SERIGNE MBAYE THIAM RENVOIE LA BALLE AUX DEPUTES
Assemblée nationale-suppression et/ou limitation du droit de grève des enseignants

Pour l’exercice 2019, le budget du ministère de l’Education nationale est arrêté à la somme de 476 940 066 492 F Cfa contre 413 042 396 140 F Cfa en 2018, soit une hausse de 63 897 670 352 en valeur absolue et 15,47% en valeur relative. Devant la représentation parlementaire hier, lundi 3 décembre 2018, le ministre Serigne Mbaye Thiam a affiché un bilan positif en termes de constructions, de dotation en manuels, de relèvement du niveau de recrutement des enseignants et de prise en charge des revendications des syndicats. Sur les perturbations structurelles à travers les grèves qui entament lourdement le quantum et décrédibilisent le service public de l’éducation, les députés ont demandé la suppression du droit de grève, sinon sa limitation drastique dans le secteur éducatif par une loi ad hoc. Le ministre a relevé que le gouvernement n’a pas encore pris cette option, non sans accorder à la représentation nationale le droit de faire des propositions de loi sur la question.
Le secteur de l’éducation et de la formation est marqué depuis une décennie par des grèves récurrentes qui entament lourdement le quantum horaire. Le cumul des heures perdues qui équivaut pour l’élève sénégalais à environ 1200 heures, soit le quantum d’une année de scolarité sur un cycle de 6 ans à l’élémentaire, inquiète fortement les députés. En commission, certains parlementaires ont suggéré au ministère de l’Education une suppression ou une limitation drastique du droit de grève dans le secteur éducatif. Dans ce sillage, Serigne Mbaye Thiam a renvoyé la balle à l’Assemblée nationale, sachant que c’est une patate chaude qui reste de faire jaser les acteurs d’un secteur en ébullition. Le ministre qui était de passage devant la représentation parlementaire hier, lundi, a relevé que le gouvernement n’a pas encore pris cette option mais a reconnu le droit à la représentation nationale de faire des propositions de loi. En revanche, les députés ont demandé le respect des engagements envers les enseignants.
En attendant que cette question soit encore approfondie dans une dynamique de recherche d’une offre éducative de qualité, à l’aune des mauvais résultats enregistrés lors des évaluations nationales, Serigne Mbaye Thiam devra gérer un budget de 476 940 066 492FCfa pour l’exercice 2019, contre 413 042 396 140FCfa en 2018, soit une hausse de 63 897 670 352 en valeur absolue et 15,47% en valeur relative. Les députés l’ont adopté hier, lundi 3 décembre, lors du traditionnel marathon budgétaire. Les dépenses de personnel sont arrêtées à la somme de 355 milliards 250 millions FCfa. Le fonctionnement a une enveloppe de 63 milliards FCfa contre 74 milliards FCfa en 2018, soit une baisse de 18,98%. 7 milliards et 3 milliards FCfa sont respectivement prévus pour la rubrique transfert courant et le transfert en capital. Les dépenses en capital ou investissements exécutées par l’Etat s’élèvent à 47 milliards FCfa.
DEFICIT D’ENSEIGNANTS ET INFRASTRUCTURES : Les assurances du ministre de l’Education
Les députés sont revenus largement sur le déficit persistant d’enseignants dans certaines localités. Le rapport de la Commission a évoqué la fermeture des écoles et lycées depuis 5 ou 6 ans à Goudiry et à Doukké alors que dans ces localités, les populations commencent à comprendre l’importance de l’éducation. Sur la qualité des enseignants, Serigne Mbaye annonce la publication des résultats du Programme international pour le suivi des acquis (Pisa), le 11 décembre 2018, pour dégager les performances des enseignants déjà en service. Toujours dans le cadre de l’amélioration de la qualité, le ministre a parlé du système d’évaluation des rendements scolaires. Des initiatives qui concourent à relever le niveau des enseignants. « Un besoin de 3600 enseignants par an. En 2030, il nous faudra recruter 12750 enseignants par an pour la population scolarisable », explique-t-il ainsi pour parler du besoin permanent d’enseignants chaque année.
