«NOUS SOMMES TESTES DANS NOTRE FOI PAR CETTE EPIDEMIE DE COVID-19»
Pour serigne Khadim Lo Gaydel, les croyants sont testés dans leur foi par la Covid-19.

La pandémie du coronavirus qui fait des ravages dans le monde, poursuit sa progression inquiétante au Sénégal. Raison pour laquelle, elle a figuré en bonne place dans les différents sermons des imams, à l’occasion de la prière des deux rakkas de la tabaski. Pour serigne Khadim Lo Gaydel, les croyants sont testés dans leur foi par la Covid-19.
Le rythme de propagation de la pandémie du coronavirus est inquiétant à Thiès, qui constitue la deuxième région la plus touchée, après Dakar. A la date du 3 août 2020, le district sanitaire de Thiès comptabilisait 362 cas testés positifs dont 263 guéris, 16 décédés, 6 perdus de vue, 4 évacués dans des Centres de traitement Epidémiques (CTE) hors du district et finalement décédés. En plus de cela, 30 patients sont suivis à domicile et 42 actuellement sous traitement au niveau des C.T.E. dont 13 au Centre Hospitalier Régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, 25 à la base militaire, 1 à Diamniadio et 3 à Dakar.
Pour la même période, la région totalise 1.021 cas positifs dont 663 guéris, 33 décès, 244 patients encore sous traitement. C’est pourquoi, cette question a occupé une bonne place dans les sermons des Imams, lors de la prière de tabaski.
A Touba Baghdâd à Thiès, Serigne Khadim Lô Gaydel a fortement insisté sur cette question dans son message lancé aux talibés. «Face à cette épreuve de foi qui lui demanda de sacrifier son fils, le prophète Abraham demeura stoïque, comme s’il avait compris de bonne heure, que les tests sont au demeurant une clause intégrale du contrat de dévotion, que tout un chacun signa avant son exil sur terre», a d’emblée indiqué le marabout qui pense que «épreuve» sous-entend la souffrance et les peines. «Alors serions-nous tentés de conclure que nous sommes testés dans notre foi par cette épidémie de Covid-19», se demande-t-il. Toutefois, il rappelle l’histoire du monde est jalonnée de pandémies, des dix plaies de l’Egypte ancienne à l’épidémie de la peste du 19e siècle. «Mais pour le croyant sincère, cet épisode sert de prime abord comme un avertissement».
Selon Serigne Khadim Lo Gaydel, la pandémie de la Covid19 correspond à un contexte de corruption du monde jamais égalée, pour la simple raison que dans une course folle pour amasser les biens, on semble reléguer au second rang la notion de Dieu et d’adoration. «De cette crise identitaire au niveau personnel, découle une crise des sociétés que le virus a fini d’exposer. La pandémie du coronavirus est venue révéler de manière éloquente la somme de faillites des systèmes de pensée modernes, et avec elles les conséquences de certaines politiques économiques. C’est aussi la banqueroute d’une certaine vision du monde toujours plus orientée vers le profit, plutôt que le bienêtre social.
Ainsi, la pandémie ouvre d’une manière béante, les inégalités criantes du monde actuel et soudainement, elle prive de besoins humains fondamentaux en plaçant des millions de personnes devant le risque d’une perte d’accès à leurs moyens de subsistance». Le chef religieux pense que le système économique basé sur la concurrence et la recherche du profit coûte que coûte, l’une et l’autre garanties par de puissants Etats, s’est montré incapable de faire face de manière sereine à un choc de santé publique. «Autrement dit, l’urgence sanitaire liée à la Covid-19 s’est rapidement transformée en une crise située au cœur même de l’économie mondiale. Elle a modifié le pseudo équilibre entre Etat et marché, confirmant une fois de plus la vacuité d’un capitalisme à outrance».
A ses yeux, l’organisation sociale s’avérant dysfonctionnelle, la question que le musulman doit se poser est de savoir, que faire alors devant cette situation. Comme pour répondre à sa propre question, il affirme qu’à un niveau personnel, il convient de se référer aux mots de la tradition. «A un niveau plus global il est certain que la pandémie a montré les faiblesses des systèmes en cours. Un renouveau mondial s’impose.
A ce sujet, la question de la réorganisation sociétale se pose avec acuité. Ceci n’est pas seulement dans l’intérêt du travailleur mais de l’homme tout court cherchant la félicité des deux mondes. La vie sur cette terre se résume en l’adoration de Dieu et non le profit», poursuit-il. Il a par ailleurs appelé les fidèles à éviter d’être avares, car dans des moments pareils, les charités peuvent protéger des épreuves et tribulations du monde. C’est ainsi qu’il a exhorté tout le monde à respecter les mesures sanitaires de distanciation et du port obligatoire du masque.