CRISE DES COMPÉTENCES TECHNIQUES
Ingénieurs hydrauliciens, experts en agroalimentaire, techniciens électromécaniciens : ces profils se raréfient dangereusement sur le marché du travail sénégalais. Un paradoxe alors que la demande explose avec les grands projets d'infrastructure

Experts en ingénierie maritime, hydraulique, agroalimentaire ou encore en électricité... se font de plus en plus rares sur le marché du travail sénégalais. Une tendance alarmante alors que la demande dans ces secteurs ne cesse de croître grâce aux projets d'infrastructure, la transition énergétique ou encore la modernisation de l'agriculture.
Face aux transformations économiques et technologiques du Sénégal, la disponibilité de profils techniques qualifiés devient un enjeu stratégique. L'heure est venue de penser l'emploi autrement, en misant sur l'adéquation formation-emploi, la valorisation des métiers techniques et la digitalisation des ressources humaines. C'est dans cet élan que le groupe Socium spécialisé dans la digitalisation de la gestion des ressources humaines a organisé, le week-end dernier, un panel sur la digitalisation de la gestion des ressources humaines. Donnant ainsi l'occasion à plusieurs spécialistes du recrutement de dresser un constat sans appel sur le marché sénégalais : celui d'un déséquilibre entre l'offre de compétences disponibles et les besoins réels des entreprises.
Selon le directeur général de Humanis Intérim, l'un des leaders du placement de personnel au Sénégal, le monde du travail fait face à une raréfaction de certains profils notamment dans les domaines de l'ingénierie maritime, l'hydraulique, l'agroalimentaire ou encore l'électricité. Pour El Hadj Maguèye Diouf, « il ne s'agit pas seulement de former, mais de former en adéquation avec les réalités économiques et industrielles du pays ». Il impute cette rareté de certains profils techniques à plusieurs facteurs à savoir un système éducatif encore trop théorique, une orientation académique souvent éloignée des réalités professionnelles, mais aussi un manque d'attractivité de certains métiers techniques auprès des jeunes. « Aujourd'hui, les entreprises nous sollicitent pour des postes d'ingénieurs hydrauliciens, d'électromécaniciens ou de techniciens agroalimentaires. Mais nous peinons à en trouver, même avec des critères assouplis. Pourtant, ces profils sont très demandés, y compris à l'international », souligne-t-il.
À cela s'ajoute la problématique de la digitalisation dans le processus de recrutement. Selon Serigne Mouhamadou Sèye, Directeur des opérations à Socium, la digitalisation est devenue aujourd'hui un levier de modernisation du recrutement. Ainsi, il juge essentiel que les entreprises sénégalaises adoptent des outils RH modernes permettant non seulement de mieux identifier les compétences disponibles, mais aussi de suivre les parcours professionnels et les besoins en formation. « La digitalisation des RH ne doit pas être perçue comme un luxe. C'est une nécessité pour anticiper les pénuries, améliorer la transparence et optimiser le placement des talents », a-t-il affirmé.