«L’EXPLOITATION DU PETROLE ET DU GAZ VA REDUIRE LES ACTIVITES DE PECHE…»
Alerte des professionnels de la pêche à Thiès

Depuis trois jours, les professionnels de la pêche au Sénégal sont en conclave à Thiès dans le cadre d’un atelier de formation en plaidoyer et sensibilisation à la transparence, dans le secteur de la pêche. Les participants ont lancé un cri de cœur par rapport à la découverte de pétrole et de gaz dans nos côtes. Selon Mamadou Fall vice-président du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanal au Sénégal (CONIPAS), l’exploitation du pétrole et du gaz va réduire les activités de pêche et le secteur risque d’être plombé d’ici 2022.
Les professionnels de la pêche du Sénégal, venus de Dakar, de la Petite Côte, de Cayar, de Saint-Louis, sont en conclave à Thiès, au siège de la Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal (FONGS). C’est à l’occasion d’un atelier de formation en plaidoyer et sensibilisation à la transparence, dans le secteur de la pêche, et la gestion durable des stocks et des sites côtiers critiques, pour les petits pélagiques. La rencontre a également été pour la communauté des acteurs de la pêche l’occasion de lancer un cri de cœur lié à la découverte dans nos côtes de pétrole et de gaz. Selon Mamadou Fall vice Président du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanal au Sénégal (CONIPAS), l’exploitation de ces ressources ne sera pas sans conséquence ; et la communauté de la pêche composée des mareyeurs, des pêcheurs, des transformatrices et de toutes les activités connexes, doit en être bien sensibilisée. Il ajoute : « l’exploitation du pétrole et du gaz va réduire les activités de pêche et si l’on y prend garde, le secteur risque d’être plombé d’ici 2022. En effet la superficie de la mer exploitée par les pêcheurs sénégalais est de 198.000 km2. Si chacune des 7 plateformes d’exploitation du pétrole et du gaz prend sa part, il restera moins de 100.000 km2, d’où une réduction drastique de l’espace d’évolution des pirogues de pêche. Ce qui veut dire également la perte de beaucoup d’emplois dans le secteur de la pêche, beaucoup de pirogues ne pouvant plus aller en mer ».
Ainsi, à l’en croire, il faut dès à présent réfléchir sur ces questions et même anticiper pour trouver des métiers de substitution pouvant prendre en charge les pêcheurs négativement impactés. Il s’y ajoute, à ses yeux, la nécessité de réfléchir sur les redevances à verser à la communauté des pêcheurs en termes d’indemnisation. A son avis, il faut savoir anticiper sur des évènements de ce genre et non attendre que toutes les conséquences soient là, pour ensuite s’agiter et tâtonner en termes de solutions appropriées. Selon lui, la sensibilisation doit déjà commencer à tous les niveaux car il est clair qu’avec l’exploitation du pétrole, les produits halieutiques vont se raréfier de jour en jour. Parlant de l’atelier proprement dit, Abdoulaye Samba Coordonnateur technique du Conseil National Interprofessionnel de la Pêche Artisanal au Sénégal (CONIPAS) déclare qu’il s’agit de réfléchir ensemble et renforcer les capacités des professionnels de la pêche dans le domaine du plaidoyer et de la transparence, surtout par rapport à certaines exigences. Pour lui, parler de la transparence dans le secteur de la pêche passe d’abord par une lumière autour des accords de pêche, pour que nul n’en ignore. Et à l’en croire, si le Sénégal signe des accords de pêche, ce doit être sur la base de l’existence avérée d’une ressource et d’une recherche. Autrement dit, avant de signer des accords de pêche, il faut qu’il y ait des études préalables sérieuses, prouvant que les stocks sont suffisants et que les acteurs de la pêche au Sénégal ne peuvent pas tout pêcher, avant de donner accès à des bateaux étrangers
UNE PENURIE D’ESSENCE DE PIROGUE S’AJOUTE A LA RAREFACTION DE LA RESSOURCE
Selon Abdoulaye Samba, le Sénégal en tant que gouvernement investit également dans le secteur de la pêche en termes de subventions, mais tout ce processus doit être accompagné par une transparence. D’après Abdoulaye Samba, les acteurs attendent beaucoup de l’Etat qui est habilité à mettre en place tout ce qui est réglementation, code de la pêche. Ainsi, il doit tout mettre en œuvre pour que tous les acteurs soient informés de tous les aspects liés au secteur. Il poursuit : « les ressources continuent de baisser consécutivement à une surcharge d’exploitation, aux mauvaises pratiques de pêche et aux effets liés au changement climatique. Ces effets climatiques font d’ailleurs que les petits pélagiques migrent vers le Maroc où ils ont de meilleures conditions de vie. Il faut donc réfléchir ensemble pour voir les actions et les mesures à mettre en œuvre pour sensibiliser les acteurs de la pêche ». En tout cas, dit-il, le CONIPAS va s’investir sur ce chemin dans les mois de janvier à juin, pour sillonner le terrain pour des opérations de sensibilisation à travers les documents de plaidoyer qui seront produits au cours de cet atelier de Thiès. Pour sa part, Malick Fall Président des acteurs émergents et membre du conseil d’administration du CONIPAS a affirmé que, depuis 4 à 5 mois, les pêcheurs sont désœuvrés à cause d’une pénurie d’essence de pirogue en ce début de saison, ce qui a impacté fortement l’approvisionnement du marché en poissons. C’est ainsi qu’il a lancé un appel pour la mise à disposition de cet intrant incontournable pour le développement du secteur.