LE MANQUE DE COMMUNICATION INSTITUTIONNELLE ET SES RISQUES DE SUPPUTATIONS
Le voyage « surprise » du Premier ministre Ousmane Sonko aux Émirats Arabes Unis (EAU) « coïncidant » avec le départ officielle‐ ment annoncé du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à destination de Luanda fait polémique

Le voyage « surprise » du Premier ministre Ousmane Sonko aux Émirats Arabes Unis (EAU) « coïncidant » avec le départ officielle‐ ment annoncé du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à destination de Luanda (Angola) fait polémique ! La tradition républicaine ne saurait tolérer l’absence simultanée des deux chefs de l’Exécutif. S’ajoute à cela un manque de communication institutionnelle qui a provoqué toutes sortes de supputations.
Le samedi 22 novembre 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko s’est envolé à destination des Émirats Arabes Unis (EAU). Un voyage « surprise » aux yeux du peuple sénégalais contrairement au départ annoncé du chef de l’État Bassirou Diomaye Faye pour Luanda (Angola) où il prend part au 7ᵉ Sommet Union Européenne ‐Union Africaine depuis hier.
Selon A. M. Diop, enseignant en Droit constitutionnel, il n’existe pas de loi interdisant explicitement le départ simultané du Président de la République et du Premier ministre, mais la tradition, voire la « pratique » républicaine veut que l’un des deux chefs de l’Exécutif reste au pays pour pouvoir faire face à une situation d’urgence. « Et pourtant, l’agenda de la Présidence prévoyait le déplacement du chef de l’État pour dimanche à Luanda. La veille c’est-à-dire le samedi, le Premier ministre s’est envolé pour l’étranger. En général, si toutefois les deux s’absentent en même temps, c’est le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique qui doit assurer l’intérim des deux chefs de l’Exécutif. Cela consiste à le renforcer davantage pour mieux veiller sur la sécurité intérieure et la sûreté de l’État », explique notre juriste.
A en croire Dr Momar Thiam, expert en communication politique et institutionnelle, la pratique républicaine voudrait qu’ils ne s’absentent pas en même temps. « A la limite, un communiqué de la Primature informant du voyage du Premier ministre serait le bienvenu et éviterait une interprétation tendancieuse de ce déplacement qui fait jaser. Tout cela en rajoute à « la fantasmagorie politique » et alimente davantage des rumeurs malveillantes sur les relations entre le président de la République et son Premier ministre. Pourvu que les résultats, voire les retombées du déplacement « tant commenté » de ce dernier soient à la hauteur du tollé « assourdissant » qu’il a créé », estime l’ancien membre du Pôle Communication de la Présidence de la République sous le régime de Me Abdoulaye Wade.
Combler les lacunes d’information officielle…
Toujours est‐il que le conflit ou le malentendu « feutré » entre le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko constitue un contexte qui influe forcé‐ ment sur chaque acte posé par l’un ou l’autre. Leurs voyages et réunions sont scrutés par une bonne partie de l’opinion qui suit ce « mélodrame politique » comme une série télévisée avec ses différentes saisons. Ainsi, le silence assourdissant du président de la République Diomaye Faye qui en fait une « force tranquille », tranche radicalement avec les actes, discours et agissements des fidèles et militants de son Premier ministre Ousmane Sonko. Des patriotes à l’effigie de « Sonko » qui ne ratent pas une occasion d’attaquer le président de la République, jusqu’à déballer les secrets des différentes rencontres du bureau politique du Pastef. Autant de situations qui créent un malaise et des occasions propices à des interprétations ou supputations hâtives des faits et gestes des différents protagonistes.
En période de crise politique comme celle que nous vivons, la communication institutionnelle doit être stratégique, régulière, anticipative, proactive et transparente. Elle s’articule autour d’un plan de communication préétabli et la diffusion de communiqués officiels via des canaux appropriés. L’objectif est de limiter les impacts négatifs sur la bonne marche des institutions de la République et viser à construire une image positive de l’État. Et surtout de rassurer les citoyens et les hôtes étrangers ainsi que les investisseurs qui vivent ou travaillent parmi nous. Comme quoi, toute absence de communication institutionnelle entraine des supputations (interprétations, hypothèses). Outre les citoyens lambda, journalistes et analystes politiques sont bien dans leur rôle de combler les lacunes d’information et de communication officielle.











