PROCÈS POUR APOLOGIE DE TERRORISME, MAMADOU DIAOU ENCOURT 5 ANS DE PRISON
La Chambre criminelle, siégeant en formation spéciale, du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar a ouvert hier, mercredi 17 mars, le procès des dossiers sur le terrorisme

Le français Mamadou Diaou risque 5 ans de prison. Le Procureur a demandé l’application de cette peine à son encontre, en plus d’une amende d’un million de francs CFA et la confiscation de son téléphone. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs et apologie du terrorisme.
La Chambre criminelle, siégeant en formation spéciale, du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar a ouvert hier, mercredi 17 mars, le procès des dossiers sur le terrorisme. Pour ces audiences qui vont se dérouler jusqu’au 9 avril, le ressortissant français Mamadou Diaou, a été le premier à comparaitre. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs et apologie du terrorisme. Il risque 5 ans de prison, en plus d’une amende d’un million de francs CFA, si toutefois, le président du Tribunal suit le réquisitoire du parquet qui a demandé cette sanction, en plus de la confiscation du téléphone de l’accusé.
A la barre, le prévenu, âgé seulement de 22 ans, a nié les faits qui lui sont reprochés. «J’avais pris un mois de congés et je suis venu au Sénégal, juste par curiosité, sur invitation de Ibrahima Ndiaye que j’ai connu sur Facebook. Je devais visiter Dakar, l’Ile de Gorée. Je ne suis pas venu ici pour faire quoi que ce soit et je n’ai jamais été tenté par le jihadisme», a dit Mamadou Diaou. Interpellé sur les 66 vidéos découvertes dans son téléphone, l’accusé a soutenu les avoir visionnées pour s’informer. «Je ne savais pas que je pourrais avoir des ennuis avec ces vidéos», a-t-il ajouté. Cependant, d’après la lecture de l’ordonnance de renvoi et les éléments abordés à la barre, c’est en août 2016 que l’accusé a été arrêté à l’aéroport, à sa descente d’avion, grâce à un signalement de la base de données de Sécuriport. Il est ainsi présenté comme un individu dangereux, désirant se rendre dans les zones jihadistes.
Selon les éléments de l’enquête, la fouille faite sur sa personne a permis de découvrir la somme de 170 euros (111.350 francs CFA), un passeport ordinaire délivré parla mairie de Saint-Brieuc et un téléphone portable. En outre, les enquêteurs disent aussi avoir trouvé des images et des vidéos dont certaines montrent des jihadistes sur des théâtres d’opération et d’autres combattants, appelant à combattre les ennemis de l’Islam. De même, les enquêteurs soutiennent aussi avoir découvert que l’accusé communiquait avec un certain Ibrahima Ndiaye.
Mieux, ajoutent-ils, c’est ce dernier qui l’avait invité au Sénégal, afin qu’il lui facilite son voyage vers la Syrie, l’Irak ou la Lybie. Selon toujours le contenu de l’enquête préliminaire, Mamadou Diaou avait soutenu que son objectif principal était de quitter la France qu’il qualifiait de pays de «mécréants» et d’effectuer la «hijra» vers des pays musulmans où s’appliquait la «charia». Cette version de l’enquête a été remise en cause par le prévenu. Il dit n’avoir aucunement l’intention de rejoindre le camp des djihadistes.
A l’en croire, il n’a pas appris le Coran, mais respecte les 5 piliers de l’Islam. A la question de savoir s’il connait ce qui est le djihad, il a répondu : «ce sont les efforts personnels qu’il faut accomplir dans la religion pour obtenir la bénédiction de Dieu». Interrogé sur son voyage au Sénégal, à l’insu de ses parents, alors qu’il n’avait que 18 ans, il rétorque : «j’avais 18 ans et le droit de voyager seul partout où je veux». L’avocat de la défense a plaidé la clémence. Il a indiqué que son client est un jeune inconscient. Le délibéré est prévu pour le 29 avril prochain.
A signaler que les audiences pour apologie du terrorisme vont se poursuivre la semaine prochaine. Les accusés poursuivis dans le cadre de l’attentat terroriste de Grand Bassam, en Côte d’Ivoire, feront face au juge, mardi prochain.