LE SÉNÉGAL DE FAVORI À SURSITAIRE
Depuis que les « Lions » ont été freinés par les « Fennecs » d’Algérie lors de la deuxième journée et que les « Harambes Stars » se sont bien repris face à la Tanzanie, la donne a changé dans le groupe C

Sénégal-Kenya de tout à l’heure (19h GMT) au Stade du 30 juin du Caire, comptant pour la 3ème et dernière journée du groupe C de la Can de football, est parti pour être indécis. Car, depuis que les « Lions » ont été freinés par les « Fennecs » d’Algérie lors de la deuxième journée et que les « Harambes Stars » se sont bien repris face à la Tanzanie, la donne a changé dans ce groupe. Car, de favori, le Sénégal est passé sursitaire du fait de la menace du Kenya décidé à lui chiper la 2ème place qualificative aux huitièmes de finale (la première étant prise par l’Algérie avec 6 points). Les deux protagonistes sont décidés à décrocher la qualification directe au second tour sans avoir à passer par les quatre meilleurs troisièmes, une nouvelle donne introduite depuis que la Caf a changé la formule faisant passer les équipes qualifiées au tournoi finale de 16 à 24. Et au coup d’envoi de ce match, Sénégalais (2ème avec 3 points + 1) et Kenyans (3ème avec 3 points – 1) peuvent encore se qualifier. Les Kenyans s’y voient déjà comme leur vice-capitaine Johanna Ochieng l’a clairement dit. « Nous voulons écrire l’histoire du football kenyan ». Mais Aliou Cissé a vite fait de répliquer. « Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre cette campagne, à aller jusqu’au 19 juillet », c’est-à-dire jusqu’à la finale.
Pour le technicien sénégalais, personne dans la Tanière n’a envie de renter dès lundi (…) « On a envie de continuer l’aventure. Nous savons que ça serait difficile, nous ne devons pas perdre ce match décisif. Nous en sommes parfaitement conscients », a-t-il rajouté.
Dans le camp d’en face, la préoccupation, c’est de savoir comment faire pour neutraliser le virevoltant Sadio Mané. Le sélectionneur kenyan, Sébastien Migné, n’a pas encore trouvé réponse. « C’est difficile. Contre l’Algérie on l’a vu sur quelques changements de rythme et accélérations à quel point il est difficile de le gérer. Mais, si je dois mettre un doigt sur Sadio Mané, il va falloir que je m’étende sur Niang et sur Sarr », avait-il dit après son match contre la Tanzanie. A son avis, le Sénégal compte une flopée de grands joueurs. « On va essayer la meilleure façon de les respecter, mais ne rien lâcher et encore rester plus vigilant que d’habitude face à ce type de joueur. Et surtout essayer de le faire douter», a-t-il déclaré. Mais Sébastien Migné a souligné qu’aujourd’hui, « il y a quand même une petite pression sur le Sénégal, même si le rapport des forces est différent. Imaginez la détonation que ça ferait pour cette équipe de ne pas se qualifier. Ce sera inconcevable pour les Sénégalais. On va essayer de jouer sur ça », a-t-il ajouté.
Une suprématie à confirmer
Trois fois le Sénégal a croisé le chemin du Kenya en phase finale de Can. Et excepté le nul vierge de la deuxième journée du Groupe B à Annaba (Algérie 1990), les « Harambee Stars » ont toujours bu la tasse face aux « Lions » : 0 – 3 à Dakar lors de la Can 1992 et douze ans plus tard à Bizerte lors de la Can « Tunisie 2004 ». Aliou Cissé, le sélectionneur national, a beau ne pas « accorder trop d’importance à ces histoires de bête noire », la réalité est que le Sénégal s’en est toujours bien sorti face au Kenya en Can. Mieux, à chaque fois que les deux équipes se sont retrouvées dans le même groupe en phase finale, le Sénégal a accédé au second tour. La première fois, malgré le nul blanc, la génération des Bocandé et autres Lamine Ndiaye, Moussa Ndaw et Mamadou Marième Diallo avaient atteint les demi-finales et s’étaient fait battre par l’Algérie, futur vainqueur à domicile. Deux ans plus tard, Jules Bocandé,
Souleymane Sané et Victor Diagne avaient fait exploser Mike okoth Origi (le père de Divock, le partenaire de Sadio Mané à Liverpool) et ses partenaires dans un stade de l’Amitié (actuel Léopold S. Senghor) pour passer en quarts de finale. Et en 2004, l’équipe sénégalaise entraînée par Abdoulaye Sarr et Amara Traoré et avec un certain… Aliou Cissé dans l’entrejeu, s’était promenée devant les « Harambee Stars » pour ne se faire éliminer qu’en demi-finales par l’Egypte, futur vainqueur, après avoir sorti la Guinée de Feindouno en quarts.
Et même en amical, en janvier 2012 sur la route de la tristement célèbre Can 2012, la seule d’où le Sénégal était revenu avec un zéro pointé (3 défaites en 3 matchs de groupe), les « Lions » avaient battu le Kenya à Dakar grâce à un but de Papis Demba Cissé. C’est dire s’il y a vraiment une suprématie sénégalaise qui s’est installée au fil des années et des confrontations entre les deux formations.
Alors, l’actuelle cuvée des « Lions » ne saurait, ne doit pas faire moins bien que ses devancières. Intrinsèquement, cette équipe entraînée par Aliou Cissé soutiendrait la comparaison avec n’importe laquelle de ses prédécesseurs qui s’en étaient toujours sortis face au Kenya. Car, aucune de ces équipes passées ne pointait alors à la première place du ranking africain de la Fifa (même si cela ne veut pas forcément pas dire grand-chose).
En plus, rarement une équipe sénégalaise aura été mise dans d’aussi belles conditions de performance que la présente. Malgré tout, Sadio Mané et ses partenaires ont musardé en chemin, s’imposant devant la faible Tanzanie avant de courber l’échine sous les coups de boutoir de l’Algérie, sans même être tombés les armes à la main. En dépit de l’opinion du coach selon qui « le match contre l’Algérie n’était pas si mauvais que ça ». Là, ils sont face à leur destin. Et il n’y a pas 36 000 façons d’aborder ce match. Il faut le gagner, au pire des cas ne pas le perdre. « Nous avons envie de rester ici jusqu’au 19 juillet » date de la finale, a clairement affirmé le coach national. « Il nous faut nous relever et continuer notre marche en avant », a ajouté Sada Thioub en conférence d’avant-match hier dimanche au Stade du 30 juin du Caire. Seulement, les déclarations d’intention, les proclamations à l’emporte-pièce, on en a eu plus que notre dose. Ce Sénégal-Kenya est un match à gagner. Il ne suffit pas de le dire. Il faut le faire ! Aujourd’hui, on va savoir si cette génération qu’on disait taillée pour conquérir le continent a vraiment la carrure d’un possible futur champion.