UN AN SANS SALAIRE
Les travailleurs de ikagel crient leur désarroi et décident de traîner leur DG devant la justice

Les travailleurs de l’usine de traitement de poisson, Ikagel, broient du noir. Très remontés contre le directeur de l’entreprise, Christien Langoua, après être restés plus de 11 mois sans salaire, ils sont montés au créneau pour crier leur ras-le bol. Après avoir traîné leur Dg au tribunal du travail et obtenu gain de cause, les employés ont décidé de saisir le tribunal de grande instance de Mbour pour le faire condamner.
Les travailleurs de l’usine Ikagel qui est spécialisée dans le traitement du poisson traversent des moments très difficiles. Pour cause, ils sont restés 11 mois et 16 jours sans voir la couleur de l’argent. Cette situation a entraîné une précarité des employés qui continuent de réclamer leur salaire à leur employeur. Lors d’un point tenu à la mairie de la capitale de la Petite côte, les travailleurs ont exprimé leurs souffrances. Selon Jean Noël Gningue, le stress d’avoir perdu le travail a fini par tuer des employés alors que les autres sont malades. «Nous avons trois collègues qui sont décédés et d’autres sont malades. Récemment, nous avons eu un camarade dont le père est décédé en Casamance, mais il n’avait pas de quoi payer le transport. Nos enfants sont renvoyés de l’école par faute de paiement de leur scolarité ; certaines familles ont été chassées par défaut de paiement de loyer», a-t-il expliqué. Expliquant la ruse de leur patron, le délégué s’est indigné de la démarche machiavélique de Christien Langoua.
A l’en croire, le DG avait promis de régler la situation mais que nenni. «La direction nous a toujours dit que les bateaux restaient la principale source de revenus de l’entreprise. Mais en un certain temps, il avait des problèmes avec les Chinois etil avait promis que dès que ce problème serait réglé et qu’il entrerait dans ses fonds, nos soucis seraient un vieux souvenir. Mais quand le Dg a reçu l’argent, il a plutôt choisi de se remplir les poches au lieu de renflouer la caisse de l’entreprise. Dès lors, il a commencé à changer de discours, évoquant tout le temps le problème de la covid-19 comme étant une raison qui les empêchait de continuer l’exportation », a martelé Jean Noël Gningue. Aujourd’hui, plus de 150 employés sont dans la rue, se lamente le délégué. Pis, le chef de l’entreprise a l’audace de retirer le paiement de l’IPM qu’il n’a jamais versé. «Sur 150 personnes, il n’emploie que 5 personnes.
C’est un véritable détournement d’objectif. On ne peut comprendre que l’on nous défalque de l’argent pour une IPM et que nous ne puissions pas en bénéficier», a-t-il dénoncé. Aujourd’hui, les seules personnes qui sont en fonction, en dehors des membres de la direction, sont les 11 employés dont les 6 travaillent dans la villa du DG. «Les travailleurs qui sont en activité, il y a 11 personnes qui ne sont pas concernées par ce chômage technique. Ce sont ceux qui travaillent dans l’administration et 3 techniciens qui sont là-bas pour l’entretien des machines. Il y a aussi 16 personnes qui sont à 50% de chômage. Parmi ce nombre, monsieur Langoua utilise 6 personnes pour sa maison. Il s’agit des femmes de ménage, des vigiles et des chauffeurs et les 5 autres sont en chômage technique. Depuis le mois de septembre, la direction nous avait appelés pour faire la production et commencer l’exportation du poisson frais vers la Franc», estime Jean Noël Gningue.
Mettant en place une stratégie pour atténuer leur frustration, Jean Noël informe : «La direction est venue pour nous rencontrer ; ils nous ont dit qu’ils allaient continuer avec le secteur qui était en frais, comme quoi ils sont les spécialistes du frais. Ils ont pris 5 permanents et 15 journaliers.» Las de subir des promesses jamais tenues, ils ont traîné leur Dg devant le tribunal du travail. Après avoir obtenu gain de cause, ils ont franchi un autre palier en prenant un avocat pour une saisine devant le tribunal de grande instance de Mbour. « Ceci n’est que du vol. Nous avons pris des avocats pour défendre nos intérêts, puis nous allons rencontrer les autorités de ce pays pour leur donner la bonne information», a promis le délégué du personnel.