«IL NOUS FAUT UNE GESTION PLUS SOBRE ET VERTUEUSE DES FINANCES»
Abdoul Aziz Kébé agrégé de droit

En faisant des commentaires sur le budget de l’Etat du Sénégal de l’année 2019, le professeur de droit, Abdoul Aziz Kébé, a révélé hier, lors d’un séminaire sur la justice fiscale, que plusieurs entreprises nationales sont endettées. Il annonce que les 21 sociétés publiques ont une dette qui s’élève à 361 milliards de francs CFA. Il a cité l’exemple du Port Autonome de Dakar qui traîne une dette de 20 milliards de francs CFA. Par ailleurs, l’universitaire appelle à une gestion sobre et vertueuse des finances.
Le professeur de Droit, Abdou Aziz Kébé, est également revenu sur les différentes formes de budgets adoptés par le Sénégal. Pour celui de 2019, l’agrégé en Droit soutient que nous avons un budget moyen et non celui de programme qui ne repose pas sur la transparence, encore moins sur la performance. « L’Etat ne cherche pas la performance, mais la régularité », a dit l’enseignant à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.Il explique que dans un budget programme, les crédits sont affectés à des finalités. Ce qui est contraire à celui classique dont les crédits sont affectés à des services. Abdou Aziz Kébé soutient qu’en 2020, quand le Sénégal va adopter un budget programme, la progression sera l’unité de spécialisation et de vote. Dans ce type de budget, M. Kébé souligne qu’il y aura une responsabilité des gestionnaires. « Tous les ministres seront des ordonnateurs de dépenses contrairement à ce qui se passe actuellement », explique le professeur. A ce changement, s’ajoutent des mutations organisationnelles aménagées. C’est le cas de la mise en place d’une Cellule d’Etude et de Planification au sein du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan.
INFORMATIONS FINANCIERES NON EXHAUSTIVES
Pour le professeur agrégé en Droit, un budget programme appelle deux choses : la transparence et la performance. Malgré un budget moyen, le professeur Kébé informe que des bonds ont été faits en matière d’économie depuis 2012. C’est dans ce sens qu’il cite l’exemple de la transparence. Selon lui, il y a eu une augmentation du droit de regard parlementaire. « Le parlement est informé de tout le processus budgétaire. Il en est de même pour le citoyen qui est au cœur du budget, car son droit à l’information a augmenté », dit-il.
Abdou Aziz Kébé n’a pas manqué de dire que l’information financière doit être exhaustive, sauf les informations classées « secret défense ». « Elles doivent être simples pour qu’elles soient bien lues et rendues à temps réel. Il ajoute qu’il y a beaucoup de limites dans l’information financière au Sénégal. « Les déclarations de patrimoine ne sont pas publiées et tout n’est pas accessible pour les citoyens», lance-t-il. Sur l’endettement, le professeur estime qu’il est souvent provoqué par le déficit qui est inférieur aux charges. Du fait du montant de la dette qui est de 6 000 milliards de francs CFA, l’agrégé en Droit souligne que le contexte n’est pas favorable à des légèretés. « Il nous faut une gestion sobre et vertueuse des finances, comme cela se fait partout dans le monde », dit-il. Il rappelle qu’en 2009, l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) avait sorti des directives afin d’adopter une autre façon de dépenser.
Dans ces dernières, l’UEMOA avait mis en place un code de transparence ainsi que la publication des déclarations de transparence. Il souligne que le Sénégal a été le premier pays à appliquer ces directives, au mois de décembre 2012.