En plus du nombre insuffisant d’enseignants, les députés ont attiré l’attention du ministre sur le déficit de salles de classe et de tables bancs dans certains lycées. Non sans alerter sur la vétusté de certains établissements, notamment le lycée Demba Diop de Mbour dont l’état est préoccupant. « Celui-ci demande à être réfectionné en urgence », invitent les députés qui souhaiteraient aussi la « création d’un lycée à Diamaguène Sicap-Mbao au vu du nombre d’élèves dans la localité ». Et Serigne Mbaye Thiam d’annoncer dans la foulée que 15 900 tables bancs seront livrés en 2018 et 37 400 le seront en 2019.
Quid des infrastructures scolaires ? Sur la question relative à la construction des salles de classes, le ministre qui a annoncé que 15 900 tables bancs seront livrés en 2018 et 37 400 le seront en 2019 expliquera : « la priorité est accordée en fonction de l’importance administrative de la structure qui demande ; c’est ainsi que le département est satisfait avant l’arrondissement, celui-ci avant la commune, etc ». « Il est important de faire d’autres arbitrages, du fait que toutes les demandes ne peuvent pas être satisfaites en même temps ; c’est ainsi qu’une demande peut être considérée comme prioritaire au niveau régional mais ne pas être satisfaite au niveau national », poursuit-il. Avant d’ajouter : « en plus de la disponibilité d’un site, la demande de création d’établissements scolaires dépend de la disponibilité des crédits, de la demande de formation, aux possibilités d’encadrement ». Pour montrer la volonté du gouvernement, le ministre annonce une enveloppe de «135 milliards FCfa entre 2019 et 2022 seront investis dans le secteur pour les besoins de constructions».
ECHOS...ECHOS...
Solution des élèves âgés de 18 à 20 ans après leur réussite au Bfem
Dans le cadre de la politique de généralisation du droit à l’éducation, la situation à Diourbel risque de plomber les efforts faits jusqu’ici pour l’atteinte d’une scolarisation pour tous. En effet, dans la capitale du Baol, des élèves âgés de 18 à 20 ans ne sont pas orientés après leur réussite au Bfem, du fait de leur âge. Les députés ont demandé à ce que des solutions soient trouvées pour ces potaches.
Généralisation des cantines scolaires préconisée
La généralisation des cantines scolaires à Linguère et dans les régions reculées a fortement été sollicitée par les députés. Pour régler cette équation, le ministre invite les « autorités décentralisées à dupliquer l’expérience des champs communautaires et des greniers scolaires mis en œuvre dans le département de Foundiougne et qui consiste pour les populations à exploiter des champs dont les récoltes sont destinées aux cantines scolaires de la localité ».
Ouverture d’une école sénégalaise en Italie : le niet du ministre
Les parlementaires ont demandé également l’ouverture d’une école sénégalaise en Italie pour permettre aux enfants des ressortissants établis dans ce pays de bénéficier d’un enseignement leur permettant de pouvoir, dans le futur, continuer des études au Sénégal s’ils le désirent. Un souhait qui ne trouvera pas une oreille attentive du ministre qui fera savoir que le gouvernement n’a pas, pour le moment, l’intention de mettre en œuvre cette politique, compte tenu de son coût. Selon lui, les écoles de Djeddah, de Bissau et en Gambie sont des initiatives privées de Sénégalais établis dans ces pays, quand bien même l’Etat accorde à ces établissements des subventions.
Serigne Mbaye Thiam tance Human Right Watch
Le ministre de l’Education se veut clair : le harcèlement et les abus sexuels à l’école ne sont pas en soi contestables. En revanche, Serigne Mbaye Thiam dégage en touche les conclusions de ce rapport qui affirme, dit-il, que le phénomène est généralisé dans le système éducatif et qu’il n’est pas sanctionné. Ces affirmations sont, indique-t-il, fausses et n’ont pas été étayées par l’étude qui, au demeurant, concerne une frange infime de la population scolarisée. Pour lui, « l’Ong a pour objectif d’introduire au Sénégal une Education aux droits sexuels, tout en soulignant qu’il existe au Sénégal une éducation à la vie familiale et à la santé de la reproduction, autant d’enseignements qui tiennent compte de nos réalités socio-culturelles.