LE SÉNÉGAL SOUS PERFUSION
Agriculture, grands travaux, exploitation du sous-sol, gestion des ressources halieutiques, emploi, lutte contre la pauvreté... À en croire l’économiste Meissa Babou, « aucun des leviers du PSE n’a été satisfait en douze ans »

Depuis son accession au pouvoir en 2012, le Président de la République Macky Sall a mis en œuvre de nombreuses politiques économiques et sociales surtout dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (Pse), référentiel de la politique publique du Sénégal. A moins de six mois du passage de témoin entre le président sortant et le futur homme fort du pays, Sud Quotidien interroge le référentiel en question, par certains de ses côtés. Agriculture, grands travaux, exploitation du sous-sol, gestion des ressources halieutiques, emploi et lutte contre le chômage et la pauvreté : le Sénégalais lambda a-t-il été en présence d’un réel plan de développement ou d’un gouffre financier. Comme le subodore l’économiste Meissa Babou pour qui « pendant 12 ans, aucun des leviers du PSE n’a été satisfait ».
AGRICULTURE ET INFRASTRUCTURES : Beaucoup de jalons et de projets enrobés de controverses
Dès son avènement au pouvoir en 2012, le Président de la République Macky Sall a élaboré le Plan Sénégal Emergent (Pse) comme référentiel de la politique publique du Sénégal. Dans le Pse, l’agriculture et les infrastructures occupent une place importante. En effet, le Chef de l’Etat, Macky Sall s’est beaucoup investi pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. En 2014, il a lancé le Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS) doté de 425 milliards de FCFA. Cette option pour l’autosuffisance est une anticipation sur les grandes mutations du commerce international. Ainsi les autorités ont porté leur slogan «Autosuffisance en riz en 2017» dans toutes les régions du pays. Malheureusement, l’autosuffisance en riz n’a pas été atteinte par les autorités. L’échéance a été donc reportée jusqu’en 2019.
Toutefois, cette autosuffisance en riz n’est pas encore une réalité au Sénégal. Aujourd’hui encore, après avoir subi les conséquences de la pandémie de la Covid-19 et de la crise ukrainienne, le Chef de l’Etat, Macky Sall se donne un nouveau mot d’ordre sur la souveraineté alimentaire au Sénégal en dépit des efforts accomplis pour faciliter le financement des producteurs. Pour la campagne agricole de cette année encore, l’Etat a alloué 100 milliards de francs au monde rural pour garantir le succès de la campagne agricole afin de poursuivre la politique de subventions des intrants agricoles.
TER ET BRT: DES PROJETS A POLEMIQUE
Le train Express Régional (Ter) est l’un des plus gros investissements, en matière d’infrastructures, du régime du président Macky Sall, réalisé dans le cadre du Plan Sénégal émergent, référentiel des politiques publiques au Sénégal (Pse). La première phase du TER de Dakar a coûté 780 milliards de F CFA (1,19 milliard d’euros), financés avec des fonds propres et des prêts étrangers. Un projet qui a suscité beaucoup de polémiques. Car, selon certains experts, avec ces investissements, «le Sénégal aurait pu relier la Casamance par le chemin de fer ou améliorer le réseau ferroviaire en direction de Bamako»
Après les polémiques sur le coût, l’opportunité et la rentabilité du projet, le débat sur la propriété du Ter a fait couler beaucoup d’encre. En effet, un reportage du journal français Le Figaro, paru le 26 janvier 2023, avait révélé que le Train Express Régional (Ter) est une propriétaire exclusivement française, pilotée par la Société Nationale des Chemins de Fer Français (Sncf), qui est «très en retard sur ses objectifs financiers mais aussi de fréquentation», un an après son inauguration. Des allégations qui ont été démenties par le Ministre Porte-Parole du gouvernement Abdou Karim Fofana qui soutient mordicus que le Ter est une propriété de l’Etat du Sénégal. Ce qui ne fait qu’entretenir davantage le flou.
