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1 décembre 2025
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par Birane Diop

OUSMANE NDIAYE, UNE PLUME LUCIDE FACE AU DÉNI DÉMOCRATIQUE EN AFRIQUE

EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le tumulte des crises - inflation, terrorisme, extrême pauvreté, le livre d’Ousmane Ndiaye résonne comme un signal d’alarme. Les putschistes de l’AES, comme tous les régimes populistes autoritaires, ne construisent pas l’avenir

Birane Diop  |   Publication 13/11/2025

J’ai lu, dès sa parution en juillet 2025, le remarquable essai du journaliste Ousmane Ndiaye, L’Afrique contre la démocratie : mythes, déni et péril (Editions Riveneuve, 2025). C’est un ouvrage intimiste, incisif, comme le souligne avec justesse, son préfacier, le professeur Jean-François Akandji-Kombé. J’ajouterais qu’il déploie une érudition rare, nourrie par le long compagnonnage de l’auteur avec le terrain, les peuples, les crises et les espérances africaines.

Fort de plus de vingt années d’expérience journalistique, Ousmane Ndiaye a sillonné les rédactions et les zones de tension, observé les dynamiques politiques, économiques et sociales sur tout le continent. Il parle en témoin lucide, animé d’une exigence de vérité.

Son texte m’avait profondément touché par la lucidité de son analyse. Ousmane Ndiaye y dissèque, avec une rigueur clinique, les contradictions internes des régimes africains, tout en mettant à nu les logiques héritées de la colonisation, fondées sur une négation structurelle et assumée des formes de démocratie préexistantes.

Il montre comment l’histoire postcoloniale du continent, marquée par la confiscation du pouvoir, les alternances avortées symbolisées par des figures historiques de l’opposition et les coups d’Etat à répétition, a installé une méfiance quasi organique envers la démocratie.

Je l’ai relu ce week-end, dans un contexte de crise du carburant qui paralyse le Mali, le pays d’Aminata Dramane Traoré, autrice du Viol de l’imaginaire (Fayard, 2002), camarade d’esprit du romancier sénégalais Boubacar Boris Diop, pape de la « kagaméphilie » et admirateur déclaré d’Assimi Goïta et d’Ibrahim Traoré. Pour preuve, le père de Murambi, le livre des ossements (Stock, 2000) avait exprimé toute son admiration pour les deux putschistes dans les colonnes d’El País, lors d’un entretien avec le journaliste José Naranjo, le 7 juin 2023.

Aujourd’hui, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al Qaïda, impose un blocus autour de Bamako. Le Résultat est terrible et sans appel : une pénurie de carburant en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, dans un quotidien déjà éprouvé par les coupures d’électricité, l’inflation et la lassitude populaire.

Le Mali, comme une métaphore du continent, se retrouve pris entre deux étaux : la menace jihadiste et l’enfermement militaro-nationaliste. Cette situation tragique confirme les mots prémonitoires de feu Soumaïla Cissé. Quand Ousmane Ndiaye lui demanda : « Le Mali a-t-il touché le fond après la défaite face aux jihadistes au Nord et le coup d’Etat militaire au Sud ? », Cissé répondit d’une voix grave : « Oui, mais il peut encore creuser le fond. » Depuis, l’histoire lui a tristement donné raison.

L’illusion du pouvoir fort

Depuis plusieurs années, le Sahel succombe à la tentation du pouvoir kaki. Les militaires ont pris les palais présidentiels au nom de la souveraineté, de la dignité, de la fierté nationale. Leur discours, habilement construit, joue sur les frustrations accumulées : la misère persistante, la corruption endémique, et l’échec des Etats postcoloniaux. Mais ce discours de rupture, s’il flatte les colères légitimes, se révèle être une fuite en avant.

A Bamako, Ouagadougou ou Niamey, les juntes se présentent comme les redresseurs d’un continent trahi. Leur rhétorique, simpliste et dangereuse, se résume en une équation bancale : rupture avec l’ancien colon - la France ; divorce avec la CEDEAO ; rejet du franc CFA. Soutenus par des activistes - voire des « afroclowns », comme Kémi Séba, Nathalie Yamb, et une armée de propagandistes numériques ou d’intellectuels populistes, les putschistes déroulent un agenda empreint d’un nationalisme primaire.

Dans les rues de Bamako, de Ouagadougou ou de Niamey, les foules brandissent leurs portraits, scandent leurs noms, voient en eux les héritiers de Thomas Sankara. Une incise s’impose : aux néo-panafricanistes fascinés par la légende sankariste, je recommande le livre de Joël Té-Léssia Assoko, Enterrer Sankara (Editions Riveneuve, 2025), qui passe au crible les années de Sankara à la tête du Burkina-Faso.

Mais cette ferveur, si sincère soit-elle, repose sur une méprise : la confusion entre indépendance et isolement, entre autorité et autoritarisme, entre fierté et fermeture.

