RISQUE D’ATTAQUES DJIHADISTES ET CRIME ORGANISE, LES 7 ETATS LIMITROPHES EN SURSIS !
Le Mali fait une frontière de 419 kilomètres avec le Sénégal et 7.420 kilomètres de frontières avec sept pays limitrophes

La crise institutionnelle qui sévit au Mali ayant donné lieu, mardi dernier 18 aout, à un coup d’état, entretient une instabilité chronique dans ce pays longtemps en proie à des attaques multiformes. Ce qui risque de plonger la sous-région dans une insécurité profonde, sous la menace des djihadistes et du crime organisé. Le Mali fait une frontière de 419 kilomètres avec le Sénégal et 7.420 kilomètres de frontières avec sept pays limitrophes. La position de la CEDEAO, opposée à la vision interne du pays, pourrait retarder le retour à l'ordre constitutionnel.
La situation de coup de force de l’Armée malienne qui est venue porter l’estocade à une dégradation du climat social et politique n’a guère surpris les observateurs peu avertis. Elle est sans doute l’aboutissement d’une confusion de plus en plus intenable, assortie d’un malaise profond jusqu’au sein de l’Armée, face à l’expansion des djihadistes dans le Nord du pays et ce, malgré la présence de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Le chef de l’Etat Ibrahima Boubacar Keïta (IBK) est donc contraint à la démission, mardi, les frontières terrestres et aériennes bouclées, le pays mis sous embargo et les institutions républicaines en berne. De là à craindre que cette nouvelle version de confinement accentue la galère d’un peuple déjà éprouvé par des années d’insécurité et de baisse constante du pouvoir d’achat. Il s’y ajoute un contexte de propagation de la pandémie à coronavirus qui trouve son champ de dilatation en des moments de trouble et de rassemblements monstres.
OPTION DE LA CEDEAO : UNE SOLIDARITE DE CORPS OU UNE STRATEGIE POUR LE RETOUR A L’ORDRE CONSTITUTIONNEL ?
Face à cet imbroglio social et politico-militaire, le discours de la CEDEAO, appelant au rétablissement de IBK dans ses fonctions de président de la République, des sanctions contre les militaires putschistes et de leurs collaborateurs, ne vient pas pour faciliter le retour immédiat au calme, rétorque Me Mouhamed Aly Bathily, l’un des porte-parole du Mouvement M5-RFP, invoquant l’article 45 du Protocole Additionnel de la CEDEAO qui consacre, selon lui, la libre gouvernance des Etats souverains. Certains n’hésitent pas à caricaturer la CEDEAO comme un «syndicat des chefs d’Etat plus enclin à la défense leurs intérêts, comme par solidarité de corps, tout en se souciant du même sort qui pourrait s’abattre sur eux en ces temps de forte contagion au 3e mandat». La mobilisation organisée hier, vendredi 21 août 2020, par des milliers de maliens à la Place de l’Indépendance pour célébrer la chute du régime Keïta est un baromètre expressif de l’exaspération persistante du peuple malien. «Aujourd’hui, nous ne sommes pas là pour protester mais pour célébrer le Mali libéré» ont-ils scandé face à une foule de micro et relayé par toutes les chaines de transmission. Pour sa part, Papa Ogo Seck, enseignant chercheur et Professeur de Chaire agrégé des Facultés de droits et sciences politiques et président de l’Association des juristes africains a expliqué, au micro de Sud FM, que «l’option de la CEDEAO de maintenir l’embargo sur le Mali ne milite guère à l’apaisement de la situation car c’est un peuple qui a longtemps souffert de la crise. Demander aussi qu’un président qui a signé un acte de démission revienne au pouvoir n’est plus à l’ordre du jour. La meilleure option est d’aider les nouveaux maîtres de Bamako à revenir à l’ordre constitutionnel et rétablir les organes de fonctionnement de l’Etat malien en vue de préparer une bonne transition politique», a dit le juriste Papa Ogo Seck.
LA FRANCE NE MET PAS SON QUITUS SUR LA POSITION DE LA CEDEAO
A l’opposé de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la France ne demande pas le rétablissement du président déchu, Ibrahima Boubacar Keïta, dans ses fonctions, mais appelle plutôt à sa libération immédiate et les membres du gouvernement actuellement retenus. Dans une déclaration rendue publique le lendemain du coup de force, mercredi 19 aout, le Quai d’Orsay indique que «la France se tient, comme elle l’a toujours fait, au côté du peuple malien. Elle s’est engagée, à la demande de ce pays, en poursuivant deux priorités à savoir l’intérêt du peuple malien et la lutte contre le terrorisme» lit-on dans ce communiqué lu par Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères. Quoiqu’il en soit, si le Mali tousse, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui éternue car tout affaiblissement de l’Etat malien pourrait se convertir en de sérieux revers dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. La vigilance doit donc être de rigueur car le Mali partage 419 kilomètres de frontière avec le Sénégal et 7.420 kilomètres de frontière avec sept pays limitrophes. L’enjeu est donc de taille et pas dans les détails.