Le 28 octobre 2019, le Président Macky Sall avait aussi procédé au lancement des travaux du Bus rapid transit (Brt) sur l’esplanade de la mosquée de Guédiawaye. D’un coût global de 300 milliards sur 18,3 km, les travaux étaient prévus pour une durée de 2 ans et demi. En d’autres termes, la livraison devait intervenir en avril 2022. Une livraison qui a pris du retard. Les travaux ayant commencé fin 2019, la livraison avait été initialement prévue pour fin 2022. Elle a été repoussée à octobre 2023, puis à décembre 2023, à cause de la dégradation de plusieurs gares lors des violentes manifestations de début juin, a justifié le gouvernement cette fois-ci. La mise en service du BRT devrait contribuer au désengorgement de la mobilité urbaine à Dakar. Avec des voies dédiées, le BRT permettra de faciliter les déplacements de milliers de personnes de la banlieue au Centre-ville, dans la capitale sénégalaise.
Par ailleurs, bien que ce soit le président Wade qui ait engagé son chantier, l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), inauguré en décembre 2017, figurera bien à l’actif de Macky Sall. Aujourd’hui que Dakar ambitionne de devenir un hub régional, l’infrastructure aéroportuaire doit encore corriger quelques manquements. Le projet de rénovation des aéroports régionaux en cours d’exécution entre dans le bilan de Macky Sall. Des ponts et des autoroutes sont réalisés un peu partout au Sénégal de 2012 à nos jours. Au forceps cependant!
PECHE ET INDUSTRIE EXTRACTIVE : Des ressources exploitées sans impacts réels sur les populations
Le Sénégal, un pays assez nanti en ressources naturelles, peine à en tirer un meilleur profit pour ses populations. Disposant de plus de 700 km de côtes réputées très poissonneuses et d’une jeunesse dynamique tout comme son fort potentiel extractif, le pays tente encore de sortir de la pauvreté. Une situation paradoxale qui invite à une revue des politiques publiques pour tendre vers l’émergence.
Au Sénégal, le secteur des pêches occupe une place prépondérante dans l’économie Sénégalaise. Tant du point de vue social avec un peu plus de 17% de la population active sénégalaise que du point de vue économique pour un chiffre d’affaires global d’environ 278 milliards de FCFA, avec une valeur ajoutée estimée à 80 milliards de FCFA, dont 60% sur le segment de la capture et 40% sur le segment de la transformation. Soit au total 11% du Produit intérieur brut (Pib) primaire et 3 ,2% du Pib total. Seulement, cet apport social et économique est de loin en deçà du potentiel halieutique réel du pays en termes de création d’emplois et de rentrée de devises. Pays ouvert sur l’océan, le Sénégal qui dispose, d’un littoral de 718 km de côtes réputées parmi les plus poissonneuses du monde à cause d'un phénomène appelé "upwelling" peine à tirer meilleur profit de ce secteur. Les freins à une pêche rationnelle, efficiente et durable sont grandement liés à la non-prise en charge de beaucoup de facteurs endogènes et exogènes qui ont fini de déstructurer le secteur. Au plan endogène, notamment pour la pêche artisanale, on note une faille dans l’organisation du secteur. Autrement dit, la pêche est devenue une course déraisonnée à qui pêche le plus, où il veut, quand il veut, comme il veut sans concertation et sélectivité aucune.
Au plan exogène avec l’envol de la pêche industrielle, on note le trop plein de licences de pêche accordées à la Chine, à la Turquie et à l’Union européenne, le non-respect des accords de pêche industrielle notamment entre autres limites. Les bateaux étrangers pêchent sans le moindre respect des engagements en raflant les petits poissons. Le manque surtout d’équipements de surveillance sophistiqués pour contrecarrer les fossoyeurs étrangers qui pillent les poissons. Le changement climatique n’est pas du reste avec un impact réel sur l’écosystème marin. L’autre élément et pas des moindres qui freinent la pêche, c’est l’octroi des licences frauduleuses à des navires battant pavillon sénégalais en toute complicité avec les autorités sénégalaises entre autres limites du secteur.
