RENÉ CAPAIN BASSÈNE REJETTE LA PATERNITÉ DES MESSAGES ACCABLANTS DANS SON ADRESSE MAIL
Pour montrer sa complicité dans cette tuerie, le juge a brandi des messages électroniques que M. Bassène aurait adressés à des dignitaires du Mfdc relativement à ce massacre.

Le passage à la barre de René Capain Bassène, le journaliste-écrivain qui travaillait à l’antenne régionale de l’Anrac à Ziguinchor, considéré comme un des cerveaux de la tuerie de la forêt de Boffa-Bayotte de janvier 2018, était très attendu. Ce mercredi, devant la chambre criminelle de Ziguinchor, René Bassène, confondu par ses messages mail, a rejeté la paternité de ces derniers.
Pour montrer sa complicité dans cette tuerie, le juge a brandi des messages électroniques que M. Bassène aurait adressés à des dignitaires du Mfdc relativement à ce massacre. Ces messages ont été projetés sur le mur pour les rendre visibles. Un de ces messages était destiné à Ousmane Tamba, responsable politique du Mfdc, basé en Suisse. Et c’était pour demander à ce dernier de dire à César Atoute Badiate, le chef de la faction armée du Mfdc, basée à Kassolol, à la frontière bissau-guinéenne d’agir très vite contre les braconniers qui pillent la forêt de Boffa-Bayotte pour protéger celle-ci. Le second courrier était destiné à Jean Marie Biagui, ex-secrétaire général du Mfdc.
À travers cette missive, ce dernier est alerté par rapport à un événement imminent qui va se passer en Casamance. Mais tout de suite, l’accusé a rejeté ces mails prétendant qu’il n’en était pas l’auteur. Il a reconnu toutefois que l’adresse mail en question lui appartient. Ce qui laisse sous-entendre que sa boite de messagerie électronique aurait été piratée. À la question de savoir qui a donné le mot de passe de cette boîte mail à la gendarmerie, il a répondu que c’est lui dévoilant même celui-ci devant le juge. ‘’Mon mot de passe c’est Casamance82’’, a-t-il révélé.
Pour se disculper, il dit avoir même demandé au juge d’instruction, lors de l’enquête, une contre-expertise pour prouver que ces messages n’émanaient pas de lui, mais ce dernier aurait rejeté sa demande. Il a également reconnu avoir eu des discussions téléphoniques par deux fois avec César Badiate avant la tuerie.
L’autre question que le juge lui a posée, c’est celle de savoir s’il avait des rapports particuliers avec des responsables du Mfdc tels que Mamadou Nkrumah Sané et autres. « Non » a répondu René Capain Bassène. Il a toutefois relevé que, dans le cadre de son travail de journaliste d’investigation, il avait beaucoup de contacts de responsables du mouvement indépendantiste tout comme au sein de l’Armée, la Gendarmerie, la Police et même à l’étranger comme en Guinée-Bissau et tous ces contacts qui sont ses sources se trouvaient dans son mail.
Mieux, il a souligné qu’il travaillait à l’Anrac en tant qu’élément de liaison entre cette agence et le Mfdc, autrement entre l’Etat et le mouvement irrédentiste. Ce poste lui avait été confié en 2013 par Moustapha Lô Diatta qui était le patron de l’agence à l’époque, renseigne-t-il, soulignant que chaque mois il devait produire des rapports relatifs à l’avancement du processus de paix en Casamance. Il mentionne qu’il exécutait tout ce volumineux travail par des mails.
Au finish, comme Oumar Ampoy Bodian dont le passage à la barre le mardi a retenu l’attention de toute la Casamance et tous leurs autres coaccusés, René Capain Bassène dit ne s’être impliqué ni de près ni de loin dans cette tuerie. Et comme presque tous ses coaccusés passés à la barre avant lui, il dit avoir subi des tortures à la gendarmerie. Il affirme que ces tortures ont commencé lors de son arrestation chez lui à Kandialang Ziguinchor.
À l’en croire, après l’avoir arrêté, les gendarmes lui avaient bandé ses yeux de chez lui à leurs locaux et on l’avait privé de nourriture et d’eau le premier jour de son arrestation.
À noter que René Capain Bassène va repasser ce jeudi encore à la barre pour répondre aux interpellations des avocats de la partie civile.