METOO VERSION SENEGALAISE : QUEL DANGER POUR LA SOCIETE ?
Nouvelle tendance des célébrités : Se confesser sur les violences conjugales subies. Le Sénégal est en train de connaître de profondes manifestations sur le plan social.

Nouvelle tendance des célébrités : Se confesser sur les violences conjugales subies. Le Sénégal est en train de connaître de profondes manifestations sur le plan social. Les femmes montent de plus en plus au créneau pour dénoncer les violences subies dans leurs couples. Ce phénomène, tout en permettant de mettre en exergue ce fléau, ne risque-t-il pas de déstructurer le rapport homme-femme au Sénégal ?
La vidéo de la chanteuse Ndaxté Lo vilipendant son mari Mario Mbaye par rapport aux violences subies dans son couple a été virale ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Mais loin d'être anecdotiques, ces «confidences» de la chanteuse sur sa vie privée confirment la propension notée ces dernières semaines chez certaines femmes connues dans l'espace politique à «libérer» leur parole pour mettre en exergue les difficultés vécues dans leurs ménages respectifs. Et cela subodore un «MeToo» version sénégalaise. Les femmes sénégalaises, avec cette nouvelle tendance médiatique, font fi de plus en plus de certaines normes sociales. En effet, en 2006, Tarana Burke, une travailleuse sociale originaire de Harlem, lance une campagne de soutien aux victimes d’agressions sexuelles dans les quartiers défavorisés.
Pour appuyer sur l’empathie et la solidarité, elle choisit un nom très court à cette initiative : «MeToo» («moi aussi»). Onze ans plus tard, en 2017, il a trouvé une nouvelle plateforme sociale après le tweet de l'actrice américaine Alyssa Milano appelant les femmes à parler de leur expérience de harcèlement et d'agression sexuels. Milano a été en effet l'une des premières femmes à accuser le magnat d'Hollywood Harvey Weinstein d'agression et de harcèlement sexuels. Ce mouve[1]ment MeToo a été aussi le début d'une longue liste de dénonciations faites par des personnalités féminines connues dans le monde.
Au Sénégal, cette latitude qu'ont certaines célébrités à parler de leurs vies privées est visiblement une vraie révolution dans nos mœurs. Foncièrement religieux et profondément ancré dans des valeurs socio-culturelles, le modèle social sénégalais faisait de la pudeur féminine une vertu in[1]dépassable. La «bonne» femme est celle qui se tait et endure en silence. Mais visiblement, la nouvelle génération ne croit plus au tabou et refuse de courber l'échine devant l'homme dans la vie de couple. Et cette forme de misogynie attribuée à tort ou à raison à l'homme sénégalais est une contrainte sociale que les femmes n'acceptent plus. Dans un contexte mondial de lutte contre les harcèlements sexuels et les violences faites aux femmes, les femmes sénégalaises ont décidé apparemment de s'aligner sur cette nouvelle tendance.
Toutefois, s'il est vrai qu'aucune société ne doit tolérer ces formes de violences, force est d'interroger sur l'impact à long terme de cette nouvelle tendance sur l'évolution de la société sénégalaise. Cette nouvelle donne est-elle positive ou négative sur la vie sociale ? Est-ce que cette libération de la parole de femme au Sénégal n'est pas l'arbre qui cache la forêt de défis qui attendent les féministes sur l'autonomisation des femmes ?Ou au contraire, est-ce un bon moyen de mettre la pression sur certains maris «véreux » ?
La réponse n'est pas évidente. Ce qui est sûr, c'est qu'avec le phénomène des ré[1]seaux sociaux et la dramatisation qui accompagne parfois ces «confidences», son influence sur la jeune génération est réelle. Depuis cette sortie de Ndaxté Lo, ce qu'on lit sur les statuts de certaines femmes comme «Mariage dou projet», «Dieukeur dou ambition» montre à quel point le Sénégal est à la croisée des chemins sur ce plan. Il est très tôt peut-être d'évaluer les résultats de ces bouleversements, mais le rapport homme-femme change dans ce pays