DES EFFORTS SANS IMPACTS REELS
Le libre accès aux zones de pêche artisanale a conduit à l’épuisement des ressources halieutiques, ainsi qu’à la rareté et à l’augmentation des prix du poisson. Fort de ce constat, une campagne d’enregistrement et d’immatriculation de la flotte artisanale a été lancé et dont la finalité était de permettre d’améliorer la gouvernance du secteur de la pêche. Ceci, en vue d’atténuer les pressions exercées sur les ressources halieutiques, sans pour autant mettre en péril la situation sociale et économique des communautés de pêcheurs. A côté de ces initiatives, l’Etat du Sénégal s’est beaucoup investi dans l’encadrement et l’accompagnement des acteurs pour une meilleure exploitation de la ressource halieutique. Ainsi donc, en 2016 le gouvernement du Sénégal a accordé une subvention de cinq milliards de FCfa aux pêcheurs artisanaux pour faciliter leur accès aux équipements. Avec cette subvention, les pêcheurs ont bénéficié d’une réduction d’un million sur le prix du moteur.
En ce qui concerne la sécurité en mer, des efforts importants ont été faits dans ce sens notamment avec les gilets et Gps mais également l’appui de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) qui livre la bonne information aux pêcheurs.
Des subventions assez importantes ont été également accordées aux femmes des localités de Saint Louis pour 250 millions, de Podor pour 150 millions, et de Dagana pour 120 millions. Des femmes d’autres localités du pays ont bénéficié de ces appuis de l’Etat. En 2018, une subvention de 20 milliards avait été accordée pour l’achat de moteurs. En 2020, une subvention de 10 mille moteurs de pirogue a été dégagée pour un montant de 10 milliards de francs CFA. D’autres mesures comme l’interdiction de la pêche nocturne ont été imposées à la pêche artisanale. Bref, beaucoup d’efforts pour peu de résultats au regard de l’énorme potentiel halieutique du Sénégal.
EXPLOITATION DES RESSOURCES MINIERES : Des populations orphelines de leur sous-sol
Proportionnellement à l’exploitation du potentiel minier du sous-sol Sénégalais riche en or, en fer, en phosphate, en calcaire, en zircon, les populations n’en tirent réellement pas profit des ressources extractives.
Dans les zones respectives d’exploitation de ces ressources, les habitants ne semblent voir que de la poussière. Dans le Sud Est du Pays, notamment à Kédougou, la production industrielle d’or s’est établie à 16,2 tonnes en 2021, en hausse de 24 % en glissement annuel, selon le comité local de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie) dans son rapport annuel pour l’exercice 2021. L’Itie renseigne que cette hausse de la production a impacté de 25 % en glissement annuel des revenus miniers constatée l’année dernière. Ils ont atteint 203,01 milliards FCFA (329 millions $ environ), grâce notamment aux deux compagnies actives dans l’exploitation industrielle de l’or. Elles ont en effet augmenté à 25 milliards FCFA (40,5 millions $) les redevances versées à l’Etat l’année dernière, contre 17,84 milliards FCFA en 2020. Selon le document, c’est environ 90 % de la production industrielle d’or qui a été exportée vers deux pays, à savoir la Suisse pour l’or produit à Sabodala-Massawa par le canadien Endeavour Mining (381 943 onces), et l’Australie pour la production de la mine d’or Mako opérée l’australien Resolute Mining (128 393 onces). Les exportations totales d’or montent donc à 510 336 onces en 2021, contre 397 200 l’année précédente. En revanche l’ITIE n’a pas fourni de données pour la production artisanale, précisant seulement qu’une partie de l’or produit au Sénégal a été exporté vers les Emirats arabes unis. Dubaï, la première ville de cet Etat du Moyen-Orient, est d’ailleurs considérée comme l’un des plus grands centres mondiaux de négoce du métal jaune et une partie de la production nationale des Etats africains s’y retrouve sans toujours emprunter des canaux officiels.
LES PHOSPHATES, UNE RESSOURCE EXPLOITEE A GRANDE ECHELLE
Pour ce qui est des phosphates, le Sénégal est un des grands producteurs mondiaux. Cette exploitation abusive s’est traduite par un épuisement progressif des gisements, qui a stimulé les activités de recherche. C’est ainsi que d’importants gisements ont été découverts dans le département de Tivaouane (gisement de Piré Goureye) dont les ressources sont estimées à 19 millions de tonnes. Et une part importante de ces phosphates extraits au Sénégal est valorisée sur place. Ils sont transformés en acide phosphorique et en engrais solides et sont ensuite en grande partie exportés, notamment vers l’Inde. Les exportations de phosphates marchands ont progressé de 80 % en 2014 et les perspectives de débouchés de la filière apparaissent bonnes grâce à la croissance de la demande mondiale en engrais. L’exploitation des gisements à travers le pays dont les réserves sont évaluées entre 500 millions et 1 milliard de tonnes place le Sénégal dans les dix premiers pays producteurs de phosphates au niveau mondial. Fort de ce potentiel, le Sénégal a été un des principaux producteurs de phosphate dans le monde, avec l’exploitation des grands gisements de phosphates de chaux de Taïba, dans la région de Thiès.
