ALERTE ROUGE SUR LA DETTE SÉNÉGALAISE À LUANDA
Avec une dette réévaluée à 118% du PIB et une note dégradée à « CCC+ », le pays illustre désormais l'urgence d'une refonte du système financier international réclamée par les dirigeants africains en marge du sommet UE-UA

(SenePlus) - Alors que les dirigeants africains et européens se sont réunis ce lundi à Luanda pour le sommet UA-UE, une urgence a dominé l'agenda : l'asphyxie financière du continent. Si le président angolais João Lourenço a plaidé pour une refonte globale du système, son discours a trouvé une résonance particulière pour le Sénégal, explicitement cité comme le nouveau foyer d'inquiétude par une dépêche de l'agence Reuters diffusée en marge de la rencontre.
L'appel lancé par le président en exercice de l'Union africaine pour des « outils de restructuration plus équitables » semble avoir été écrit pour Dakar. Comme le rapporte Reuters, les craintes concernant un « surendettement » sont revenues au premier plan, ciblant spécifiquement des économies autrefois stables comme le Sénégal et le Mozambique.
Cette mise en lumière internationale intervient alors que le pays traverse une zone de turbulences sans précédent. Les récentes révélations sur l'ampleur réelle de la dette publique, réévaluée à près de 118% du PIB après audit, ont provoqué une onde de choc sur les marchés. La dégradation de la note souveraine à « CCC+ » par Standard & Poor's a confirmé le diagnostic : le Sénégal est désormais perçu comme un emprunteur à risque, illustrant tragiquement l'avertissement de João Lourenço sur les nations qui étouffent sous le poids de leurs créances.
Pour les nouvelles autorités sénégalaises, le sommet de Luanda met le doigt sur une plaie vive. Le Premier ministre Ousmane Sonko se trouve pris en étau : il doit gérer une crise de liquidités aiguë tout en refusant, au nom de la souveraineté nationale, les conditionnalités drastiques qu'impliquerait une restructuration classique sous l'égide du FMI.
C'est précisément pour sortir de ce type d'impasse que João Lourenço a réclamé à Luanda « une nouvelle vision des relations financières ». L'échec du « Cadre commun » du G20, dont la lenteur a été fustigée lors des débats, montre ses limites pour un pays comme le Sénégal qui a besoin d'oxygène immédiat sans passer par les fourches caudines de l'austérité brutale.
Face à ce mur de la dette, le Sénégal pourrait trouver son salut dans les propositions portées par l'Afrique du Sud, qui préside le G20 cette année. Un panel d'experts africains a suggéré de remplacer la logique punitive du rééchelonnement par celle du refinancement à moindre coût. Cette approche, soutenue à Luanda, permettrait à Dakar de conserver ses marges de manœuvre budgétaires pour le développement, une exigence martelée par le président angolais devant ses pairs.
Le soutien apporté par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à cette fronde contre une architecture financière jugée « obsolète et injuste » offre une couverture politique bienvenue à Dakar. Mais pour l'heure, comme le souligne l'agence Reuters, le temps presse : sans mécanismes innovants rapidement mis en place, le Sénégal risque de devenir le cas d'école d'une crise que le sommet de Luanda avait pourtant promis d'éviter.











