TELIKO FACE A SES JUGES
Le président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), va faire face au Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour la deuxième fois ce lundi 30 novembre 2020 à la Cour suprême

Souleymane Téliko, le président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), va faire face au Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour la deuxième fois, ce lundi 30 novembre 2020, à la Cour suprême. Après une première audition, le mercredi 28 octobre dernier, en présence de ses avocats et de magistrats engagés pour sa défense.
Après une première audition, le mercredi 28 octobre 2020, Souleymane Téliko, le président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), est à nouveau attendu devant le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), ce lundi matin 30 novembre, à la Cour suprême. Seulement, le fait qu’il sera entendu par 15 juges dont 12 gradés et concernés par le relèvement de l’âge de la retraite des hauts magistrats de 65 à 68 ans, suscite inquiétude chez certains, craignant une «exécution» du juge Téliko.
Témoignant toute sa solidarité et son soutien total à son président, l’UMS a lancé un appel à tous ses membres pour une forte mobilisation derrière Téliko. Pour l’UMS, la poursuite initiée contre son président est une situation inédite, grosse de danger pour la survie et la crédibilité de l’association. C’est pourquoi elle demande instamment à ses membres de manifester leur solidarité à leur président. Aussi l’UMS exhorte-t-elle ses membres à se constituer pour la défense du magistrat Téliko, précisant que la constitution n’implique pas forcément la prise de parole, mais permet à son auteur d’accéder à la salle d’audience, le 30 novembre 2020 à 10 heures.
Le président de l’UMS a été traduit devant le CSM siégeant en formation disciplinaire au motif que, lors d’une interview télévisée, diffusée le 12 juillet 2020, il aurait tenu des propos de nature à jeter le discrédit sur certains magistrats et l’institution judiciaire toute entière. Il se prononçait notamment sur la procédure dans l’affaire dite de la Caisse d’avance dans laquelle l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, était impliqué. Après son audition par l’Inspection générale de l’administration de la justice (IGAJ), le dossier a été transmis au Conseil de discipline du CSM. Initialement convoqué pour être entendu à Ziguinchor, le 19 octobre, l’audience avait été reportée et ramenée à Dakar où l’audience a eu lieu, le mercredi 28 octobre, devant le Procureur général près la Cour d’appel de Ziguinchor, Assane Ndiaye, désigné comme rapporteur du CSM. Les Comités de ressorts des Cour d’appels de Dakar et des régions, l’UMS, les magistrats africains, la société civile… s’étaient fortement mobilisés, à travers des communiqués, pour lui apporter leur soutien et dénoncer une atteinte à l’indépendance et une tentative de musellement de la justice.
Au terme d’une audition qui aura duré plusieurs heures à la Cour suprême, le mercredi 28 octobre dernier, le magistrat n’a pas fait de déclaration devant la presse. Tout en restant aphone sur l’affaire, Téliko a juste signifié aux journalistes que l’audition s’est bien déroulée et a duré 3 heures. Et Me Ciré Clédor Ly, un de ses conseils, qui a parlé au nom du pool d’avocats qui s’est constitué pour sa défense de lui emboiter le pas. «Nous n’avons pas de déclaration à faire. Nous vous informons simplement que l’audition s’est tenue correctement et dans le respect mutuel. Et aussi dans les règles de l’art. Donc nous nous en tenons à cela. Nous n’avons pas d’autres déclarations à faire. Et je parle au nom de l’ensemble des avocats et de ceux en tout cas qui assurent la défense du juge Téliko». En outre, Me Ciré Clédor Ly soulignera que «les avocats étaient présents massivement, de même que des magistrats, parce qu’il (Souleymane Téliko) a la possibilité de se faire défendre aussi bien par des avocats que les magistrats. L’ambiance était sereine et les choses se sont bien déroulées».