Ainsi, l’Occident devient l’ennemi commode ; la démocratie, la coupable idéale de tous les maux : corruption, pauvreté, précarité, retard économique.

Mais derrière la ferveur se cache l’illusion. Car la souveraineté tant chantée n’a de sens que si elle appartient aux citoyens : celle de parler, de contester, d’élire leurs dirigeants, d’aspirer à une vie digne, à hauteur d’humanité.

Or, sur ce terrain, les nouveaux maîtres du Sahel volent très bas. Les corps intermédiaires se taisent. Les opposants croupissent dans les geôles. Les voix discordantes se dissipent dans le silence forcé. Les partis politiques sont dissous. Les symboles changent, mais les méthodes demeurent : le pouvoir se concentre entre les mains d’une oligarchie kaki, le débat s’éteint, la peur s’installe, et les passions tristes inondent les cœurs.

Les fragilités mises à nu

La crise du carburant au Mali n’est pas une anecdote : c’est un révélateur. Elle montre que les slogans ne remplissent pas les réservoirs, que le patriotisme proclamé ne se traduit pas en solutions concrètes. Malgré leurs discours d’indépendance, ces régimes restent prisonniers des circuits qu’ils vilipendent. Le Mali, enclavé, dépend en partie des ports d’Abidjan et de Dakar. Quand la diplomatie se fige et que les crapules jihadistes avancent, les camions cessent de rouler : la peur s’installe et la vie s’arrête. Les files d’attente s’étirent devant les stations-service ; les prix flambent ; les frustrations s’accumulent ; les écoles sont fermées.

Pendant ce temps, la junte répète son mantra : « La situation est maîtrisée. Nous vaincrons l’ennemi ». Les privilèges, eux, demeurent : cortèges officiels, véhicules luxueux, faste protocolaire. Les putschistes ont su capter la colère, mais ils en sont devenus prisonniers. Leur nationalisme de façade ne débouche sur aucune réforme sérieuse, et leur prétendue indépendance repose sur de nouvelles dépendances. La sécurité sur le territoire national est sous la tutelle des paramilitaires russes d’Africa Corps.

L’ironie est cruelle : ces régimes militaires, qui vouent aux gémonies la démocratie, réinventent la servitude. Contrôle de l’information, culte du chef, économie asphyxiée, peur de la parole libre : le scénario est connu, et il se rejoue à l’infini.

Repenser la démocratie à l’aune des putschs militaires

Lire Ousmane Ndiaye aujourd’hui, c’est comprendre que la démocratie n’est pas un produit d’importation, mais un principe universel. Certaines sociétés africaines, bien avant la colonisation, avaient déjà expérimenté des formes d’autogouvernement, de délibération et de régulation communautaire : les palabres des Lébous, les assemblées villageoises des Mossis, ou encore les systèmes de consensus des sociétés Akan. Ousmane Ndiaye ne plaide pas pour une imitation servile du modèle occidental ; il appelle à une refondation intérieure : une démocratie réinventée, organique, nourrie par le débat d’idées et la sauvegarde de la dignité. Repenser la démocratie, c’est restaurer la confiance, réhabiliter la parole, redonner sens à la responsabilité publique. C’est aussi admettre que la liberté ne se décrète pas : elle se cultive, se protège, se partage. Une démocratie ne se mesure pas au nombre d’élections organisées, mais à la qualité du débat public, à la vitalité des contre-pouvoirs, à la place laissée à la dissidence. Sans institutions républicaines solides, sans presse libre, sans justice indépendante, sans société civile vigilante, il n’y aura ni stabilité, ni progrès, ni souveraineté réelle.

Le péril du déni

Dans le tumulte des crises - inflation, terrorisme, extrême pauvreté, le livre d’Ousmane Ndiaye résonne comme un signal d’alarme. Les putschistes de l’AES, comme tous les régimes populistes autoritaires, ne construisent pas l’avenir : ils l’obstruent. Ils ne changent pas la vie des petites gens : ils la corsètent. Leur obsession du contrôle, leur peur du pluralisme, leur négation de la démocratie, leur fascination pour la force trahissent une angoisse plus profonde : celle d’un pouvoir sans légitimité, jamais validée par des élections libres et transparentes. La vraie souveraineté, c’est celle des citoyens. Que vaut une souveraineté de façade sans liberté, sans éducation, sans santé, sans dignité ? Au bout du compte, l’Afrique n’a pas besoin de nouveaux sauveurs : elle a besoin de liberté, de justice sociale, de sécurité, et surtout, de démocratie substantielle. C’est là le message d’Ousmane Ndiaye : un appel à la lucidité, à la responsabilité, et surtout, à la réinvention du lien civique, ce fil fragile, mais essentiel, sans lequel aucune souveraineté ne dure.

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