L'ANNÉE SOCIALE DE MACKY INQUIÈTE LES BAILLEURS
Englué dans des difficultés financières monstrueuses, le pouvoir préfère mettre 10 milliards par mois dans les produits pétroliers pour différer la hausse après la présidentielle et jouer au bonneteau budgétaire avec la dette intérieure

Les choix économiques du Sénégal de Macky sont sujets à interrogation chez certains de ses partenaires. Englué dans des difficultés financières monstrueuses, le pouvoir préfère mettre 10 milliards par mois dans les produits pétroliers pour différer la hausse après la présidentielle et jouer au bonneteau budgétaire avec la dette intérieure. Cela, non sans créer des distorsions dans le secteur productif, comme il a récemment tempéré la grogne du collectif «Auchan dégage» en sucrant les commerçants de l’Unacois. Si ce n’est pas du pilotage à vue, les yeux bandés, ça lui ressemble bien.
Enfin, le ministre des Finances reconnaît les difficultés financières du pays. La situation intenable pour les comptes publics, d’une part, les pressions des bailleurs de fonds, d’autre part, l’argentier de l’Etat était obligé d’avouer ce que tout le monde sait depuis que Wade l’a agité. Et dans ses réponses à la Banque mondiale, avant-hier, Amadou Bâ a très bien campé l’affaire : «Les tensions financières sont au choix de la politique sociale du président». Ce qui prouve donc que c’est la sale mue sociale du «Patron», comme ils l’appellent au Château qui est à la base de ces tensions. Lesquelles sont accentuées par les projets que le remplaçant de Wade veut, coûte que coûte, mettre sur la main des électeurs avant le 24 février 2019 comme le Train express régional (Ter) qui a siphonné les comptes de Amadou Bâ. Depuis que l’argentier de l’Etat est passé aux aveux, des Sénégalais se sont déchaînés sur les réseaux sociaux comme dans les émissions interactives «wax sa xalat».
Certains ont vitrifié le système qui serait à l’origine de tous leurs problèmes. Avec la hausse du montant du Programme national des bourses de sécurité familiale, qui englouti déjà 40 milliards de francs Cfa, les 30 milliards alloués au Fonds national pour l’entreprenariat rapide, programme de dernière chance avec la couche jeune à qui on avait promis 500 mille emplois durant le septennat, la hausse de l’indemnité de logement des enseignants, hausse des bourses d’étudiants, ou encore les autres secteurs sociaux qui vont bientôt bouger comme la santé, l’année sociale de Macky Sall va coûter cher au pays. En effet, ces dépenses sociales vont être insupportables pour les finances publiques. Et 2018 sera une année perdue pour l’économie nationale. Car, tout ce qu’on aura produit comme richesse est déjà consommé par le social de Macky. Et à ce rythme de concessions aux différents secteurs sociaux dans les rapports de force, il est fort à craindre que l’Etat cherche ailleurs les moyens de tenir parole. Et en toute évidence économique, les taxes et impôts risquent de s’envoler. Cela, comme l’atteste la nouvelle taxe de 2,5 % sur l’électricité consommée pour renflouer le Fonds spécial de soutien au secteur de l’Energie. Ou encore d’autres taxes dans les secteurs des Mines, des Télécoms, de la Brasserie, etc. Et les feed-back qui émanent des entreprises sont extrêmement négatifs pour le régime. Ce qui pousse certains bailleurs de fonds du Sénégal, contactés par WalfQuotidien à s’interroger sur la «direction économique du pays».
Distorsions de concurrence
Pourtant, votre canard avait alerté, il y a quelques mois, sur les conséquences de cette générosité de Macky Sall. Lequel distribuait à tour de bras pour éteindre les foyers de tension à la veille de la présidentielle de 2019. Les urgences sociales, c’est pour la technostructure. Et cette période de vaches squelettiques que traverse le Trésor, avec toutes ses Petites et moyennes entreprises (PME) qui râlent contre la dette intérieure, la meilleure démarche du gouvernement devrait être de baisser son train-train. A y regarder de plus près, ces tensions de trésorerie ont des jonctions avec les difficultés que traversent certaines entreprises. Avant-hier, la presse faisait état de la distribution à la pelle de Droit d’importation de produits alimentaires (Dipa) pour 30 mille tonnes de sucre. Un dysfonctionnement qui menace la prochaine campagne de la seule unité de production locale de cette denrée, la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), et qui pourrait priver la douane de recettes sur ces «affaires». Car, par des micmacs, ces affairistes peuvent se faire exonérer de Tva par les mêmes qui ont bravé l’interdiction d’importation de sucre décrétée par Macky Sall. Et une partie du butin que la douane devrait toucher sur ce magot pourrait être ristournée dans la pochette. Quand un potentiel de production qui distribue des revenus est attaqué de cette sorte, cela aggrave la situation. Parce que si les gens n’ont pas de revenus, ils n’enrichissent pas le Produit intérieur brut (PIB) qui ne croîtra pas. Et le pays n’aura pas d’impôts. Ce qui expliquerait les moins values fiscales décelées récemment par le Fonds monétaire international (FMI). Ce n’est pas une logique économique que de démanteler sa propre économie pour une élection et de rebâtir tout. Car, on ne fait pas de social en distribuant ce qui n’existe pas. Les gens ont besoin de revenus pour avoir un pouvoir d’achat mais quand on n’a rien, même pas de quoi se payer une baguette de pain, cela devient problématique.