L’ARMEE PATROUILLE DANS LES RUES DE DAKAR
Pour faire respecter l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu dont le but est d’éviter la propagation du redoutable ennemi invisible qu’est le coronavirus, l’Etat a mis en place un dispositif sécuritaire exceptionnel.

Pour faire respecter l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu dont le but est d’éviter la propagation du redoutable ennemi invisible qu’est le coronavirus, l’Etat a mis en place un dispositif sécuritaire exceptionnel. Un dispositif constitué non seulement de policiers et de gendarmes mais aussi…de soldats de l’Armée nationale ! Ce qui explique la présence de ces soldats dans les rues de Dakar pour des patrouilles nocturnes. En réalité, d’ailleurs, c’est sur l’ensemble du territoire national que des militaires sont déployés pour renforcer les policiers et gendarmes dont la mission consiste à veiller sur l'application du couvre-feu (20h00-06h00). « Le Témoin » est justement tombé sur un check-point de l’Armée à hauteur du rond-point Jet-d’Eau de la Sicap…
Dakar, mardi 14 avril 2020. Comme tous les jours en cette période d’état urgence suivi de couvre-feu, la capitale est transformée en ville fantôme. Ce dès 20 heures ! Cet environnement sinistre et effrayant nous fait imaginer la planète « Mars » n’abritant aucun être humain.
Pourtant, nous sommes bel et bien sur la terre des hommes. Et précisément dans le célèbre quartier de Grand-Dakar que nous avons traversé par les deux voies de « Niary-Tally ». Il est 03 heures et on venait de quitter le siège du journal après une nuit de bouclage. Soudain, nous tombons sur un véhicule blindé de l’Armée coupant la route à hauteur du rond-point Jet-d’eau de la Sicap.
C’est un check-point de l’Armée opposé ou complémentaire à celui de la Police dressé de l’autre coté de l’avenue Bourguiba. « Bonjour monsieur ! Soldat de 1e classe T. Nd… » se présente un élément de ce « check-point » en tenue de camouflage. Puis, il nous demande « Svp, faites voir vos laissez-passer ! » dit-il d’une voix peu audible à cause de son masque. Pendant ce temps, quelque quatre soldats, mitraillettes en bandoulière, veillent au grain. Nos « laissez-passer » entraînent l’ouverture des barrières tout en nous extirpant du champ militarisé où des soldats semblent déterminés à faire respecter le couvre-feu dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété par le président de la République.
Après s’être renseigné le lendemain, votre serviteur a appris que le check-point sur lequel il était tombé la veille était tenu par des éléments de Bataillon des blindés. On a dit qu’à Dakar, le commandant de la zone militaire N°1 engage quotidiennement un important dispositif de forces pour établir des postes de contrôle et conduire des patrouilles. Ce aussi bien à Dakar-Plateau qu’à GrandDakar, dans les Sicap, à Ouakam, Hann, Hlm, Médina etc. Presque partout, le même dispositif est déployé de même qu’au niveau de la banlieue dakaroise à savoir Pikine, Guédiawaye, les Parcelles-assainies ou encore Thiaroye. Là, ce sont des éléments du Bataillon des parachutistes — le fameux Bat-Paras — qui effectuent les contrôles
A Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor…
Il en est de même dans toutes les autres zones militaires du pays, avec un effort particulier au niveau des frontières où les points de passage irréguliers sont verrouillés par l’Armée. Pour cause, les franchissement clandestins, parce qu’ils ne permettent pas d’effectuer la traçabilité des migrants de retour au pays et donc leur confinement durant 14 jours, sont susceptibles de ruiner tous les efforts menés par les autorités administratives et médicales ainsi que les sacrifices faits par les populations qui s’évertuent dans la grande majorité à observer le couvre-feu. La preuve par la région de Thiès ou l’Armée étend son dispositif jusqu’aux zones de pêche de Kayar, Joal et Mbour. Pendant ce temps à Dakar, c’est la Marine nationale qui sécurise la rade extérieure et surveille particulièrement les mouvements de pirogues sur la Petite-Côte. De même que dans les zones frontalières, en mer ainsi que sur les fleuves Sénégal et Casamance. Ainsi à Saint-Louis, nous explique une source autorisée, la Marine nationale contrôle les plages et débarcadères de Goxu-Mbathie et Guet Ndar ainsi que le fleuve Sénégal jusqu’à Rosso. A partir de Podor, un dispositif de surveillance est établi sur les points de passage non officiels entre Ronkh et Matam. A Kaolack, les axes menant vers la frontière avec la Gambie en rase campagne font également l’objet d’un contrôle minutieux par les « Jambaars ».
A Tambacounda et Kédougou, les patrouilles sillonnent la frontière avec le Mali à l’Est, zone d’orpaillage par excellence, ainsi que les départements de Fongolimbi et Salémata frontaliers avec la République de Guinée. Enfin, de Kolda à Ziguinchor, les soldats patrouillent sur les axes menant vers la Gambie et la Guinée-Bissau tout en contrôlant le fleuve Casamance et ses bolongs de l’embouchure jusqu’à Adéane. Ces opérations militaires exceptionnelles se déroulent en bonne coopération et coordination avec les forces de sécurité (gendarmerie et police). Et sous la supervision des commandants territoriaux (Gouverneurs, préfets et sous-préfets).
D’ailleurs, on signale que plusieurs personnes ayant violé les mesures édictées dans le cadre de l’état d’urgence ont été arrêtées par l’Armée avant d’être remises aussitôt aux forces de police ou de gendarmerie habilitées à les mettre à la disposition de la justice. Inutile dire que malgré son implication dans le dispositif visant à faire respecter l’état d’urgence, et notamment le couvre-feu nocturne, l’Armée garde intact le dispositif général de sécurisation du territoire national qui n’est pas impacté par les opérations de sécurisation du couvre-feu. Des opérations où elle engage quotidiennement plus d’un millier d’hommes et des centaines de véhicules de troupe et blindés. Diadeuf, diambars leegi leegi yi !