TOBENE DENONCE «LE FORCING DU SOUS-PREFET POUR IMPOSER DES SOMMES DERISOIRES A L’HA»
La mine des industries Chimiques du Sénégal (iCS) devant progresser dans les champs des populations de tobène, un processus d’indemnisation est lancé pour les paysans impactés.

La mine des industries Chimiques du Sénégal (iCS) devant progresser dans les champs des populations de Tobène, un processus d’indemnisation est lancé pour les paysans impactés. Mais la pomme de discorde est la méthode d’évaluation des champs pour fixer les taux. Les paysans ont opposé un niet catégorique à la commission d’évaluation ; etle recours à la force à travers le déploiement de forces de l’ordre s’est soldé par de violents affrontements. Ce qui a été dénoncé par le MaireBaraNdiayequi a indexé le sous-préfet d’autant plus, dit-il, que les populations n’ont jamais refusé l’idée de céder leurs champs.
Pour la seconde fois, le village de Tobène, dans la commune de Méouane, a été le théâtre de violents affrontements entre les populations et les forces de l’ordre. Et pour cause, la mine des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) doit progresser, ce qui doit impacter les champs des paysans de la localité. Selon Bara Ndiaye, Maire de la Commune, par ailleurs Administrateur de la Maison de la Presse, « malheureusement, à la place de la concertation qui devrait conduire le processus, nous avons assisté à un coup de force de l’administration et particulièrement du Sous-préfet de Méouane. Et dans le cas d’espèce, toute dynamique d’expropriation des populations doit se faire dans la concertation et le dialogue ». Il a parlé de «tentative de spoliation foncière des populations des villages de Tobène et Maka Dieng par l’autorité administrative déconcentrée», avant de préciser que les populations et la collectivité territoriale ne refusent pas la dynamique de progression de la mine dans leurs champs. Mais, regrette-t-il, les autorités administratives n’ont pas compris l’affaire de cette façon. C’est ainsi qu’elles ont pensé qu’en mobilisant les forces de l’ordre, le problème allait être réglé. Face à leur dynamique cavalière d’évaluation des champs, les populations ont opposé une résistance farouche, accusant le Sous-préfet de vouloir « imposer des sommes dérisoires à l’hectare ».
Le Maire Bara Ndiaye poursuit : «La municipalité tient le sous-préfet de Méouane pour responsable de toute situation préjudiciable à la sécurité et à la paix sociale. La municipalité dénonce les intimidations de l’administration déconcentrée par la mobilisation massive des forces de sécurité à la place d’un dialogue constructif et sincère. Nous sommes intervenus pour les calmer, les rassurer et leur dire que rien ne peut se faire en dehors de la concertation et que même la guerre s’est terminée autour d’une table. Pour autant, nous ne pouvons pas accepter ce coup de force de l’administration territoriale au détriment de la population. »
Selon le Maire Bara Ndiaye, la position qu’il a adoptée dans cette affaire ne signifie nullement qu’il est contre l’Etat ou qu’il veuille le contraindre sur quoi que ce soit. Mais aussi, « la démarche de l’Etat doit être fondée sur la vérité, la recherche de solutions avec la préservation de la paix sociale. Malheureusement, il y a certains de ses représentants qui ne le comprennent pas ainsi ». En tout cas, dit-il, « en tant que représentant des populations, nous ne pouvons que tenir un discours d’apaisement, mais aussi de fermeté quant au respect de la procédure qui doit conduire ce processus ». Il a exprimé le soutien total de la municipalité aux populations qui ne défendent que leur outil de subsistance, dit-il, non sans dénoncer «l’usage inapproprié et abusif de la force publique ».
Selon Modou Tob, chef de village de Tobène, pas moins de 9 camions remplis de gendarmes ont été déversés dans le village pour tenter de procéder par la force à l’évaluation des champs qui doivent être touchés par la progression de la mine. A l’en croire, la résistance farouche des populations a occasionné une pluie de grenades lacrymogènes. L’affrontement a duré plusieurs heures et finalement, les forces de sécurité se sont retirées, certainement pour éviter une effusion de sang. Mais à en croire le Chef de village, les populations n’ont jamais refusé que leurs champs soient touchés par la progression de la mine, mais c’est la façon d’indemniser les propriétaires qui est la pomme de discorde.
De tout temps, dit-il, la commission procédait par le décompte avant de prendre la décision de faire le calcul par ha. Pour le chef de village, tout ce que les populations souhaitent, c’est qu’il y ait des concertations sérieuses pour retenir une décision acceptée par les deux parties. Si ce principe est accepté et qu’un accord est trouvé, ils seront libres de procéder à la délimitation de la surface qu’il désire exploiter. «Nous n’accepterons jamais une indemnisation basée sur le décompte, nous exigeons que l’hectare soit la base de calcul », affirme le Chef de village.
MAKANE MBENGUE PREFET DE TIVAOUANE
« Il y a bel et bien des concertations autour de ce dossier » Interrogé sur la question, Makane Mbengue, Préfet de Tivaouane, écarte d’abord toute idée de forcing dans cette affaire. Selon lui, il y a eu beaucoup de concertations depuis plus d’un an et certains sont mêmes d’accord. Pour lui, l’assiette concernée est de 6 hectares. S’agissant des indemnisations, le Préfet affirme que le taux à l’hectare a été relevé, allant de 400 000 Fcfa à 1 050 000 Fcfa pour les cultures arachidières, mais les paysans soutiennent leurs exploitations, tout en posant des conditions beaucoup plus élevées et refusant le dénombrement. Il ajoute : « En lieu et place, ils veulent l’application d’un taux forfaitaire estimé à au moins 9 millions de Fcfa par ha. Il n’est pas exclu d’appliquer ce taux, mais pourvu que le nombre d’arbres le justifiant y soit. Et pour le moment, il ne s’agit que de délimiter la surface pour connaître les impactés. De toute façon, les concertations vont se poursuivre pour trouver une solution, d’autant plus qu’il y a aussi la nécessité de faire en sorte que les ICS continuent de travailler, pour ainsi sauver plusieurs centaines d’emplois. »