SENELEC, PRÈS DE 100 MILLIARDS DE FCFA PERDUS À CAUSE DES BRANCHEMENTS CLANDESTINS
En 2024, plus de 1,4 million de mégawatts ont été détournés. La Senelec intensifie ses contrôles et appelle à des sanctions exemplaires pour endiguer ce phénomène.

Le vol d’électricité continue de faire des ravages au Sénégal, compromettant la stabilité du secteur énergétique et mettant à rude épreuve la Société nationale d’électricité (Senelec). Selon un rapport révélé par L’Observateur et confirmé lors de la réunion annuelle du Comité national de dialogue avec la clientèle (Cndc), tenue le jeudi 31 juillet à Dakar, les pertes liées à la fraude électrique atteignent des proportions inquiétantes.
En 2024, 1.406.077,85 mégawatts ont été soustraits illégalement du réseau national, soit une perte financière estimée à près de 100 milliards de francs CFA. « Une situation très préoccupante », alertent les responsables de la Senelec, qui pointent du doigt les branchements clandestins, les compteurs trafiqués et les raccordements sauvages.
Rien qu’à Dakar, en trois mois, les équipes de contrôle ont découvert des milliers de branchements illégaux. Des câbles courant le long des murs, des connexions improvisées dans les marchés HLM et Petersen, jusque dans les quartiers populaires comme Rebeuss, Médina et Grand-Yoff. Même des zones résidentielles et commerciales huppées, comme la VDN, Mixta et la cité Alioune Sow, n’ont pas échappé à ce vaste détournement d’énergie.
La traque des fraudeurs a mobilisé police et gendarmerie. 322 individus ont été arrêtés à travers plusieurs localités :
• Dieuppeul : 41 arrestations
• Pikine : 11 arrestations
• Golf Sud : 16 arrestations
• Grand-Yoff : 25 arrestations
• Parcelles Assainies : 59 arrestations
• Plateau : 39 arrestations
• Ngor : un record avec 86 fraudeurs épinglés
D’autres interpellations ont été enregistrées à la Médina, aux HLM, à Zac Mbao, à Tivaouane Peulh, ainsi qu’au niveau de la Section de recherches et de la Division des investigations criminelles (Dic).
Au-delà du préjudice économique, évalué à plus de 100 milliards de FCFA, cette fraude massive fragilise la qualité de service pour les clients en règle et compromet la viabilité économique du réseau. La Senelec annonce un renforcement de ses dispositifs de contrôle et des sanctions exemplaires contre les fraudeurs.
Une question reste en suspens : comment endiguer ce fléau qui prend racine dans la précarité mais aussi dans la cupidité, et qui met à mal tout un système énergétique ?