SINDIA-SANDIARA, L’AXE DE LA PEUR
Deux attaques criminelles y ont été commises en l’espace de 48 heures

Après Sindia, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, deux jours plus tard, des individus armés ont attaqué des installations industrielles à Sandiara. Si, dans la première attaque, il n’y a pas eu mort d’homme, dans le second une perte en vie humaine a été déplorée chez les malfaiteurs venus en nombre. Dans l’un comme dans l’autre cas, des défaillances dans la sécurisation des lieux sont à indexer. L’Etat est interpellé pour qu’il renforce la sécurité de ces zones industrielles en y implantant notamment des brigades de gendarmerie.
« Vers les coups de 3 heures 30 voire 4 heures du matin, des individus armés, composés de 20 personnes, à bord de véhicules 4X4, ont fait irruption sur le site et ont tenu en respect les éléments de la sécurité et aussi les travailleurs de l’usine qui étaient dans les ateliers ainsi que des Indiens qui se trouvaient au niveau des logements. Il y a eu quatre blessés du côté des Indiens, un au niveau de la sécurité et un mort chez les assaillants lors des échanges de tirs avec la gendarmerie qui s’est déployée très rapidement sur les lieux de l’intervention ». C’est le témoignage fait par Gorgui Guèye, coordonnateur chef de sécurité. Voilà campée donc l’attaque qui s’était produite à l’usine « indienne » de fabrication de piles électriques Solens Industry, implantée dans la zone industrielle de Sandiara. Une usine se trouvant dans la Zone économique spéciale (ZES) de Sandiara et qui a été le théâtre d’une attaque à main armée dans la nuit du lundi vers les coups de 3 heures du matin. Les malfaiteurs, une vingtaine, ont emporté les téléphones portables des employés trouvés sur place et de l’argent. Le témoignage de Gorgui Guèye est corroboré par M. Cissokho, chef comptable de l’usine. « On nous a appelés vers 3 heures du matin pour nous informer qu’il y a une attaque au niveau de Solens Industry. Il faut dire que c’est un fait assez surprenant. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons trouvé une vingtaine d’assaillants bien armés, certains même parmi les assaillants n’ont pas hésité à faire des tirs de sommation ».
Présentement, parmi les travailleurs de l’usine trouvés sur place, on dénombre quatre blessés qui ont d’ailleurs été acheminés à l’hôpital de Mbour. Du côté des assaillants, il est à signaler qu’une personne a perdu la vie des suites d’échanges de tirs avec les gendarmes. « Il y a eu des blessés du côté des Indiens parce que les assaillants sont venus avec des armes à feu, des gourdins et des machettes. Ils sont entrés dans le hangar où il y avait des Indiens qui travaillaient parce que l’usine travaille 24/24 heures », a expliqué Mame Cheikh Diop, le responsable administratif. Qui explique qu’une fois dans le hangar, les malfaiteurs ont commencé à taper sur les Indiens en prenant leurs téléphones portables. Et c’est par la suite qu’ils sont allés vers les résidences réservées aux Indiens où ils ont défoncé les portes en tirant sur les occupants avec des armes à feu. Ce qui reste constant c’est qu’un des assaillants a perdu la vie au cours des échanges de tirs avec la gendarmerie et quatre blessés ont été notés parmi les Indiens. Cette attaque, inattendue du reste, vient poser sur la table la lancinante question de la sécurité des personnes et des biens.
L’Etat invité à accroître les moyens d’intervention des forces de sécurité
Gorgui Guèye, le coordonnateur-chef de sécurité n’en revient toujours pas : «Je suis sous le choc bien évidemment. La sécurité, c’est notre métier. Mais cette sécurité requiert de l’anticipation. Certes la sécurité c’est de la prévention, mais on anticipe sur ce genre de choses. Aujourd’hui, tout autour de cette usine, il y a des industries étrangères pour la plupart qui ont injecté beaucoup de milliards. C’est le cas de cette usine-là, et tout autour il y a d’autres unités industrielles qui sont en train de voir le jour. Donc, tout ceci devrait être accompagné par une excellente politique de sécurité. Il faudrait qu’on pense à renforcer les capacités d’intervention de la Gendarmerie et pourquoi pas de la Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers. Pourquoi, à l’image de celle de Dakar, ne pas avoir dans cette zone industrielle une unité de la Gendarmerie ainsi qu’une unité des sapeurs –pompiers en mesure de prévenir les risques de toute nature ? », se demande notre interlocuteur. Ce cambriolage est survenu 48 heures seulement après un autre intervenu à Sindia, toujours dans le département de Mbour, où, dans la nuit du samedi au dimanche dernier, la base de l’entreprise chinoise qui a construit et gère l’autoroute à péage Mbour-Thiès-Aibd, a fait l’objet d’une attaque par des personnes encagoulées. Les malfrats, qui ont réussi à s’introduire dans la base où sont garés les engins qui construisent l’autoroute à péage, ont d’abord maîtrisé les vigiles avant de s’attaquer aux logements des Chinois. D’après Daouda Sow, un employé au niveau de la base, les faits se sont déroulés vers 2 heures du matin. Après cette attaque, la gendarmerie a procédé à des arrestations dans le village de Khokoma. Il se dit d’ailleurs que six parmi les malfrats qui ont attaqué la base de l’entreprise chinoise ont été interpellés. Une chose est sûre : dans l’axe Sindia-Sandiara, les populations — et aussi les chefs d’entreprises — ont peur et ne le cachent pas…