LES CADRES PORTUAIRES DIAGNOSTIQUENT LES MAUX DE LEUR ENTREPRISE
Congestion, concurrence du port de Bargny, occupation illégale de terres

Actuellement en Afrique de l’Ouest, le Port Autonome de Dakar (Pad) occupe la cinquième place derrière ceux de Lomé, de Lagos, de Tema et d’Abidjan. Cette situation est due aux nombreuses difficultés répertoriées par les cadres de la boite qui ont fait des propositions au président de la République pour la préservation de leur outil de travail.
Au sortir de son séminaire sur la cartographie nationale portuaire tenu au mois de juillet, l’Amicale des Cadres du Port Autonome de Dakar (ACAPAD) a présenté hier son rapport de synthèse au représentant du Directeur Général Ababacar Sédikh Bèye. Dans le document, l’amicale présidée par le Mamadou Kor Sène Sarr a fait un diagnostic sans complaisance de la situation de la boite.
En effet, les membres de l’amicale ont relevé au cours de leur conclave beaucoup de maux qui ont, entre autres, pour noms : croissance soutenue du trafic qui a atteint 18 millions de tonnes de marchandises par an, et des flux journaliers de 1800 camions en entrée et sortie du port. Ils ont aussi soulevé les temps d’attente à Dakar. Pour eux, ces temps sont plus longs à Dakar que dans les autres ports concurrents de la sous région. Pour Mamadou Kor Sène Sarr, le tirant d’eau actuel du PAD ne permet pas à l’entreprise, considérée comme le poumon économique du Sénégal, de recevoir des bateaux de dernière génération, contrairement à Lomé. «Dakar se présente comme un petit port, en termes de superficie, à côté de celui d’Abidjan et de Lomé. Actuellement, le PAD est classé 5ème derrière ces deux ports et ceux de Lagos et de Tema ( Ghana) », affirme le président de l’Amicale des Cadres du Port Autonome de Dakar.
Face aux journalistes hier, Mamadou Kor Sène Sarr a évoqué la concurrence à laquelle le port de Dakar va faire face d’ici quelques années. Ils soutiennent en effet que le port de Bargny-Sendou sera privé, et deviendra par conséquent un concurrent direct de Dakar. «A l’heure actuelle, des clients de Dakar sont démarchés par les gestionnaires de ce nouveau port», s’émeut-il. En plus de la concurrence, la congestion, le temps d’attente et l’étroitesse du port de Dakar, les cadres décrient l’utilisation illégale de terres. Au moment où on cherche des espaces à libérer pour l’assainissement du domaine portuaire, se désolent les cadres, certains démembrements de l’Etat affectent en toute illégalité une partie des terres du port à des privés, pour la construction d’immeubles à usage privé, au détriment de l’intérêt général. Malgré ces manquements, soulignent ses cadres, le PAD est en train de dérouler son nouveau Plan Stratégique de Développement inclusif 2019-2023, qui s’articule autour de quatre axes. «Nous voulons un port performant, propre, fluide et sécurisé, une offre innovante pour les services etles conteneurs, une organisation et des ressources humaines agiles et performantes et des partenaires stratégiques pour un hub régional», soutient Mamadou Kor Sène Sarr.
Face à ces nombreux dysfonctionnements qui risquent d’impacter négativement la vision des cadres de faire de Dakar un hub portuaire, l’amicale a suggéré au Président Macky Sall des propositions qui sont au nombre de 12. Ils demandent, entre autres, l’application des recommandations issues du séminaire sur la cartographie nationale portuaire, le transfert du PAD de la gestion du chemin de fer Dakar-Bamako, la tenue d’un conseil présidentiel sur les ports, la valorisation des ports secondaires, la mise en place d’une nouvelle gouvernance par la création de l’Agence Nationale des Ports, comme au Maroc et au Gabon. Pour le secrétaire général du Syndicat des Marins du PAD, Ousmane Thiané Sarr, les cadres sont engagés, après les travaux qui sont le fruit d’une réflexion, à défendre leur outil de travail qu’est le port. «Nous ne ménagerons aucun effort pour préserver le Port de Dakar», dit Ousmane Thiané Sarr.