SEN’EAU EN EAUX TROUBLES
Manque de transparence dans les recrutements, opacité dans le processus Achats-Stocks, déficit de 4 milliards Fcfa, suppression des promotions… Tel est le bilan sombre dressé par les travailleurs de la Sen’Eau, après un an d’existence.

Les employés de la Société nationale de gestion de l’exploitation et de la distribution de l’eau potable au Sénégal sont très remontés contre le ministère de Tutelle. Ils reprochent à la direction générale de Sen’Eau d’avoir exacerbé les maux dont souffre l’entreprise depuis son acquisition par Suez, la multinationale française.
Manque de transparence dans les recrutements, opacité dans le processus Achats-Stocks, déficit de 4 milliards Fcfa, suppression des promotions… Tel est le bilan sombre dressé par les travailleurs de la Sen’Eau, après un an d’existence. Dans un communiqué conjoint parvenu à «L’As», les secrétaires généraux des syndicats de la boite estiment que le déficit de 4 milliards Fcfa annoncé dans la presse «tombe comme un couperet». Selon les travailleurs, cette information vient s’ajouter aux nombreux points d’ombre autour de l’environnement de travail, au déficit de communication interne, à l’organisation incohérente du travail en entreprise, à la suppression progressive et insidieuse de nombreux acquis et au déficit d’accompagnement sur les questions sociales. Ils estiment que le personnel s’est beaucoup donné pour de bons résultats.
Raison pour laquelle, ils n’accepteront pas les maquillages, les charges extraverties par l’assistance technique non justifiées, les contrats léonins en cours d’être passés dans la totale opacité, la réduction expresse de nos légitimes revendications pour l’amélioration de nos conditions de travail. Selon les syndicalistes, les heures supplémentaires sont presque supprimées et ont tendance à être remplacées par des missions additives non contractuelles. En plus de ces griefs, il y a la suppression rampante des promotions internes, les diversions multiples dans l’organisation de l’entreprise, la surcharge de travail des releveurs, des collaborateurs des sections commerciales, de DFC, DAL.
Face à tous ces manquements, la coalition Utis/Sates dénonce la situation dans laquelle la direction de la Sen’Eau a entraîné, le 22 mars 2021, leurs collègues de Diourbel «qui ont été sauvagement attaquées par les populations de Mbacké dont une partie refuse de payer l’eau depuis plus d’un an». Aussi, invitent-ils la direction à prendre ses responsabilités «avant que l’irréparable ne se produise». Les syndicalistes invitent les employés à user de leur droit de retrait et à ne plus s’aventurer dans ces opérations sans que la situation ne soit pacifiée.
UNE CAPITALISATION A HAUTEUR DE 1 070 000 000 F CFA
Même si le processus de capitalisation est en cours, la coalition syndicale dénonce l’imputation d’intérêts indus par le gouvernement qui a confié au Fonsis «le portage de notre part de capital sans nous aviser, et qui ont porté le montant de notre capitalisation à hauteur d’environ 1.070.000.000 Fcfa». D’autant que les travailleurs ont mobilisé à travers le fonds commun (Fcp) les montants de leur contribution. Ce qui a ralenti la capacité de placement depuis 2019, affaiblissant ainsi sa capacité de rendement.
En outre, l’intersyndicale se désole que Sen’Eau et le ministère de l’Eau soient restés muets dans l’accompagnement financier ou stratégique des employés. Par conséquent, ils comptent mener le combat pour que le gouvernement supporte ces intérêts et taxes de portage indus. Ils s’insurgent également contre le non-versement par la Sen’Eau des cotisations prélevées pour le compte du FCP depuis janvier 2020. D’où l’urgence, selon la coalition des syndicats, d’étudier sérieusement la proposition faite par Sen’Eau de créer un nouveau FCP sans un engagement d’abondement en utilisant les cotisations. Surtout qu’elle est inscrite dans un cycle de déficit d’au moins 3 ans.