LA RENTABILITÉ EN ATTENTE DU BRT
Avec 21 stations fonctionnelles sur 23 construites et seulement deux services sur quatre prévus, le Bus Rapid Transit n'a pas encore atteint son plein potentiel économique, mais transporte déjà 1,5 million de passagers par mois

Un an après la mise en service pour exploitation commerciale, le 15 mai 2024, du Bus Rapid Transit (BRT), le Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables (CETUD), interpellé par nos soins, trouve qu’il est trop tôt de parler de rentabilité, par rapport aux objectifs initiaux fixés. «La mise en service du BRT est effective depuis maintenant 1 an et se fait de manière progressive. A ce stade, 21 stations sont fonctionnelles sur les 23 stations construites, et deux services (omnibus et semi-express) sont exploités sur les quatre services prévus dans le contrat de concession. De ce fait, il est prématuré d'évaluer la rentabilité par rapport aux objectifs initiaux avant l'aboutissement du processus de mise en service complète de l'exploitation commerciale du BRT», a expliqué Macodou Guèye, chef de l’Unité Exploitation et Intégration des Réseaux de Transport du BRT.
D’ailleurs, il n’a pas manqué de faire remarquer qu’au lieu de parler de «rentabilité financière» en matière de services publics notamment de transport, l’on met l’accent sur «la rentabilité économique. Comme partout dans le monde, ils sont souvent déficitaires car l’Etat ne cherche pas des bénéfices mais le bien-être des populations. On parle de rentabilité économique, par rapport au gain de temps, la congestion automobile (les embouteillages) la réduction de la pollution automobile (transport écologique) et le bruit. Le Sénégal perd chaque année 900 milliards de FCFA du fait de la congestion, de l'insécurité routière, du bruit et de la pollution de l'air, selon une étude du CETUD datant de 2022. Il y aussi l’impact sur la santé publique… Le service public, c’est pour améliorer les conditions de vie des populations».
Tout en soutenant que «le BRT a connu tout de même un franc succès depuis un an, avec 19 millions de passagers transportés soit en moyenne 1,5 million de passagers mensuels», M. Guèye précise que le bilan annuel de l’exploitation est en train d’être finalisé. S’agissant du «coût de l'exploitation (énergie électrique, et autres services et charges), le bilan annuel de l'exploitation est en cours de préparation avec le concessionnaire (Dakar Mobilité, ndlr). Une évaluation précise des coûts d'exploitation pourra alors être déterminée».
Concernant le nombre de véhicules effectivement mis en service actuellement, le chef de l’Unité Exploitation et Intégration des Réseaux de Transport du BRT précise que «sur les 121 bus du parc existant, 70 bus sont mis en circulation pour assurer les deux services (ligne B1 et ligne B2) exploités». Et, en termes d’emplois directs et indirects, il relève que «l'exploitation des services du BRT durant cette période de mise en service progressive génère 769 emplois directs dont 40% d'employés féminins. A terme, l'exploitation créera 1140 emplois directs».
Pour ce qui est de la gestion de la cohabitation avec les autres moyens de transport et l'indiscipline de certains conducteurs, Macodou Guèye trouve qu’elle «est plutôt apaisée. Le CETUD favorise l'intégration modale des différents réseaux de transport pour faciliter les déplacements des usagers. Une bonne part des usagers du BRT (environ 20%) proviennent des autres modes de transport, et il est prévu la mise en place prochaine de lignes de bus de rabattement sur les réseaux de transport de masse (BRT, TER) à travers le projet de restructuration des transports en commun qui est en cours de mise en œuvre par le CETUD. Déjà, il existe deux lignes de rabattement opérées par Dakar Dem Dikk aux terminus du BRT, à partir des pôles d'échange de Petersen et de Guédiawaye», souligne-t-il.
Et d’ajouter : «afin de veiller à une cohabitation paisible entre les usagers du corridor BRT, le CETUD et la Police Nationale ont signé une convention ayant abouti à la création d'une Compagnie spéciale pour le BRT. Cette compagnie veille à la fluidité du trafic et à la sécurité des biens et des personnes, mais aussi à la prévention des incivilités et des troubles à l'ordre public».