UNE APPROCHE JUGEE INOPERANTE CONTRE LE COVID
Afin de faire face à l’inquiétante courbe ascendante des contaminations de la Covid-19, le gouvernement a servi du réchauffé. Des mesures jugées pratiquement sans effet sur la maladie

A l’issue d’une réunion de crise tenue avant-hier avec le Comité National de Gestion des Epidémies (Cnge), le président de la République a décrété un état d’urgence assorti d’un couvre-feu dans les régions de Dakar et de Thiès. Des mesures jugées pratiquement sans effet sur la maladie. C’est ce que pensent certains Sénégalais qui préconisent que l’Etat fasse preuve d’intransigeance dans le respect des gestes barrières et l’interdiction des rassemblements.
Afin de faire face à l’inquiétante courbe ascendante des contaminations de la Covid-19, le gouvernement a servi du réchauffé. En effet, Macky Sall et son gouvernement ont remis en place l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin. Pour le moment, seules les régions de Dakar et de Thiès sont concernées par cette nouvelle mesure qui vise à faire échec à la seconde vague. Ces deux régions, selon les autorités, concentrent 90 % des cas positifs. Toutefois, cette nouvelle phase entamée dans la lutte contre la seconde vague de Coronavirus au Sénégal suscite un énorme tollé, notamment sur les réseaux sociaux.
Dans un post publié sur sa page Facebook et intitulé : «Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu : encore une inutile vieille charrue de Monsieur Macky Sall », l’ancien ministre-conseiller de Macky Sall, Moustapha Diakhaté, estime qu’«en recourant pour la deuxième fois en moins d’un an à l’instauration de l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu, le Président Macky Sall vient de reconnaître l’échec de sa politique de lutte contre la propagation de l’épidémie de la Covid 19».
Contrairement aux discours triomphalistes des thuriféraires du régime, ajoute Moustapha Diakhaté, les chiffres montrent bien que le Sénégal est le bon dernier en Afrique de l’ouest. A l’en croire, l’état d’urgence sanitaire n’est pas une méthode pour ralentir l’épidémie à Coronavirus. «Dans la mesure où c’est durant le premier état d’urgence que toutes les régions du pays ont été infectées. Ce deuxième état d’urgence illustre, en fait, le manque de courage du gouvernement pour rendre obligatoire le port du masque et interdire les rassemblements non essentiels comme baptêmes, chants religieux, prières collectives, funérailles, mariages dans toutes les communes où la contamination est la plus forte», souligne l’ancien président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar.
Filant la bonne recette au gouvernement, Moustapha Diakhaté propose de fournir gratuitement des masques aux populations et d’imposer leur port sur l’ensemble du territoire national. «Au lieu d’instaurer un autre état d’urgence, le gouvernement doit fournir des masques gratuits à toute la population et faire preuve de fermeté dans l’imposition de leur port dans les 557 communes, lieux recevant du public, transports publics comme particuliers, entreprises et dans les lieux de cultes», dit l’ex-proche de Macky Sall.
DR BOUBACAR SIGNATE : «ON NE REGLE PAS UN IMPERATIF SANITAIRE PAR UN IMPERATIF SECURITAIRE POUR PROTEGER UN IMPERATIF ECONOMIQUE»
Même ton chez le Médecin-urgentiste, Dr Boubacar Signaté abonde dans le même sens que Moustapha Diakhaté et parle d’«Arithmétique Sanitaire !» dans un post sur Facebook. Dans sa publication, il invite le Sénégal à faire la somme des cas de Covid-19 de la région Diourbel (zone de Touba et Mbacké) et de la région de Kaolack, de la comparer avec celle de la région de Thiès et Dakar. Puis de comparer le nombre de décès liés à la Covid-19 dans les régions de Kaolack et Diourbel et celui des régions de Dakar et Thiès où le couvre-feu est instauré. Pour Dr Signaté, il faut tout simplement un changement de stratégie dans la lutte contre cet ennemi invisible venu de Chine. «On ne règle pas un impératif sanitaire par un impératif sécuritaire pour protéger un impératif économique. Il faut arrêter de compter les tests positifs, le nombre de malades et de décès, il faut éviter que les gens ne tombent malades et n’arrivent pas à l’hôpital», a-t-il recommandé. Il a demandé au gouvernement de ne pas fléchir dans le respect des gestes barrières. « Il faut faire respecter les mesures barrières avec courage, se l’appliquer avec responsabilité, c’est la seule chose qui marche, rien d’autre », conclut le Médecin-Urgentiste