TIRS GROUPÉS SUR ABDOU KARIM SALL
Abus de pouvoir, folie de grandeur, conflit d’intérêts. Les qualificatifs ne manquent pas depuis l’éclatement de l'affaire du transfert des gazelles oryx de la réserve du Ferlo vers un domaine privé appartenant au ministre de l'environnement

C’est une pluie de critiques qui s’abat sur le ministre del’Environnement Abdou Karim Sall, depuis l’annonce par Source A de la mort de 2 des 6 gazelles oryx qu’il avait transférées de la Réserve du Ferlo (dans le Ranérou) au profit de sa ferme privée à Bambilor. Et les explications du ministre dans son communiqué transmis à la presse sont loin de convaincre.
Abus de pouvoir, folie de grandeur, conflit d’intérêts. L’affaire est devenue virale dans les réseaux sociaux et les qualificatifs ne manquent pas depuis l’annonce du transfert d’oryx de la réserve du Ferlo vers un domaine privé qui appartient auministre Abdou Karim Sall. Cedernier qui confirme la mort de deux des six gazelles qu’il avait transférées s’est fendu d’un communiqué pour soutenir que ce transfert n’était pas une simple manœuvre individuelle, mais qu’il entrait dans le cadre de la mise en place de la politique nationale de conservation de la biodiversité. « Les initiatives privées relatives à un r-peuplement d’espèces de faune sauvage jusque-là existantes au Sénégal se font sur la base de protocoles d’accord dûment établis», argue Abdou Karim Sall. Mais, ces arguments sont battus en brèche par l’environnementaliste Dr Cheikh Dieng. Pour l’expert en environnement, le responsable apériste de Mbao tente de justifier un transfert frauduleux. « Les protocoles ou conventions évoqués par le communiqué n’existent nulle part dans les lois et règlements qui régissent la pratique de la chasse et de la conservation de la faune au Sénégal», révèle Dr Dieng.
En dehors de la chasse d’ailleurs strictement règlementée, poursuit-il, le code prévoit des possibilités de capture à desfins strictement scientifiques etd’éducation. Démontant un à unles arguments d’Abdou KarimSall, Dr Cheikh Dieng soutientque les conventions et protocoles évoqués dans le communiqué sont en porte-à-faux avec la loi. L’environnementaliste déplore en outre le fait que le communiqué suggère que le ranch privé du ministre de l’Environnement ait bénéficié de cette disposition sans oser le mentionner explicitement. Pour lui, les règles de transparence voudraient que la convention dontaurait bénéficié le ministre soit publiée. «Sans nul doute qu’elle n’existe pas. Au demeurant, le ministre peut-il bénéficier d’une convention de la part d’un service qui est sous son autorité ? Et quelle est la contrepartie que paient les privés pour bénéficier de cette largesse de l’Etat ?», s’interroge Dr Dieng qui pointe du doigt le laxisme du ministre Abdou Karim Sall, indiquant que la capture de ces gazelles au profit d’un ranch privé à Bambilor, dans des conditions écologiques aussi éloignées de leur habitat naturel, les confinerait quasiment dans un zoo. «Et pour le plaisir de la contemplation les condamnerait à une mort certaine », dit-il.
Rappelant par ailleurs les tenants et aboutissants du code de la chasse au Sénégal, Dr Cheikh Dieng souhaite des suites judiciaires dans cette affaire. « La capture des gazelles oryx au profit du ranch privé qui serait commanditée par le ministre de l’Environnement tombe sous le coup de la loi. L’ordre a-t-il été donné par le ministre ? L’abus d’autorité s’ajouterait à l’infraction au code de la chasse », fulmine-t-il tout en se demandant si ces animaux n’étaient pas destinés à alimenter un trafic d’animaux sauvages, sachant que ces oryx valent entre 40 et 50 millions Fcfa la pièce.
Ouverture d'une enquête
Interpellant directement le chef de l’Etat, Dr Cheikh Dieng invite le président de la République à demander l’ouverture d’une enquête diligente en vue de faire la lumière sur cette affaire rocambolesque et à publier les résultats de l’enquête. «Toute autre attitude conforterait le sentiment d’une république bananière où chaque ministre, détenteur d’une parcelle de pouvoir, peut en user et en abuser sans aucune contrainte, sans morale, avec le sentiment d’impunité que confère l’absenced’une autorité présidentielle quiveille sur la bonne marche de la nation», fulmine Dr Cheikh Dieng.
Le même cri du cœur est lancé par le coordonnateur de Pastef Mbao, fief du ministre Abdou Karim Sall. En effet, selon Moustapha Sarre, dans un pays normal, «cet acte inadmissible aurait exigé l’ouverture immédiate d’une enquête et la démission du ministre. On aurait mis sous scellé sa réserve et vérifié les conditions dans lesquelles celle-ci a été acquise». Ainsi, le camarade de Ousmane Sonko souhaite fortement que l’Ofnac scrute les biens multiples du ministre. Le Patriote estime que le patron de l’Environnement a une méconnaissance réelle de sa mission.