qu’il est saisi du cas quel que soit le contexte, il est de son devoir de le rappeler à ses obligations.
SEVERE REPLIQUE ME EL HADJI AYA BOUN MALICK DIOP AU MAGISTRAT OUSMANE KANE
Une sortie qui a courroucé Me El hadji Ayé Boun Malick Diop qui bat en brèche les allégations du magistrat preuves à l’appui. «Pourtant, mon affection au Tribunal de Grande Instance de Fatick n'a pas encore fait 9 ans, puisque que j'ai été affecté par arrêté du ministre de la Justice n° 011727 du 28 octobre 2011. Je mets à la disposition de l'opinion publique les copies de deux jugements rendus à l'audience des mineurs du 31 janvier 2014 du TGI de Fatick lors de laquelle j'ai siégé pour le greffe et il y en a d'autres. C'est une preuve que les dires du Sieur Kane sont à mille bornes de la vérité», réplique le secrétaire général du Sytjust avant de tirer à boulets rouges sur le magistrat. «Voilà les travers dans lesquels on tombe lorsqu’un juge de surcroît un Premier Président d'une Cour veut excessivement être dans les bonnes grâces du ministre de la Justice. C'est vraiment dommage pour l'image de la Justice sénégalaise», s’indigne le syndicaliste. Il invite le Premier Président de la Cour d'Appel deKaolack à s'investir davantage dans les affaires de sa juridiction avant de s'intéresser à la situation du syndicaliste qu’il est.
L’UMS DENONCE LES ATTAQUES PERSONNELLES DU SG DU SYTJUST
Les propos du Secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust), Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop sont considérés outrageants à l’endroit de toute la corporation. L’Union des Magistrats du Sénégal (Ums) est sortie de sa réserve pour voler au secours du magistrat Ousmane Kane et rabattre le caquet à Me El Hadji Ayé Boun Malick Diop.
Le Bureau exécutif de l’Ums condamne les attaques contre le magistrat par le greffier. «Dans une sortie faite dans la presse, Me Ayé Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust, réagissant à la demande d'explication qui lui a été servie par le président duTribunal de Grande Instance de Fatick pour abandon de poste, s’est livré à des attaques personnelles contre ce dernier et le Premier président de la Cour d'appel de Kaolack, qu'il accuse d'être instrumentalisés par le ministère de la Justice», dénoncent les magistrats.
Fustigeant fermement ces attaques dirigées contre des chefs de service «qui n'ont fait que se conformer à leurs obligations professionnelles», l’Union des Magistrats du Sénégal conforte le ministre de la Justice dans sa procédure enclenchée contre le secrétaire général du Sytjust. Toutefois, le Juge Souleymane Teliko et ses camarades font montre de leur disponibilité pour une solution heureuse face aux perturbations nées de la grève du Sytjust. Mieux, les magistrats souhaitent que les bonnes relations entre membres de la famille judiciaire soient préservées. Ala suite de cela, ils invitent le secrétaire général du Sytjust à éviter de personnaliser le débat et, s'il a des objections à faire, à user des voies légales prévues en la matière.
L’UNTJ PREND LA DEFENSE DE ME EL HADJI AYE BOUN MALICK DIOP
D’ailleurs, la procédure intentée contre Me Ayé Boun Malick Diop est en train de rapprocher les deux syndicats de la justice qui se regardaient en chiens de faïence. Les membres de l’instance dirigeante de l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj) prennent la défense de leur collègue. «L’Untj invite le garde des Sceaux à surseoir la procédure initiée contre le Secrétaire Général du Sytjust et à œuvrer pour une satisfaction des revendications qui ne font l’objet d’aucune difficulté pour apaiser le climat social, notamment le paiement des primes. Et elle précise qu’elle ne saurait jamais cautionner qu’un travailleur exerçant son droit de grève soit sanctionné sous quel que prétexte que ce soit», lit-on dans un déclaration du syndicat.
Le secrétaire général de l’Untj déplore par la même occasion le relèvement de ses fonctions du conseiller technique du greffe. Me Atab Goudiaby tient à préciser que même si son syndicat n’est pas en grève pour des questions de principe et de contexte peu favorable, il fait siennes les revendications du Sytjust pour lesquelles il s’est toujours battue. A l’instar de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums), l’Untj est prête à faire une offre de propositions pertinentes pour des pistes de sortie de crise.Elle a par ailleurs dénoncé le recours au greffier ad hoc. Me Goudiaby réitère la détermination de son syndicat pour la défense des intérêts matériels et moraux de tous les travailleurs de la justice.
LES FONDS COMMUNS A L’ORIGINE DU DESAMOUR ENTRE MAGISTRATS ET GREFFIERS
Par ailleurs, Me Atab Goudiaby attire l’attention du ministre de la Justice sur les conséquences fâcheuses qui découleront, à coup sûr, d’un rallongement indu de la liste des bénéficiaires du fonds commun précaire des greffes. D’ailleurs, la procédure intentée contre Me Ayé Boun Diop n’est que révélatrice du malaise au sein de la famille judiciaire. Au delà de cette affaire, semble-t-il, ce sont les fonds communs de la justice qui divisent magistrats et greffiers. Le Président de la République avait abrogé le décret accordant des fonds communs aux magistrats. En compensation aux pertes (Ndlr, Environ 900 mille/3mois) engendrées par cette décision, le chef de l’Etat a défiscalisé l’indemnité de judicature qui est revenue à 800.000 Fcfa au lieu de 400.000 Fcfa.
Loin d’abdiquer, Teliko et Cie ont repris la revendication. Ainsi, les greffiers soupçonnent les magistrats d’être à l’origine du blocage de la publication du décret au Journal Officiel des décrets n° 2018 - 2259 du 14 décembre 2018, n° 2018 - 2260 du 14 décembre 2018 et n° 2018 – 2261 du 14 décembre 2018 portant sur les fonds communs. A les en croire, les magistrats souhaitent le retrait du décret adopté en réunion de conseil des ministres afin qu’il soit élargi aux magistrats. Car, dès que le décret est publié au Journal Officiel, les fonds communs des greffiers deviennent un acquis et les magistrats seront zappés.