LE COURROUX DES PRODUCTEURS DE KEUR MOUSSEU-DIENDER
La mévente de l’oignon inquiète au plus haut point la fédération des producteurs de la zone Keur Mousseu-Diender, dans le département de Thiès.

Aune semaine de la tabaski, les producteurs d’oignons de la zone Keur Mousseu-Diender, dans le département de Thiès, ne savent toujours pas à quel commerçant se fier. En effet, les stocks d’oignons sont en train de pourrir entre leurs mains faute d’acquéreurs et c’est pourquoi les populations ont sonné hier la mobilisation, pour exprimer leur grosse colère et leur inquiétude.
La mévente de l’oignon inquiète au plus haut point la fédération des producteurs de la zone Keur Mousseu-Diender, dans le département de Thiès. Et c’est pourquoi les populations de Touba Ngomène se sont mobilisées hier, tout de rouge vêtues, pour laisser éclater leur grosse colère et leur inquiétude à quelques jours de la tabaski, 60 000 tonnes d’oignons étant stockées dans la maison faute d’acquéreurs. Elles soulignent en chœur que les terres léguées par leurs aïeux sont en train d’être accaparées par des multinationaux qui les exploitent avec les mêmes spéculations, pour ensuite leur opposer une concurrence déloyale.
Pour survivre, les populations sont obligés de recourir aux prêts bancaires afin d’avoir les moyens de production requis pouvant leur permettre de s’en sortir et prendre en charge leur progéniture. Et cette approche est toujours marquée par des dettes individuelles pouvant aller jusqu’à 15 millions de Fcfa.
Pire encore, note la dame Tabara Dieng, la mévente des produits horticoles, notamment de l’oignon, est venue corser la dose. C’est pourquoi des dizaines de milliers de tonnes d’oignons s’amoncellent dans les cours des maisons de Touba-Ngomène, sous les yeux impuissants des producteurs. Et à presque une semaine de la tabaski, aucune bonne perspective ne se dresse à l’horizon et les produits commencent à pourrir.
Actuellement, au-delà de la pression bancaire, les ouvriers agricoles, qui viennent souvent d’autres localités pour travailler dans les périmètres maraîchers, sont en train de servir des convocations à la gendarmerie, pour entrer dans leurs fonds en cette veille de fête de tabaski. Ce qui se traduit par une ambiance délétère dans le village et une charge émotionnelle supplémentaire et difficile à supporter.
Les populations mettent tout leur malheur sur le dos des multinationales qui ont inondé le marché et c’est pourquoi elles ont interpellé l’Etat sur la nécessité de prendre ses responsabilités et régler définitivement cette problématique qui porte un sacré coup à la volonté du président de la République de mettre tout le pays sur les rails de l’émergence.
Ousmane Ndiaye fait partie des premières recrues de la cimenterie Dangote, mais il a finalement rendu le tablier pour s’investir dans l’agriculture. Mais au lieu de favoriser les producteurs locaux, dit-il, l’Etat ne trouve rien de mieux à faire que d’être aux côtés des étrangers qui, au-delà de l’agriculture, mettent en péril tous les autres secteurs comme la santé, à travers les produits chimiques qu’ils utilisent.
Daour Guèye Président de la fédération des maraîchers Keur Mousseu-Diender, estime que le ministre du Commerce a atteint ses limites, car plusieurs réunions ont été tenues autour de ce problème, mais sans aucun résultat probant. La conséquence est que des milliers de tonnes sont dans le village et personne n’aperçoit l’ombre d’un commerçant.
Pourtant, dit-il, tout le monde sait que la raison principale, c’est l’agro-business, mais les autorités compétentes ne font rien pour endiguer le mal. Ainsi, dit-il, l’Etat du Sénégal a laissé les producteurs locaux à eux-mêmes. Et pourtant c’est une jeunesse disciplinée, travailleuse dont le nom n’est jamais collé à des activités liées à l’incivisme, qui est derrière toute cette production locale.
C’est dire à ses yeux que cette jeunesse a déjà pris en charge la problématique de l’emploi, mais l’impression est que l’Etat, à travers son comportement, est en train de dresser des obstacles pour la bloquer. « Notre avenir est hypothéqué par l’Etat du Sénégal, mais nous ne comptons pas laisser faire. Il n’est pas exclu d’aller barrer la route, pour ne pas mourir de faim », laisse-t-il entendre, avant de poursuivre : « Il faut que le président de la République nous écoute, pour aller carrément vers la réorganisation des circuits de commerce des produits d’autant plus que les producteurs sont très bien organisés, à travers des fédérations.
Le président de la République s’apprête à aller à Ndiobène Gandiol, mais cela ne réglera rien car les présidents de l’interprofession qui s’y trouvent sont des politiciens, des maires. Donc c’est un déplacement purement politique et non pour régler les problèmes des jeunes producteurs qui n’ont d’ailleurs plus que leurs yeux pour pleurer. Actuellement, nous ne parlons plus de bénéfice, mais de survie d’autant plus que nous sommes également persécutés par la Senelec avec des factures de 2 millions de Fcfa, alors que les banques sont également à l’affût.»