PLUIE D’HOMMAGES ELOGIEUX SUR MANSOUR KAMA
A la levée du corps de cet acteur majeur du secteur privé national, c’est un monde fou qui a investi la morgue de l’hôpital Principal de Dakar.

La faucheuse a arraché, dimanche dernier, l’un des « baobabs » du secteur privé national. Il s’agit de Mansour Kama, le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES). Hier, à la levée du corps de cet acteur majeur du secteur privé national, c’est un monde fou qui a investi la morgue de l’hôpital Principal de Dakar. Ses collègues du patronat, les syndicalistes, représentant des travailleurs, ses parents et ami ainsi que des citoyens ordinaires et chefs religieux, sans compter des membres du gouvernement, ont rendu un vibrant hommage au défunt Mansour Kama..
À 9 heures déjà, la cour jouxtant la morgue de l’hôpital Principal était plein comme un œuf. sous une forte chaleur, de nombreux amis, parents, des autorités, des personnalités de tous les secteurs de la vie nationale mais aussi des citoyens anonymes étaient là attendant tranquillement la levée du corps de la grande figure du secteur privé national qui s’est éteinte. Les gens étaient entassés comme des sardines. Les habits étaient complètement mouillés à cause de la forte chaleur et de la forte présence humaine qui faisait que les gestes barrières ne pouvaient pas être respectés.
La masse humaine était tellement compacte que certains ont dû sortir pour avoir un bol d’air et ne pas être étouffés. Sur le visage de toutes les personnes présentes, la tristesse était visible. Juste sorti de la morgue, mine triste, le bouillant syndicaliste Mademba Sock raconte les moments de malentendus qu’il a eus avec le défunt qui était, selon lui, un homme de rigueur et de principes. « Mansour était un ami personnel. Nous avions eu des idées différentes et des malentendus parce qu’il défendait le patronat et moi les travailleurs. Mais notre amitié est restée intacte parce qu’elle date de plus de 30 ans. Nous étions toujours ensemble.
Son frère, Babacar, lui disait toujours que vous êtes inconciliables quand vous êtes en négociations et vous vous battez, et en dehors vous êtes des amis. Je crois que j’ai gardé des souvenirs d’un homme d’engagement, gardant toujours le sourire malgré nos contradictions que nous gérions ensemble. C’était un homme d’exception qui était très famille. Quand il a perdu son épouse, Fama Sow, avec qui nous partagions des moments de fraternité, de même que son frère, il avait dit que c’était le décret divin et il l’avait accepté. Et aujourd’hui, je suis sûr que là où il est, il pense que c’est le décret divin qui est tombé. Que Dieu l’accueille en Son paradis céleste, éternel. Parce que Mansour, c’était un homme de bien qui n’a fait que du bien », a témoigné Mademba sock. Yeux rouges, marchant à pas feutrés, sûrement affecté par cette mort brutale, le président du Conseil national du Patronat (CNP), Baïdy AGNE, a lui aussi évoqué son ami parti à jamais. M. agne avait du mal à sortir des mots pour rendre hommage à celui qui fut son tandem en même temps que son rival et promet de un hommage grandiose à l’homme en temps utile.
Baïdy Agne « Le secteur privé national rendra un grand hommage à Mansour Kama »
« Je présente mes sincères condoléances à ses enfants, à toute sa famille, au secteur privé sénégalais et, au-delà, à tous les Sénégalais. Parce que l’engagement de Mansour Kama pour le secteur privé et les Sénégalais était incontestable. C’était un homme courageux, d’une détermination exceptionnelle. Un homme de parole qui tenait ses promesses. Il avait le talent et c’était aussi un homme de valeurs. Son engagement pour le Sénégal est connu et reconnu par tout le monde. Le secteur privé fera un grand hommage à cet homme d’une dimension exceptionnelle qui a tout donné pour son pays. Qu’Allah l’accueille dans Son paradis céleste. Amine », a confié le président du syndicat des Entreprises de Manutention des Ports du sénégal (sEMPOs), M. agne. Debout, la main sous le menton, le directeur général de l’aprosi, Momath ba, a indiqué que c’est le sénégal qui a perdu un digne fils, un patriote de l’économie. « Le Sénégal vient de perdre un de ses plus dignes fils.
Après son frère Babacar Kama qui a été connu pour avoir œuvré à l’édification des ICS, Mansour avait bien repris le flambeau. Il a vraiment travaillé pour l’économie nationale. C’était un patriote économique. Mansour était quelqu’un de très engagé. Le Sénégal vient de perdre un digne fils qui va marquer bien évidemment l’itinéraire économique du pays. Mais je pense que c’est ça aussi la vie. On prie pour lui et son frère afin qu’ils se retrouvent ensemble au paradis », a lancé l’homme qui gère le domaine industriel de Diamniadio. Les syndicalistes n’ont pas été en reste pour apporter leur part de témoignages sur le défunt.
