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LES LUTTEURS SÉNÉGALAIS SUR LE MARCHÉ DU MMA

Les frontières de l’art martial national ont été repoussées en décembre dernier lorsque Oumar Kane, dit «Reug Reug», a étalé Sofiane Boukichou après une salve d’uppercuts

Le Temps  |   Romuald Gadegbeku  |   Publication 16/04/2020

Les arts martiaux mixtes (MMA) et l’UFC, leur organisation la plus en vue, attirent toujours plus dans l’octogone des combattants de tous pays et de toutes disciplines. Au Sénégal, ils séduisent les pratiquants d’une lutte ancestrale riche en traditions mais en perte de vitesse économique.

De Mbour à Pikine. Des plages de Dakar à sa banlieue, les gamins qui s’entraînent à la lutte sénégalaise rêvent désormais de l’autre côté de l’Atlantique. Les frontières de l’art martial national ont été repoussées en décembre dernier lorsque Oumar Kane, dit «Reug Reug», a étalé Sofiane Boukichou après une salve d’uppercuts. C’était à Dakar lors du Ares Fighting Championship, un gala d'arts martiaux mixtes (MMA) où Reug Reug, 27 ans, 1 m 96, 120 kilos, recyclait ses savoirs de lutteur appris à Thiaroye.

Le MMA est, à la différence de la lutte, une discipline qui mélange plusieurs techniques de combat. Et autorise coups de poing, pied, genou et coude, ainsi que les coups au sol, et les soumissions, le tout dans une cage en forme d’octogone. «Je suis un combattant, je veux me mesurer aux meilleurs. Avec la mondialisation, il faut s’ouvrir à toutes les disciplines, et le MMA, c’est le top, à tous points de vue», clame Oumar Kane. Depuis sa victoire, disponible en Mondovision sur l’UFC Fight Pass (le service de streaming de l’UFC), son nom provoque une frénésie labiale dans le milieu. Notamment aux Etats-Unis, qui se sont découvert un intérêt soudain pour les lutteurs sénégalais.

La réciproque est vraie. Fernand Lopez, organisateur de l’événement dakarois, l’a observé de près: «J’ai accueilli des combattants sénégalais lors de l’event, quasiment tous les lutteurs s’intéressent au MMA aujourd’hui, mais c’est un autre monde, il y a une différence de culture entre les deux sports…» Cette différence crée un fossé entre les générations: si la discipline passionne la jeunesse, les gardiens du temple du Comité national de gestion de la lutte (CNG) la voient d’un moins bon œil. Organisée sous forme de fédération, l’instance a pour objectif d’encadrer la pratique et de sauvegarder le patrimoine culturel qu’elle porte. «Le MMA n’existe pas en tant que discipline sportive au Sénégal, pose calmement Thierno Kâ, directeur de la communication de la fédération. Comme Reug Reug, beaucoup s’y essaient mais il y a peu de risques que le MMA supplante la lutte. Un sport où l’on peut frapper un adversaire à terre, ça ne m’intéresse pas.»

Un folklore devenu spectacle

«Il y a quarante ans, les lutteurs étaient bien plus techniques que ceux d’aujourd’hui», poursuit Thierno Kâ. C’est sa manière de dire que «c’était mieux avant». «Avant», c’était depuis le XIVe ou le XVe siècle une lutte sénégalaise comme art des terroirs. Les guerriers imprégnés de safara (eau bénite) avaient pour charge de protéger les anciens du village dans des combats précédés de prières, de sacrifices mystiques et de musique folklorique, où les trophées étaient une épouse, des victuailles parfois, et le plus souvent l’honneur d’avoir défendu sa terre. «Un sport identitaire», résume Dominique Chevé, chercheuse en anthropologie à l’Université d’Aix-Marseille, qui a écrit et dirigé des bouquins sur le sujet. «De par les tenues ou les techniques des lutteurs, on savait s’ils étaient wolofs, sérères ou diolas.»