En vérité, le sous-sol sénégalais regorge en outre d’une grande variété de richesses minérales : fer, or, cuivre, tourbe, cuivre, chrome, phosphates d’alumine, argiles céramiques et industrielles (attapulgite), pierres ornementales (marbre, granite etc.), sables lourds (ilménite, zircon, rutile), sables extra siliceux (sable de verrerie), terres ̀a diatomées, sel gemme. Seulement, en dépit de l’exploitation de toutes ces richesses, le Sénégal peine encore à s’inscrire réellement dans le club des pays émergents. Pis, la gestion de toutes ces ressources est souvent en porte-à-faux avec les attentes des populations locales qui ont du mal à se retrouver dans l’exploitation de leur sous-sol.
POLITIQUES DE LUTTE CONTRE LAPAUVRETE : Avis divergents des jeunes
Au Sénégal, les gens ont toujours tendance à parler de pauvreté, de cherté de la vie malgré les efforts fournis par le gouvernement pour développer l’économie du pays. Dans ce micro trottoir, des jeunes affirment qu’on n’investit pas en général dans les priorités. Par contre, d’autres estiment que le gouvernement a beaucoup fait pour lutter contre le chômage des jeunes.
Au Rond-point Sahm, des étals de chaussures, habits (friperie), lunettes et écouteurs sont disposés çà et là. La plupart de ces articles sont tenus par des jeunes qui, pour la majorité ont fréquenté paradoxalement des universités publiques. Pour Fallou Sène, luimême ancien étudiant reconverti en marchand ambulant, « il y a un taux de pauvreté très élevé au Sénégal. Nous faisons face à une pauvreté sans nom, et cela est dû à un mauvais système économique et politique. On ne lutte pas contre la pauvreté avec la manière dont le fait notre gouvernement. Les infrastructures comme le TER et le BRT, c’est bien beau mais ce n’était pas la solution la plus intelligente pour lutter contre cette pauvreté», assène-t-il. Pour Assane Fall, trentenaire qui est au chômage actuellement, « au lieu de construire ces auto ponts, ponts et autres trucs qui ne sont pas de notre intérêt à nous, Sénégalais, mais de l’intérêt des Blancs (Occidentauxndlr), on aurait pu construire des usines dans lesquelles beaucoup de jeunes auraient pu dénicher un boulot sans avoir besoin de bras long pour être précis » martèle-t-il. Il ajoutera : « On va toujours parler de pauvreté dans ce pays car l’Etat ne fait vraiment rien pour améliorer cette situation. Le Président a de belles visions mais ses réalisations ne sont pas très efficaces pour diminuer la pauvreté. Je veux dire par là qu’il veut créer des emplois mais il le fait de la mauvaise manière, mais ce n’est pas lui, c’est le système qu’il a trouvé en place comme ses prédécesseurs et son remplaçant aussi fera comme eux », conclut le sieur Fall.
Gérant d’un multiservices, Abdoulaye Diome pense que « ce pays a toujours été pauvre ». « On le sait tous mais de 2012 à maintenant, la situation va de mal en pis. On investit dans les mauvais projets, les emplois que l’Etat crée sont toujours mal répartis. On privilégie toujours certains au détriment des autres par politique, liens familiaux…» confie-t-il. Allant plus loin, il dira : « les gens font seulement en sorte de sortirle matin avec un sourire car ils veulent garder leur dignité mais on se connaît tous au quartier. Quand tu prends un petit déjeuner, c’est pour sauter le repas de 13h et quand c’est celui-ci que tu prends ; c’est pour jeûner la nuit. Voilà pourquoi les jeunes meurent dans des pirogues et d’autres prennent la voie du Nicaragua pour rallier les EtatsUnis. Ne venez pas nous parler de lutte contre la pauvreté car ici les seules luttes qu’on voit, c’est dans les stades, ou entre politiciens » finit-t-il par dire, le visage refrogné.