Selon le secrétaire général adjoint de la Cnts, Lamine Fall, feu Mansour Kama était un souteneur des travailleurs. « Mansour Kama a toujours soutenu les travailleurs. A chaque fois que les choses devenaient difficiles, Baidy Agne et lui parlaient au ministre et aux secrétaires généraux des organisations pour trouver des solutions. La dernière fut l’augmentation des salaires de 2019. Mansour était un homme d’une générosité légendaire qui a marqué son temps dans le monde de l’entreprise et celui du travail. Il est une de nos icônes du monde du travail. Il a dirigé la CNES, une grande organisation d’employeurs. Il était un homme qui a toujours su trouver des solutions. Et de ce point de vue, il a été toujours quelqu’un qui comptait pour nous. C’est pour toutes ces raisons que nous sommes là pour prier pour le repos de son âme », a confié le numéro deux de la centrale syndicale la plus représentative de notre pays. Le patron de la société de location de voitures Hertz et des hôtels Fleur de Lys, également vice-président du Conseil national du Patronat (CNP), Aimé Sène, a rappelé les risques majeurs que Mansour avait pris en participant aux assises nationales, un conclave qui était vu d’un très mauvais œil par le président de la République de l’époque, Me Abdoulaye Wade.
« Mansour avait participé aux assises nationales alors que le régime de Wade n’était pas d’accord »
« Nous sommes réunis ici à la levée du corps de notre frère Mansour Kama. Voilà un digne fils du Sénégal qui s’est engagé dans l’économie très tôt et qui a joué sa partition. Personne ne peut douter de ce qu’il a fait pour le Sénégal dans les entreprises, dans les organisations patronales où il a été un des présidents de la plus ancienne organisation patronale. On a perdu un homme pondéré, un homme de défis, de devoir, un homme téméraire, franc, honnête. Même si c’était difficile, il n’hésitait pas à dire ce qu’il pensait et à s’engager. On se rappelle lors des Assises nationales qui se sont passées il y a 7 ou 8 ans, alors que ceux qui participaient à ces assises étaient presque (considérés, Ndlr) comme des maudits, parce que le pouvoir ne voyait pas d’un bon œil ces Assises à l’époque. Wade n’était pas pour ces assises mais Mansour s’était engagé et a apporté son soutien et toute sa clairvoyance à ce grand rassemblement. C’est un homme pieux, bon et humble qui est parti. Un homme qui avait toujours le verbe correct, le port élégant et avait le comportement des meilleurs », a magnifié Aimé Sène. Une autre figure du secteur privé, le PCa de l’institut de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres), Mamadou Racine Sy, a souligné que Mansour a été dans tous les combats pour un secteur privé fort.
RACINE SY PCA DE L’IPRES : « Mansour Kama restera pour nous un monument qui a consacré toute sa vie à l’émergence d’un secteur privé national très fort »
« Nous saluons la mémoire d’une grande icône du patronat sénégalais, en l’occurrence Mansour Kama. Nous saluons respectueusement sa mémoire. Mansour Kama restera pour nous un monument qui a consacré toute sa vie à l’émergence d’un secteur privé national très fort. Il a été un des apôtres de la préférence nationale. Il a toujours défendu le secteur privé national en tous lieux et en toutes circonstances. Pour nous, c’était un ami et un frère, c’est pour cela que nous avons tenu à être là pour marquer par notre présence tout l’attachement que nous avions pour sa personne. Je dois également présenter nos condoléances au nom de l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES). Comme vous le savez, à travers ses organes délibérants, le président Mansour Kama nous a toujours enrichis de ses conseils et de ses orientations dans le cadre de fonctionnement de notre institution », a témoigné Mamadou Racine sy.
Le Pds du king Fahd Palace a poursuivi en indiquant que le défunt était un homme courageux qui a œuvré pour l’émergence du secteur privé national durant toute sa vie. « Nous le côtoyons depuis de longues années et je peux vous assurer que nos relations sont empreintes d’amitié, de fraternité et de cordialité. C’est pourquoi, aujourd’hui, c’est tout le patronat sénégalais qui est en deuil. Je tiens à dire toute l’estime et le respect que nous avons pour l’œuvre accomplie par le président Mansour Kama…Nous étions sur un grand chantier, malheureusement on ne peut lutter contre Dieu. Mais nous garderons des souvenirs impérissables d’un homme sympathique qui a consacré sa vie à l’émergence d’un secteur privé national fort. Je pense que des voix plus autorisées que la mienne, notamment celle de Baidy Agne, pourront témoigner également de l’apport inestimable du président Mansour Kama dans le secteur privé national. Au-delà du secteur privé national, Mansour Kama était un homme multidimensionnel. Il a joué un rôle au niveau du Dialogue national, au sein des Assises nationales. Je pourrai dire qu’il a été dans tous les combats pour un secteur privé national fort et respecté. Il faut reconnaitre cela au président Mansour Kama. C’est pourquoi, nous nous inclinons tous, toutes organisations patronales confondues, devant sa mémoire », a déclarée devant une assistance recueillie Mamadou Racine sy.
L’hommage de Boun Abdallah Dionne
Les hommes politiques aussi étaient de la partie. L’ancien Premier ministre et actuel ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Mahammad boun abdallah Dionne, a indiqué que Mansour restera éternel pour le secteur privé. « Personne ne peut écrire l’histoire économique du pays sans Mansour Kama. Il était l’homme du dialogue social par excellence... C’est un homme qui a touché tous les secteurs », a loué le secrétaire général de la présidence de la République, M. Dionne. a la levée du corps d’hier, on pouvait aussi noter la présence effective des ministres des Finances, abdoulaye Daouda Diallo, de l’Eau et de l’assainissement serigne Mbaye Thiam, de la Formation professionnelle et de l’Enseignent technique, Dame Diop et tant d’autres… Une cérémonie marquée par une profonde tristesse, des larmes, des soupirs… Et durant laquelle, régulièrement, le nom de Dieu était invoqué. Dieu qui donne la vie et la reprend sans demander l’avis de quiconque…