ABDOUL MBAYE FAIT LA LEÇON A OUSMANE SONKO
POLEMIQUE AUTOUR DU FRANC CFA

L’ancien premier ministre Abdoul Mbaye a enfilé ses habits de banquier et surtout de formateur à l’Ecole nationale d’administration et magistrature (Enam) pour donner son avis sur le débat sur l’opportunité de quitter le Franc CFA pour une autre monnaie. sa sortie fait suite à celle du président du Pastef, Ousmane Sonko qui considère le Franc cfa comme un facteur bloquant au développement du pays. Mais, Abdoul Mbaye semble prendre le contrepied, même s’il pense qu’il faut renégocier la pratique «découvert contre domiciliation»
Le débat sur l’utilité du franc Cfa pour le développement du pays s’instaure au sein de l’opposition sénégalaise. Mais, les avis des opposants divergent sur la nécessité d’abandonner le franc Cfa ou de continuer à utiliser cette monnaie considérée comme le prolongement de la colonisation. En effet, après la sortie du président du Pastef, Ousmane Sonko qui promet de quitter le franc Cfa une fois élu président de la République, le président du parti Act, Abdoul Mbaye prend son contrepied. «L’obligation de déposer une partie de ses réserves dans les comptes en euros du Trésor français est la contrepartie de l’obligation pour ce dernier d’accorder des découverts à la banque centrale si elle en avait besoin comme ce fut le cas au début des années 90. Découverts contre domiciliation de recettes est une pratique bancaire généralisée», a souligné d’emblée le banquier.
Seulement, il pense que cela doit être renégocié s’il est prouvé que cette pratique gêne le franc Cfa. «Cela peut être aussi concession à la part émotionnelle du débat. Tâchons de rester correct et simple pour mieux faire comprendre certains aspects de la monnaie à des non initiés. Si l’idéologie, la politique politicienne et l’émotion peuvent avoir un rôle dans les choix monétaires, il est par contre essentiel de limiter ce dernier et de laisser à la technique la place qui doit être la sienne», a écrit l’ancien Premier ministre dans une note. «Lorsqu’un anticolonialiste sénégalais ou africain méritant détient des euros, il ne les jette pas à la poubelle dans le cadre de son combat pour l’indépendance de sa monnaie. Il les change en monnaie locale et les euros finissent à la banque centrale. Ils deviennent des réserves», relativiste-t-il.
Toutefois, ajoute le président de l’Act, ce dernier peut aussi faire le choix «non patriotique» de les conserver car pouvant les utiliser n’importe où hors de son pays. Ainsi, si l’euro lui offre ses possibilités, ce n’est pas le cas, dit-il, pour le franc Cfa. «C’est parce que l’euro a statut de monnaie de réserve mondiale. Ce n’est pas le cas du CFA. Ce sera encore moins le cas de la monnaie sénégalaise qui pourrait le remplacer», avertit-il. Selon lui, c’est par cet exemple du change que se constituent les réserves qui sont la contrepartie de l’émission de CFA.
Ainsi, elles sont conservées par la Banque centrale en devises, ou en or, ou en autres actifs. «Les devises, essentielles aux opérations courantes de chaque journée d’économie, sont conservées dans des comptes bancaires, les euros dans des comptes en euros, les dollars dans des comptes en dollars, etc. Voilà l’une des raisons pour lesquelles les réserves de la Banque centrale en devises (hormis les billets) sont conservées dans des comptes à l’étranger, qu’il s’agisse d’un ancien colonisateur ou d’un impérialiste», a indiqué l’ancien chargé du cours d’économie monétaire à l’Ecole Nationale d’Administration et de la Magistrature (Enam).