LES BATEAUX DE PECHE NE SONT PAS A 100% RESPONSABLES DE CE PHENOMENE
La raréfaction des ressources halieutiques continue de prendre des proportions inquiétantes. Le sujet était hier au cœur d'une journée de sensibilisation à Cayar, avec le Réseau des Femmes de la pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS)

La raréfaction des ressources halieutiques continue de prendre des proportions inquiétantes. Le sujet était hier au cœur d'une journée de sensibilisation à Cayar, avec le Réseau des Femmes de la pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS). Selon Moussa Mbengue secrétaire exécutif de l'association ouest Africaine pour le Développement de la pêche artisanale, «les bateaux de pêche ne sont pas responsables à 100% de ce phénomène».
Cayar est le troisième port de débarquement de la pêche artisanale au Sénégal et vers les années 2000, les débarquements tournaient autour de 50 000 tonnes par an. Mais compte tenu de la raréfaction des ressources halieutiques, il est clair, selon Moussa Mbengue, Secrétaire Exécutif de l'Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale, qu'il se situe maintenant autour de 30 000 tonnes l'année, même s'il est vrai qu'on n'a pas exactement les chiffres actuels. Mais il est sûr à ses yeux qu'il y a une diminution drastique, consécutivement à cette raréfaction. C'est dire que la pêche souffre de la crise des ressources halieutiques, consécutive à la surpêche, avec à la clé des pratiques mauvaises, aussi bien du côté de la pêche industrielle que de celui de la pêche artisanale. A son avis, il faudra aussi pointer du doigt une insuffisance dans l'application des textes légaux et réglementaires, sans compter une certaine impunité notée çà et là et cette situation est également aggravée par les effets du changement climatique. Il a aussi indexé les industries de farine et d'huile de poisson, qui ciblent les pélagiques côtiers qui représentent près de 80% des débarquements. Ils font travailler un nombre important de pêcheurs, de femmes transformatrices et de mareyeurs et constituent aussi une nourriture pour les populations, notamment les plus défavorisées. Et pour avoir un kilo de farine de poisson, il faut 5 kg de poisson d'où les effets destructeurs de ces industries. Il laisse entendre que Cayar est un laboratoire de la pêche artisanale, surtout en matière de gestion des ressources et même avant qu'on ne parle de congestion des pêches, les cayarois sont connus pour leurs initiatives de gestion communautaire.
Évoquant l'affaire des bateaux de pêche étrangers souvent indexés comme étant le facteur principal, il souligne qu'il y a eu "le retrait des bateaux de l'Union européenne, mais on ne peut pas dire qu'ils sont responsables à 100% de la raréfaction des ressources.
En effet, à côté de ces bateaux, ce qui est plus dramatique et plus grave, ce sont les bateaux «sénégalisés», même s'il est vrai que cette «sénégalisation» est autorisé par la loi. Mais c'est une boîte de Pandore qui permet à des nationaux d'affréter des bateaux étrangers. Cette situation devrait être réglée, car beaucoup de bateaux de pays étrangers n'ayant pas signé d'accords de pêche avec le Sénégal, peuvent venir battre papillon sénégalais, au nom de cette «sénégalisation» qui doit donc être auditée". Abdoulaye Ndiaye, qui dirige le plaidoyer dans Blue en Afrique de l'Ouest est d'avis que les pêcheurs, qui faisaient vivre des millions et des millions de personnes, peinent aujourd'hui à trouver du poisson. D'ailleurs, ils sont même obligés d'aller vers les pays voisins pour se ravitailler. Ce qui compromet la durabilité de la pêche et la sécurité alimentaire de façon générale.
Pour toutes ces raisons, il indique qu'il est impératif de prendre le taureau par les cornes, en faisant en sorte que tous les acteurs qui gravitent autour du secteur de la pêche puissent porter le plaidoyer, pour une meilleure protection de la pêche artisanale, qui représente plus de 80% des débarquements opérés au Sénégal. Il a également mis l'accent sur la nécessité pour les autorités africaines, d'aller vers une politique commune de pêche, permettant de mieux gérer les ressources halieutiques pour les générations futures et pour les populations des zones côtières. Ce tableau sombre de la pêche artisanale a été peint, lors d'une journée de sensibilisation des pêcheurs, mareyeurs, transformatrices de produits halieutiques, sur les effets de la pêche INN dans la pêche artisanale. C'était à l'initiative du Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale au Sénégal (REFEPAS) et dans le cadre du programme "défendre les pêcheurs artisanaux, contre la surpêche industrielle, dans les zones d'exclusion côtières et les aires marines protégées en Afrique de l'Ouest et du Centre.