L’OR DE KEDOUGOU BRILLE POUR TOUS LE MONDE SAUF POUR LES POPULATIONS LOCALES !
Kédougou est connue pour ses ressources aurifères et l’exploitation de l’or qui joue un rôle important dans l’économie de la région. Hélas, malgré la présence du précieux métal, la pauvreté reste un défi majeur pour de nombreuses communautés de Kédougou

Kédougou est connue pour ses ressources aurifères et l’exploitation de l’or qui joue un rôle important dans l’économie de la région. Hélas, malgré la présence du précieux métal, la pauvreté reste un défi majeur pour de nombreuses communautés de Kédougou. Plusieurs facteurs contribuent à la persistance de la pauvreté dans les zones aurifères de cette région orientale. Les populations autochtones sont notamment confrontées au manque d’eau et d’électricité.
La plupart des habitants de Kédougou vivent dans une pauvreté extrême. Un paradoxe quand on sait que cette région regorge de ressources minières et, notamment, de gisements à haute teneur en or. Hélas, les autochtones sont ceux qui profitent le moins de ces fabuleuses richesses.
Employés comme mineurs, ces habitants travaillent souvent dans une précarité totale. Leurs revenus sont limités et ces braves travailleurs sont constamment confrontés à des risques sanitaires et sécuritaires.
Malgré la richesse de leur sous-sol, les populations de Kédougou ont un accès limité aux infrastructures et services de base comme l’eau potable, l’électricité et les services de santé. Ce qui affecte leur qualité de vie et leur santé. Il en est de même pour la redistribution des revenus de l’exploitation aurifère pour laquelle les populations font face à une inégalité dans la distribution des bénéfices. « Ces bénéfices ne sont pas toujours équitablement répartis entre les travailleurs, les entreprises minières et les communautés locales. Cela entraîne des inégalités économiques et sociales », se plainton. Autres effets négatifs de cette exploitation des ressources minières : la dégradation de l’environnement qui se manifeste par la déforestation et la pollution de l’eau. Sans protection aucune, ces autochtones, dépourvus de moyens de subsistance, subissent en plus les impacts négatifs de la dégradation de l’environnement.
Kédougou, terre d’opulence aurifère
La région de Kédougou est terre d’opulence aurifère et abrite donc plusieurs sites d’exploitation de ce minerai. Mais cette richesse minière, qui devait être source de prospérité pour les populations locales, rend au contraire plus compliquée leur vie dans cette zone qui concentre la majeure partie de l’exploitation aurifère du pays. Les populations, laissées à elles-mêmes, font face à un quotidien dramatique et lamentable. Rien de leurs préoccupations primaires n’est pris en compte par les exploitants aurifères. Pourtant plusieurs sites d’exploitation aurifère du pays sont nichés dans cette zone. Selon les spécialistes, l’or non monétaire est devenu la principale exportation du Sénégal. Il représente 19 % de toutes les exportations depuis, principalement à destination de la Suisse depuis 2019. L’essentiel de cette extraction se déroule à Kédougou, faisant de ce métal précieux un pilier de l’économie locale. Kédougou abrite une vingtaine de sociétés minières dont deux en exploitation effective ainsi que des milliers d’orpailleurs artisanaux et clandestins. Paradoxe. C’est dans cette région qu’on trouve également une misère effroyable et des conditions de vie dignes du Moyen-âge
Malgré sa richesse en or, la région de Kédougou fait face à un taux de chômage élevé de 26,3 %, bien au-dessus de la moyenne nationale qui est de 15 %. Les causes de cette situation sont diverses. Elles partent du manque de main-d’œuvre qualifiée pour répondre à la demande croissante sur le marché du travail, aux enjeux complexes de la gouvernance.
Les revendications des habitants de Kédougou vont au-delà de l’obtention d’emplois dans les mines. Elles portent également sur l’obtention d’une part plus importante des retombées économiques des activités des multinationales exploitant l’or pour leur région. Malgré d’énormes quantités d’or extraites, il y a peu de signes de richesse partagée localement. Et même, l’absence de bijoux en or portés par les habitants est une preuve supplémentaire, s’il en était besoin, du fait que les populations ne profitent pas de leur métal qui brille.
Et pourtant, avec ses multiples sites d’exploitations d’or, Kédougou ne devrait nullement être une région en proie à la pauvreté extrême. Mais les politiques d’exploitation des multinationales ne semblent pas prendre en compte les préoccupations des populations. Sabodala, une des plus grandes mines aurifères du pays, opérée par Teranga Gold Corporation, est nichée au cœur de la région. Ce joyau de l’industrie aurifère sénégalaise incarne l’essence de l’extraction aurifère dans le pays.
Non loin de ce périmètre se trouve Boto, exploitée par Cardinal Ressources qui incarne l’émergence d’un gisement aurifère majeur. Cette mine d’or de Boto, également située à Kédougou, émerge comme un important gisement aurifère, offrant des promesses de richesses. Il en est de même à Mako où se trouve une mine d’or entrée en exploitation il y a cinq ans avec un potentiel énorme. La mine d’or Mako, propriété de Resolute Mining Limited, ouverte en 2018, est nouvelle dans le potentiel aurifère sénégalais. Son potentiel économique est en constante évolution.
Gouvernance et transparence
L’importance cruciale d’une gouvernance adéquate dans la gestion des ressources naturelles, conformément à la Constitution sénégalaise, est un facteur important que des membres de la société civile dont le Forum civil, qui représente l’organisation Transparency international au Sénégal, ne cessent de souligner à travers des programmes et activités d’alerte et de sensibilisation. Ces organisations luttent depuis des années pour instaurer une gouvernance transparente des ressources extractives nationales afin d’éviter des conflits entre les multinationales qui exploitent ces ressources et les populations locales. Ces organisations ne cessent de proclamer que les ressources naturelles appartiennent au peuple et que leur exploitation doit être menée de manière transparente et durable. Elles citent la Constitution, tout exhortant au respect de l’environnement pour le bénéfice de la population.
La zone de Kédougou n’est pas épargnée par les impacts négatifs de l’exploitation minière sur l’environnement et la santé des habitants. Plusieurs rapports d’études environnementales ont souligné la contamination de l’eau par des métaux, la destruction de la végétation et l’érosion des sols. Ces conséquences entraînent des problèmes de santé tels que les dermatoses et les maladies diarrhéiques.
Gestion plus responsable des ressources naturelles
Les populations de Kédougou réclament de manière urgente une gestion plus responsable des ressources naturelles qui doit être une priorité pour les gouvernants. Ces derniers sont invités à faire de sorte que l’or soit un véritable atout pour la région et ses habitants. Et non une source de malédiction ou d’aggravation de la misère. Les autorités étatiques, recommandent les ONG, doivent éviter que l’or soit un cauchemar environnemental et social. « La prospérité économique doit s’accompagner d’une prospérité partagée pour que tout le monde puisse bénéficier de cette richesse minière précieuse. Quand des femmes de Kédougou ne portent même pas de bague en or, alors que, des Sokhna Ngoye Fall et autres dames portent des lingots d’or, c’est une incroyable incohérence et une inégalité sociale effarante », déplore un acteur de la société civile. Alors que les multinationales extrayant l’or convoient au quotidien vers l’étranger des quantités importantes de ce minerai tirées de leur sous-sol natal, le fait pour les autochtones de ne pas profiter de leurs ressources peut constituer, assurément, pour ces populations locales une source e frustrations. Et donc de révoltes comme on l’a vu il y a quelques jours à Khossanto !