LES BIJOUTIERS VEULENT QUE TOUT CE QUI BRILLE SUR LEUR COMPTOIR SOIT DE L’OR
Le comptoir d’achat d’or du village de Soumbédioune, inauguré depuis 2017, n’a reçu jusqu’à présent aucun gramme d’or. Et pourtant, c’est dans notre pays qu’est produit l’or de Sabodola

Les bijoutiers du pays ont exprimé leur ras-le-bol lors d’un point de presse au village artisanal de Soumbédioune. Leur président, Ibrahima Niang, ne faisant pas dans la langue de bois, a fustigé la politique de l’Etat faisant que tout l’or du Sabodola est destiné à l’exportation.
Le comptoir d’achat d’or du village de Soumbédioune, inauguré depuis 2017, n’a reçu jusqu’à présent aucun gramme d’or. Et pourtant, c’est dans notre pays qu’est produit l’or de Sabodola. De l’or dont toute la production est exportée, aucun gramme ne restant dans le pays. Une chose que n’arrivent pas à comprendre les bijoutiers de notre pays. « Nous ne pouvons pas comprendre le fait que nous produisons de l’or et qu’ici, au niveau du comptoir d’or, il n y ait même pas un seul gramme d’or. Nous subissons également la contrainte majeure de la TVA de 18 % qui rend l’or brut trop cher et hors de portée des bijoutiers et de la clientèle », fustige le président de l’Association nationale des bijoutiers du Sénégal, Ibrahima Niang.
A l’en croire, cette taxe n’existe dans aucun pays du monde pour ce qui concerne le métal précieux. Il se désole de la situation chaotique de la politique de l’Etat. Car, explique-t-il, toute la production d’or de la mine de Sabodola, dans la région de Kédougou, est exportée. Selon les bijoutiers nationaux, il est vraiment temps de mettre fin à cette situation. M. Ibrahima Nang insiste sur le fait qu’il n’existe pas un seul gramme d’or dans le comptoir d’or de Soumbédioune. Une image qui, selon lui, n’honore pas le Sénégal. Les difficultés d’approvisionnement en or font que le secteur est impacté. Ce qui fait que beaucoup de jeunes évoluant dans le secteur ont pris la voie de l’émigration clandestine. Entre autres doléances, Ibrahima Niang et ses collègues réclament l’approvisionnement du comptoir d’achat en matières premières. C’est-à-dire en or et en argent pour contribuer à la lutte contre le recel et ainsi amoindrir les risques de vols encourus par les bijoutiers. Ils réclament aussi une fiscalité adaptée au secteur de la bijouterie, l’implication des acteurs dans la délivrance des licences d’importation, la prise en charge de la bijouterie par le PEJA (Projet d’employabilité des jeunes par l’apprentissage) et le renforcement des capacités des maîtres bijoutiers.
Last but not least, ils veulent la création d’un market gold moderne qui englobe toute la chaine de valeur. De la raffinerie à la commercialisation en passant par la production. L’autre danger qui guette le secteur de la bijouterie est lié au port de bijoux fantaisistes à base de plomb. Ce qui, selon ces professionnels, peut affecter sérieusement la santé. Le président de l’association a également demandé aux acteurs judiciaires de faire preuve de compréhension car beaucoup de bijoutiers sont en prison parce qu’ils sont victimes d’un abus de confiance de voleurs.
Pour Ibrahima Niang, les problèmes que rencontre le secteur de la bijouterie sont nombreux. Il urge donc, estime-t-il, que les autorités agissent afin de sauver le secteur. C’est dans cette optique que l’association avait adressé une demande d’audience au président de la République pour qu’il puisse lui exposer leurs maux. Hélas, depuis lors, cette demande n’a connu aucune diligence.