ISRA, LES SEMENCES DE LA RELANCE PLANTÉES
Subitement, l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) est projeté sous les feux de la rampe à la faveur d’une controverse portant sur la gestion jugée nébuleuse du directeur général, Dr Momar Talla Seck.

Subitement, l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) est projeté sous les feux de la rampe à la faveur d’une controverse portant sur la gestion jugée nébuleuse du directeur général, Dr Momar Talla Seck. Pourtant, la recherche de manière générale, celle touchant le domaine agricole en particulier, ne rime pas avec tumulte et exposition médiatique. Surtout que l’ISRA, qui se trouvait dans le creux, cherche à se donner une nouvelle impulsion depuis la nomination à sa tête du Dr Momar Talla Seck en novembre 2020. Toujours est-il que, plutôt que de s’illustrer par ses performances scientifiques, c’est plutôt hélas à travers des querelles de syndicats que cet institut qui faisait référence jadis en Afrique, fait parler de lui ces temps-ci. Alors lorsque le Syndicat autonome de la recherche agricole et agroalimentaire (SARAA) dénonce la gestion « administrative calamiteuse » de la direction générale, le SYNTRA et le SYRESTA, autres syndicats de la maison, s’inscrivent en faux contre de telles assertions et prennent la défense du DG. De quoi porter un sérieux coup à l’image de l’ISRA !
La nomination, en novembre 2020, du Dr Momar Talla Seck avait été saluée par tout le petit monde sénégalais de la recherche. Parce que d’abord elle résultait de la promotion interne longtemps réclamée par les chercheurs de la maison. Une volonté pour les hautes autorités d’installer l’ISRA dans un confort psychologique qui ne serait pas possible si un intrus avait été parachuté dans cette grande maison de recherches agricoles. Dr Momar Talla Seck est un produit de l’ISRA puisqu’il a commencé son parcours professionnel au CRZ (centre de recherches zootechniques) de Kolda, l’antenne de l’Institut basé dans la capitale du Fouladou. De novembre 2020 à mars 2022, le nouveau DG a bénéficié d’une période de grâce de 16 mois. Une trêve brusquement rompue en ce mois de mars, lorsqu’on apprend subitement que l’ISRA serait mal géré.
Le SARAA ameute le monde de la recherche et l’opinion sur « une gestion administrative calamiteuse » du Dg Momar Talla Seck. DR Mame Fama Ndiaye, SG du SARAA, sonne la charge et déballe grave en parlant de « dysfonctionnements ». Pêle-mêle, elle dézingue un centre régional d’excellence sans connexion internet pendant plus d’un mois, des essais et expérimentations en souffrance suite à des contrats de prestations arrêtés, une fuite des chercheurs et du personnel vers des horizons meilleurs « à cause d’une mauvaise gestion du personnel », des retards de salaires… « L’ISRA est sous le diktat d’une administration qui n’accompagne pas les enjeux de la recherche et sans aucune vision pour son rayonnement encore moins pour le développement du secteur agricole, avec un manuel de procédures de plus de 10 ans » flingue Dr Mame Fama Ndiaye. N’en jetons plus !
Les syndicats SYNTRA et SYRESTA s’insurgent contre les accusations du SARAA
Hélas, les dénonciations du SARAA contre le Dg Seck ne trouvent pas d’écho au niveau des autres syndicats de la maison. Plus fâcheux, ce sont deux syndicats majoritaires, à savoir le Syndicat national des travailleurs de la recherche agricole (SYNTRA) et Syndicat de la recherche scientifique des travailleurs de l’agriculture (SYRESTA) qui prennent le contrepied du Dr Mame Fama Ndiaye et de ses camarades. Le Syntra et du Syresta, qui regroupent des assistants de recherche, des cadres administratifs et techniques, et aussi le personnel d’appui), à travers une note signée par les deux SG Kader Sy de Syntra et Abdel Sakaly Sagna Syresta, on attire l’attention sur le fait que le directeur général vient à peine de boucler seize (16) mois d’exercice, n’ayant été nommé que le 25 novembre 2020. « Animé d’une volonté inébranlable de redorer le blason très terni de l’ISRA, il n’a pas hésité à boucler un périple de plus de cinq mille kilomètres à travers le pays pour assoir un diagnostic très profond du patrimoine de l’institut. Un périple qui lui a permis de partager ses objectifs, de recueillir les avis et doléances du personnel des centres, grands laboratoires, stations de recherches et papems. Mais surtout de recenser le patrimoine foncier et mettre fin à certaines pratiques dilatoires, ce qui n’est certes pas du goût de tout le monde. Fort de ses constats et plaçant la communication au sein de son dispositif de travail, il a procédé à une réorganisation profonde de l’ISRA en nommant à des postes de de responsabilité suivant les critères du mérite, de la compétence et l’avis des pairs.
Du personnel a aussi été redéployé pour redynamiser certaines structures » soulignent les deux SG Kader Sy et Abdel Sakaly Sagna. Poursuivant, les secrétaires généraux du Syntra et du Syresta notent qu’au chapitre des doléances, il a été fait cas de retards de salaires récurrents, d’arriérés de versements de cotisations sociales IPRES et CSS, de retards d’avancement de catégories et de classes et de carrières mal gérées sans compter la mise en place d’une Institution de Prévoyance Maladie (IPM). Autant de revendications portées par Dr Mame Fama Ndiaye.
« Les efforts de redressement du Dg commencent à porter leurs fruits » selon les deux syndicats majoritaires
Kader Sy et Sakaly Sagna tiennent à préciser que la nouvelle direction générale a hérité de ces doléances. Des griefs récurrents qui ne sauraient être imputés au nouveau DG, Dr Momar Talla Seck. « Les efforts commencent à porter des fruits. Depuis le début de l’année, les retards de salaires et les cotisations non reversées sont rangés désormais dans le tiroir des mauvais souvenirs. La commission paritaire en charge de la gestion des carrières des chercheurs et autre personnel, composée de l’Administration et des partenaires sociaux (tous les syndicats) se réunit régulièrement tous les semestres.
De nombreuses carrières litigieuses ont été reconstituées. Les réclamations de prises en compte des diplômes obtenus en aval ont été étudiées objectivement. Une vieille revendication des travailleurs et non des moindres a aussi trouvé réponse sous ce magistère ; il s’agit du recrutement progressif de travailleurs journaliers qui sont restés plusieurs années dans cette situation délictuelle... » se félicitent les syndicalistes Kader Sy de Syntra et Abdel Sakaly Sagna. Les patrons du Syntra et du Syresta portent aussi des appréciations positives sur le fait que les travailleurs sociaux ont été associés au processus de nomination des directeurs de centres et laboratoires ainsi que des responsables administratifs. Ils rappellent que, de façon constante, le DG Dr Momar Talla Seck, a annoncé dans ses discours que ses portes sont ouvertes à tout le personnel sans exclusive, sans demande d’audience ni horaire.
Joignant l’acte à la parole, une rencontre trimestrielle avec les partenaires a été instituée. La dernière session a eu lieu ce 15 mars 2022 et, à cette occasion, des décisions importantes auraient été prises à les en croire. Il s’agit de la mise en place d’un comité de suivi des recommandations de la rencontre trimestrielle, composé du SG et d’un représentant par syndicat, la mise en place d’une commission en charge de la révision du Règlement d’établissement…