UNE FUITE EN AVANT QUI CACHE D’AUTRES MOTIVATIONS ?
Confection de masques : Moustapha Diop suspend son arrêté rendant obligatoire la certification ns-qualité Sénégal

C’est l’agence de presse sénégalaise qui annonce la nouvelle. Le ministre du développement industriel et des Petites et moyennes industries a décidé d’annuler l’obligation pour les tailleurs, d’obtenir la certification ns-Qualité Sénégal avant de mettre les masques qu’ils confectionnent sur le marché. Le ministre Moustapha diop cède ainsi à la pression des fabricants de masques qui, à l’en croire, auraient «souhaité l’allégement de la procédure et des modalités de certification des masques barrières, pour pouvoir continuer à participer à l’effort national de lutte contre le coronavirus».
C’est pourtant vendredi dernier seulement que cet arrêté a été rendu public mais ce lundi, tous ceux qui avaient applaudi des deux mains ont été surpris d’apprendre que cette décision, somme toute assez logique et fort courageuse, a été annulée. La norme de certification dénommée «ns 15-014 : 2020» imposait des « exigences minimales de confection et d’usage et méthodes d’essai ». ceux qui avaient accueilli favorablement cet arrêté s’étaient inquiétés de la floraison de masques fabriqués dans des arrière-cours par des tailleurs peu scrupuleux ou… ignorants et qui ne respectaient ni mesures d’hygiène, ni aucune norme établie pour la confection de leurs produits.
C’est ainsi que toutes sortes de masques, des plus sophistiqués aux plus loufoques étaient vendus n’importe comment par n’importe qui alors que personne, aucune institution ne pouvait certifier leur efficacité contre la contamination du coronavirus. il était donc logique que des normes garantissant la qualité de protection des masques soient établies. Mais Moustapha diop y est allé comme un « médecin après la mort ». car son arrêté est intervenu après que des centaines d’entreprises de confection et d’artisans tailleurs de quartiers ont fabriqué des milliers et des milliers de masques dont personne ne pouvait garantir qu’ils protègent vraiment contre la contamination. Tous ceux qui déambulent dans nos rues en affichant fièrement leurs masques achetés chez des marchands ambulants par exemple ne sont pas sûrs de l’efficacité du bout de tissu qu’ils portent sur le visage.
C’est donc bien avant que tout ce beau monde ne se mette à l’ouvrage pour « participer à l’effort national de lutte contre le coronavirus » qu’il fallait établir les normes. Pas après. aussi, il est légitime de se poser des questions sur les réelles motivations de Moustapha diop lorsqu’il produisait cet arrêté et de se demander pourquoi a-t-il fait machine arrière de manière spectaculaire deux jours seulement après sa décision. Certains croient savoir qu’il a agi surtout pour des raisons politiques. Car, ayant constaté qu’un grand nombre de ses rivaux politiques ont commandé des milliers de masques pour les distribuer gratuitement aux populations alors que lui-même n’a rien fait ou n’en a fait que trop peu, par jalousie contre ces derniers il aura donc voulu amorcer une contre-offensive pour stopper leurs actions.
Explication politique, peut-être, mais à ne pas écarter derechef. Mais il y a une autre explication, plus prosaïque mais qui pourrait tout aussi bien tenir la route. L’homme est réputé très proche des industriels sénégalo-libanais qui possèdent plusieurs PME de confection et il a visité, il y a quelques semaines, certaines de ces entreprises et a félicité les patrons pour leurs «efforts dans la lutte contre covid 19 ». Il n’avait pas encore pris conscience de la nécessité de mettre en place des normes de fabrication. Son arrêté de vendredi dernier aurait-il contrarié ces industriels libanais en perturbant leurs plans d’affaires ? Les pressions qu’il avoue avoir subies ne viendraient-elles pas de cette catégorie d’hommes d’affaires seulement à la recherche de profit ?
Toujours est-il qu’en suspendant son arrêté – pris tardivement, il faut le dire —, le ministre du développement industriel et des Petites et moyennes industries est en train de priver ces entreprises de l’exclusivité de la confection des masques qu’ils pensaient pouvoir obtenir par l’élaboration de normes strictes. or, ces normes de certification «ns 15-014 : 2020» étaient aussi drastiques pour les artisans tailleurs que pour les PMe de confection. on peut donc comprendre aisément que ces dernières puissent mettre la pression sur le ministre afin qu’il en assouplisse les critères, d’où cette mesure de suspension. Motivations… financières ? notre langue au chat !