SINA OULD SIDY MOHAMED ET SON ACOLYTE RISQUENT 7 ANS DE TRAVAUX FORCES
Au courant de l’année 2017, deux Maliens sont été arrêtés à Dakar dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, en mars 2016.

Boubacar Niangadou et Sina Ould Sidy Mouhamed ont fait face aux juges de la chambre criminelle spéciale de Dakar pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée et d’appui à un groupe en vue de sa participation à la commission d’un acte terroriste et blanchiment de capitaux. Accusés d’avoir participé à l’attentat de Grand Bassam (Cote d’Ivoire), ils encourent 7 ans de travaux forcés et vont être édifiés sur leur sort le 29 avril prochain.
Au courant de l’année 2017, deux Maliens sont été arrêtés à Dakar dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, en mars 2016. Revendiquée par Al Qaïda au Maghreb islamique, l’attaque avait fait 19 morts et une vingtaine de blessés. En effet, le présumé terroriste Sina Ould Sidi Mouhamed a été interpellé alors qu’il s’apprêtait à quitter l’auberge où il logeait depuis un mois.
Un deuxième homme, présenté comme son chauffeur, Boubacar Niangadou, est aussi arrêté peu après à bord d’un véhicule immatriculé en Gambie, dans une gare routière dakaroise. Originaire de Tombouctou, Ould Sidi Mohamed Sina est accusé d’avoir été en contact avec Ould Nouini, le planificateur des attentats de Grand-Bassam.
Les enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (DIC) affirment également que Sina était en contact avec Moustapha Diatta. La perquisition effectuée à la chambre qu’occupait Sina à la résidence Keur Damel a conduit les enquêteurs à saisir quatre téléphones portables, des photos du mis en cause le montrant assis sur les lieux abritant les mausolées saccagés et détruits par les djihadistes à Tombouctou, des documents divers dont un passeport ordinaire malien, une confirmation de la réservation d’hôtel Radisson Blu au nom du ressortissant libyen Nabil Abdallah Misbah Alsenini et une décharge manuscrite rédigée à Dakar et par laquelle l’auteur reconnaît avoir reçu 47 millions Fcfa de la part deBoubacar Niangadou.
Les éléments de la Dic n’étaient pas au bout de leur surprise, puisque l’exploitation des téléphones de Sina allait révéler d’autres faits troublants notamment ses multiples contacts dans des zones «djihadogènes».N’empêche Sina a juré qu’il n’avait aucun lien avec l’instigateur de l’attaque de Grand Bassam, même s’il admet l’avoir vu grandir à Gao dans le même quartier où ils habitaient. Selon ses propos, il ne l’a pas vu depuis 2009, date à laquelle ils s’étaient rencontrés chez un chef religieux de la communauté Regada.
En dépit de leurs versions qui n’ont pas convaincu les enquêteurs, ils ont été placés sous mandat dépôt pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée et appui à un groupe en vue de sa participation à la commission d’un acte terroriste et blanchiment de capitaux.
A la barre, Boubacar Niangadou, 44 ans, commerçant domicilié à la cité Asecna, a nié les faits qui lui sont reprochés. Polygame et père de 6 enfants, ce ressortissant malien a été arrêté avec de faux documents de commerce du nom de Boubacar Niang. «J’ai connu Boubacar Niang en Gambie.Il m’a procuré des extraits sénégalais et une pièce d’identité sénégalaise du nom de Niang. J’ignorais que l’extrait était un faux», argue-t-il avant de revenir sur ses relations avec son acolyte. Et c’est pour déclarer que c’est un certain Mamadou Bocoum qui l’a mis en rapport avec Sina pour qu’il lui remette 57 millions Fcfa. «Je lui ai remis les 47 millions Fcfa en gardant les 10 millions Fcfa restant. Je lui ai demandé de ne pas aller à la banque pour le retrait de l’argent. En ce qui concerne la deuxième transaction, Sina m’a dit qu’il avait de l’argent qui devait quitter le Maroc, je l’ai mis en rapport avec Abba. La somme de 10 mille euros a été déposée au Maroc. J’ai envoyé un de mes employés aller récupérer cet argent chez Abba. J’ai ensuite appelé Sina pour lui remettre son argent», a soutenu Boubacar Niangadou.
Agé de 47 ans, son compère Sina Ould Sidy Mohamed qui se définit comme un patriote qui adore son pays (Mali) estime qu’il a été mêlé aux attaques de Grand Bassam alors qu’il ne connaît même pas la Côte d’Ivoire. «M le président, on m’a arrêté en me demandant un certain Souleymane. Je leur ai dit que je ne le connaissais pas. Par contre, je connais Nabil qui est d’origine libyenne et qui réside au Maroc. Ce dernier est venu à Dakar et a payé l’hôtel Radisson où je logeais. J’ai connu Boubacar Sylla par le canal d’un ami vivant en Espagne, mais j’ignore où il se trouve actuellement. Le 23 janvier 2017, j’étais dans le bureau de Niangadou pour récupérer de l’argent (57 millions Fcfa). Je ne l’ai jamais rencontré et je ne suis jamais allé chez lui. Cet argent m’a été envoyé par Mouhamed Ould Ahmed qui m’avait demandé de remettre 54 millions Fcfa à Boubacar Sylla », s’est-il défendu.
LE PARQUET: «LA SOMME DE 2 MILLIARDS FCFA A TRANSITE DANS LES COMPTES DE NIANGADOU»
Selon le substitut du procureur, Sina a ouvert 16 comptes bancaires au nom de ses entrants. «Concernant le blanchiment de capitaux, les accusés ont effectivement reçu des montants d’argent. Et c’est sur la base du système “awala” qu’il ont fait ces opérations. Au bout de 2 mois, la somme de plus de 2 milliards Fcfa a transité dans les comptes de Niangadou. En plus, Sina a loué un magasin sans y loger quoi que ce soit, alors qu’il payait mensuellement la somme d’un million Fcfa.
Concernant l’apologie du terrorisme, on a le message qu’avait publié Sina avec à l’appui une photo qu’il a prise sur les mausolées de Tombouctou qui venaient de subir des attaques terroristes», explique le maître des poursuites qui a demandé la disqualification de l’apologie du terrorisme à l’encontre de Sina avant de requérir 7 ans de travaux forcés et une amende au quintuple des biens qu’il gérait de même que la confiscation de tous les biens saisis et prononcés contre les accusés et une interdiction définitive sur le territoire sénégalais. La défense a plaidé la relaxe. Délibéré au 29 avril prochain.