«PENDANT QU’IL ENCORE TEMPS, EFFORÇONS-NOUS DE LIMITER LES DEGATS»
La tension sociopolitique au Sénégal préoccupe le clergé catholique.

Dans une déclaration, suite aux manifestations violentes enregistrées sur toute l’étendue du territoire national, les Evêque de la Province Ecclésiastique de Dakar «appellent à l’effort de limiter les dégâts et même d’arrêter pendant qu’il est encore temps».
La tension sociopolitique au Sénégal préoccupe le clergé catholique. Dans une déclaration parvenue à notre Rédaction hier, lundi 8 mars 2021, les Evêques de la Province Ecclésiastique de Dakar notent : «Comme pasteur de son peuple, Dieu nous appelle aussi à assumer nos responsabilités morales et spirituelles dans la vie de notre nation. Or, ces événements graves qui secouent actuellement notre pays, dans le contexte de pandémie de la Covid-19, ont montré comment nous pouvions basculer dans une violence aveugle, susceptible de menacer notre cohésion sociale, si nous nous laissons dominer par nos passions et nos intérêts personnels», préviennent les Evêques de la Province Ecclésiastique de Dakar.
Et de poursuivre : «c’est pourquoi, nous Evêques du Sénégal, après avoir suivi, non sans inquiétude, ces événements, avons estimé de notre devoir, dans l’exercice de la responsabilité pastorale qui est la nôtre, de prendre la parole pour exhorter tous nos chers compatriotes, à tous les niveaux, à faire preuve de raison, de sagesse et de civisme, dans l’intérêt supérieur de notre nation». Mieux, l’Eglise fera savoir que la tentative de la violence, tapie en chacun de nous, peut prendre différentes formes : «de la violence verbale qui embrasse et attise le feu, à la violence physique qui blesse et tue, jusqu’à la violence immorale qui dévie les intelligences et manipule les consciences», lit-on dans le document.
Les religieux n’ont pas manqué d’appeler à l’introspection et au sens des responsabilités de chacun et de tous. «C’est ainsi qu’à la suite du fait social dont la presse a rendu compte, à travers divers organes, notre pays est entré dans une spirale de violence qui témoigne d’une crise profonde au sein de notre société sénégalaise. Mais cette crise n’est-elle pas un miroir de ce qui se tapie ou de ce qui sommeille en nous ? Ne nous appelle-t-elle pas alors à mesurer nos responsabilités et à nous ressaisir, nous tous, et à tous les niveaux, du sommet de l’Etat au citoyen, en passant par toutes les institutions étatiques, les structures économiques, sociales, culturelles, religieuses, au nom de la vie humaine et du Bien commun».
Aussi les Evêques engagent-t-il à faire l’effort pour limiter et arrêter les dégâts. «Pendant qu’il encore temps, efforçons-nous de limiter les dégâts, et même de les arrêter. Arrêtons l’engrenage de la violence ! Nous le pouvons et nous devons, non seulement en défendant nos droits, mais aussi en assumant nos devoirs, pour asseoir les conditions idoines d’un meilleur vivre ensemble. Privilégions le dialogue qui n’est possible que dans un climat de paix et de sérénité».
Avant d’exhorter tous et chacun à faire cause commune, pour sauver notre nation. «Tous : gouverneur, Forces de défense et de sécurité, manifestants, acteurs et partis politiques, chefs religieux, société civile, parents, simples citoyens. C’est possible, et nous le devons au Créateur, auquel nous croyons, qui attend de nous tous un engagement sincère et vrai, en vue du bien de tous. Nous le devons aussi aux jeunes générations qui attendent de leurs ainés d’hériter des idéaux de vérité, de droiture, de justice, d’entente et de paix, comme un précieux patrimoine reçu de nos ancêtres».