PLUS DE 80 EMIGRES PORTES DISPARUS EN MER
Alors que la résurgence du phénomène «Barsa wala basak» continue de drainer son lot de morts, une nouvelle vague de consternation a encore frappé hier les habitants de Thiaroye

Alors que la résurgence du phénomène «Barsa wala basak» continue de drainer son lot de morts, une nouvelle vague de consternation a encore frappé hier les habitants de Thiaroye. Avec à son bord plus de 80 personnes dont plusieurs femmes et enfants, une pirogue, qui a pris départ à Kayar, est portée disparu.
Au quartier Fayenne de Thiaroye, des familles entières sont actuellement plongées dans une atmosphère de deuil. Depuis hier, la nouvelle de la disparition en mer d’une pirogue qui avait à son bord plus de 80 migrants dont 30 jeunes issus de ce bourg de la banlieue de Dakar, a fait l’effet d’une bombe chez les parents concernés. Selon des informations reçues par Bés bi sur la situation, il ressort que l’embarcation de fortune en question a pris départ aux larges de Kayar. Lourdement chargée, ce jour-là, la pirogue, qui avait pris la direction des côtes espagnoles, n’est toujours pas arrivée à destination. Et comme signe d’un probable chavirement, les familles des «victimes» ont perdu tout espoir de survie des siens lorsqu’une précédente embarcation, ayant quitté le même lieu, a signalé son arrivée.
«Mon frère est parti avec sa femme et deux de ses fils»
Habitante de Thiaroye et sœur d’un des migrants disparus, Ndèye Fatou Gueye, au bord des larmes, n’en revient toujours pas. «La pirogue est partie le 6 octobre dernier. Mon frère Dramane était à bord. Il est parti avec sa femme et deux de ses enfants. C’est après leur départ que la famille s’est rendue compte de leur voyage. Depuis lors, nous sommes tous dans l’inquiétude totale. Pire, hier seulement (samedi), d’autres jeunes du quartier, qui avaient pris la même voie, nous ont fait savoir que la pirogue de Dramane et Cie n’a pas été aperçue en Espagne», pleure la dame au bout du fil. Président de l’Ong Horizon sans frontières (Hsf), Boubacar Seye, qui a tiré la sonnette d’alarme dès les premières heures de cette disparition, s’est montré pessimiste sur la situation. «Selon les renseignements à notre disposition, ils étaient partis de Kayar, il y a 17 jours. C’est pourquoi, les chances de les retrouver en vie sont extrêmement minimes. Même si on ne peut le dire, pour le moment, à leurs familles. Mais le plus alarmant dans cette affaire, c’est que la majeure partie des migrants à bord de cette pirogue sont des femmes. Certaines d’entre elles sont avec leurs enfants. Les autorités espagnoles viennent même de me demander des explications sur cette pléthore de femmes qu’elles retrouvent parmi les migrants. Mais la réponse est simple : les femmes sont plus touchées par la pauvreté», a-t-il expliqué.