Plus tard, dans les années 1920, la lutte devient un spectacle sportif, pour le plus grand bonheur des colons, et des poches de Maurice Jacquin, un producteur de cinéma qui met sur pied les combats devenus payants au cinéma El Malick à Dakar. Déjà, la violence fait fureur. On y popularise le Lamb, c’est-à-dire la lutte avec coups portés, qui coexiste avec l’école du Mbapatt (lutte sans frappe) traditionnel. Le premier remporte les suffrages auprès des fans et ancre le sport dans la modernité. Dans les années 1990, les promoteurs qui organisent les combats se multiplient. Pour juguler leur influence, le CNG est créé en 1994. La lutte devient «le sport national».

100 millions de francs CFA par combat

La décennie suivante verra l’arrivée de son immense star: Mouhamed Ndao, dit «Tyson», qui distribue les «pains» autant qu’il encaisse des cachets allant jusqu’à 100 millions de francs CFA (600 000 dollars) par combat. A cette époque, Orange est l’un des sponsors principaux des compétitions. Le statut social du lutteur est rehaussé, les politiques n’hésitent plus à s’afficher à leurs côtés. Les idoles naissent en même temps que leurs fidèles qui, dans les écuries de lutte, chassent le rêve de s’en sortir. «Si les rituels avant les combats persistaient, on observe dans les années 2000 que la lutte était rentrée quand même dans une logique commerciale et mainstream, analyse Dominique Chevé. Un exemple, lors des combats, le rap ou les musiques modernes concurrencent maintenant la musique traditionnelle.»

Comme «Tyson», les lutteurs qui réussissent aujourd’hui peuvent s’enrichir bien plus que leurs prédécesseurs, qui voyaient l’argent irriguer une multitude d’acteurs et se contentaient du reste. «Malgré l’engouement de la jeunesse, il y a toujours beaucoup d’appelés pour peu d’élus», prévient Dominique Chevé. En 2018, le CNG recensait 164 écuries de lutte, et près de 4000 lutteurs. Moins d’une dizaine atteignent le million de CFA (1500 euros) en une saison. «Les sponsors sont bien moins généreux que lors des années 2000, ils ont atteint leurs objectifs et sont partis», avance Thierno Kâ. En 2017, la lutte sénégalaise a connu une année blanche, sans grand combat, faute de sponsors. C’est sur cette terre fertile mais asséchée que le MMA croît à toute vitesse.

Lutte ou UFC, que choisir?

«Je vois depuis 2012, et mon arrivée au Sénégal, le potentiel énorme en termes de futurs professionnels ou de futurs champions. Le MMA rallie tout ça, et peut permettre de créer une économie qui nous permettrait d’être indépendants», argue Léa Buet, Franco-Sénégalaise, fondatrice d’Adjimé MMA Events, structure organisant des combats et souhaitant développer la pratique au pays. Face à un CNG peu enthousiaste, c’est au niveau privé que la discipline se développe. «Les lutteurs vont vers ce sport, sûrement parce qu’ils se disent qu’il y a plus de sous à se faire», souffle Thierno Kâ. Les plus jeunes y trouvent aussi de l’espoir d’y suivre les anciens lutteurs reconvertis – Bombardier, Wouly, Pathé Boye ou Reug Reug – dans un pays où le salaire moyen est inférieur à 150 euros.

Les nouvelles têtes d’affiche africaines de l’UFC (la plus importante organisation de MMA américaine), les Nigérians Israel Adesanya et Kamaru Usman, ou le Camerounais Francis Ngannou, alimentent cet espoir. Et Fernand Lopez de rappeler que les lutteurs sénégalais ont les atouts pour séduire les organisations américaines: «Ils sont en recherche dans la catégorie poids lourds et auront forcément un œil sur les lutteurs sénégalais qui, pour les plus connus, sont des lourds.» Au Sénégal, le manque d’infrastructures, la baisse des dotations ont mis la lutte en danger, offrant ses pratiquants au marché.

Ces dernières années, le sport a perdu de son attractivité économique comme de sa puissance folklorique. «L’objectif ultime demeure de faire de la lutte africaine un sport olympique», espère Thierno Kâ. L’olympisme pourrait lui permettre une renaissance. En attendant, entré dans la cage du MMA, le lutteur sénégalais a quitté son univers très codifié pour atteindre sa plénitude d’être libéral.

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