Pour sa part, Mamy Fall souligne que « les gens veulent seulement se cacher derrière des divergences politiques pourjustifier leurs paresses ». « Mais il y a une vraie amélioration quant à la situation du pays, le gouvernement a bel et bien lutté contre la pauvreté. Dans ce pays, les gens ne sont pas honnêtes avec eux-mêmes, vous parlez de pauvreté et pourtant les jeunes et même certains adultes sont en ce moment dans des plages, des piscines et autres endroits chics pour fêter les vacances alors qu’ils peuvent aller travailler », avance-telle. La dame Fall de poursuivre : « on peut bien sûr parler de lutte contre la pauvreté carily a une chose, c’est seulement que les Sénégalais aiment la facilité et c’est qui nous conduira à notre perte », dit-elle.
EMPLOI DES JEUNES AU SENEGAL : Un manque criard dénoncé
Depuis son accession au pouvoir en 2012, la politique d’emploi du chef de l’Etat, Macky Sall, a été marqué par plusieurs initiatives et programmes visant à stimuler la création d’emplois et à réduire le taux de chômage. Le PSE (Plan Sénégal Emergent), l’un des programmes lancé par le président Macky Sall en 2014 vise à diversifier l’économie sénégalaise et à créer des emplois et d’autres programmes en guise de diminuer le taux de chômage au Sénégal. Toutefois, la jeunesse sénégalaise dénonce un manque d’emplois.
Plus les jours passent, plus les jeunes ont des difficultés à trouver un emploi. Le chômage est toujours d’actualité au Sénégal. Cette jeune étudiante du nom de Kadiatou Tall constate une insuffisance d’emplois malgré les politiques mises en place pour lutter contre le chômage. « Le chômage persiste encore dans notre pays et c’est la raison pour laquelle la majeure partie de notre jeunesse cherche tout le temps à quitter le pays pour aller à l’extérieur à la recherche d’une vie meilleure. On ne nie pas le fait que l’Etat a réussi quelque part mais cela n’a pas suffi. Chaque jour, on apprend que des jeunes ont perdu la vie dans la mer parce qu’ils faisaient partir en Europe. Certes, ils veulent quitter le pays illégalement, mais on ne doit pas les blâmer », a-t-elle fait savoir.
Modou Faye, un marché ambulant fustige pour sa part non seulement un manque d’emploi mais aussi un favoritisme dans les lieux où on peut trouver du travail. « C’est réussi quelque part parce qu’il y a des jeunes qui ont pu trouver un emploi mais d’autre part, on ne saurait dire la même chose parce que la majeure partie de la jeunesse peine malheureusement à trouver du travail. C’est déplorable. Plusieurs usines existent sur place, les unes laissées par le président Abdoulaye Wade et les autres qui ont été réalisées par le président Sall. Trouver du travail dans ces usines, c’est un problème. Soit tu n’es pas embauché parce que le nombre d’emploi à pourvoir est limité, soit il y a du favoritisme », fustige Modou Faye.
Contrairement à ces deux jeunes qui ont dénoncé un manque d’emploi, ce jeune entrepreneur du nom de Pape Malick Sène pense que la mesure exacte de l’efficacité des politiques en termes de lutte contre le chômage est complexe. « La question de savoir si la politique d’emploi du président mise en place a réduit le chômage au Sénégal fait débat et dépend de divers facteurs. Au cours de son mandat, plusieurs initiatives ont été lancées pour stimuler l’emploi des jeunes et réduire le taux de chômage, mais les résultats concrets peuvent varier en fonction des conditions économiques mondiales, la mise en œuvre des programmes et la réactivité du marché de travail. Des mesures telles que le plan Sénégal Emergent, les projets d’infrastructures, les programmes de formation professionnelle et les initiatives ciblant les jeunes et les femmes ont certainement eu un impact sur l’économie sénégalaise. Cependant, la mesure exacte de l’efficacité de ces politiques en termes de réduction du chômage peut être complexe », a-t-il soutenu.