UNE ARNAQUE PURE ET DURE
Destinée à assurer la diminution du taux de fluorure de sodium et de chlorure dans l’eau consommée depuis toujours par les populations de la commune de Fatick, l’usine de défluoration est en panne depuis quelque temps

L’écoulement de l’eau douce des robinets à Fatick, après la mise en service en février dernier de la station de défluoration, n’aura duré que le temps d’une rose. Les populations qui avaient poussé un gros ouf de soulagement sont aujourd’hui animées d’un sentiment de désespoir et de culpabilité. Ce qui en effet était à une promesse électorale n’est en fait qu’une arnaque dont «L‘As» a fini de cerner le mystère.
Destinée à assurer la diminution du taux de fluorure de sodium et de chlorure dans l’eau consommée depuis toujours par les populations de la commune de Fatick, l’usine de défluoration est en panne depuis quelque temps. Une situation qui a fini de heurter l’orgueil des populations qui culpabilisent et se sentent abusées.
En effet, si pour certains, il faut se rendre à l’évidence et accepter que la mise en service de l‘usine n’était en réalité qu’un leurre pour amener les populations à voter en faveur du candidat Macky Sall à la dernière élection présidentielle, pour d’autres, ceci est une arnaque qui mérite d’être résolue auprès des juridictions compétentes. Une thèse partagée par un ingénieur ayant travaillé sur le projet et avec qui nous nous sommes entretenus. Sous le sceau de l’anonymat, notre source estime que le véritable problème, c’est que l’évolution de la population entre la période de la conception du projet et sa réalisation n’a pas été prise en compte par les autorités.
A l’en croire, les responsables du projet ont construit l’usine, selon la base des informations démographiques de la population de Fatick au moment de la conception. «Or, le projet a été conçu sous Wade», précise-t-il avant d’ajouter qu’il était prévu deux réacteurs pour alimenter le réseau au moment de la conception du projet, compte tenu du poids démographique de la commune. «Il est évident que le nombre de réacteurs prévu à l’époque était devenu insuffisant au moment de la réalisation. Il fallait penser à renforcer le matériel. Ce qui malheureusement n’a pas été fait. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’au début de la mise en service de l’usine, certains quartiers ne disposaient pas en permanence d’eau», explique notre interlocuteur qui considère qu’il faut un troisième réacteur pour assurer la bonne marche de l’usine.
D’après nos informations, l’un des réacteurs serait en panne. «Normalement, les réacteurs doivent fonctionner 16 heures par jour. Mais ici, on est obligé de les mettre en marche au moins 22h par jour. C’est d’ailleurs pour cela que l’un des réacteurs n’est plus en bon état. Ce qui explique la mauvaise qualité de l’eau», déclare l’ingénieur qui révèle que le reste de l’eau fluoré est mélangé à l’eau traitée pour masquer la teneur du sel.
Rappelons que ce projet d’un coût de trois 3,6 milliards Fcfa fait partie d’un programme de renforcement de l’alimentation en eau dans les régions de l’intérieur. Si l’on se fie aux propos de Charles Fall à l’époque, le projet est composé de plusieurs volets dont le renforcement de la production et du stockage dispose d’une capacité de 3600 m3/ jour pour au moins cinquante mille habitants. Mise en service à la veille de l’élection présidentielle de 2019, l’usine de défluorisation de sel n’arrive toujours pas à soulager les populations de Fatick qui ont longtemps souffert de la consommation d’une eau de mauvaise qualité.