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"SOUTENIR LE PRIVÉ, C'EST ENCOURAGER UNE ÉDUCATION À DEUX VITESSES"

Chercheur à l’Institut de recherche pour le développement, Hamidou Dia met en garde contre une explosion sociale due à un système éducatif inégalitaire

Le Monde Afrique  |   Coumba Kane  |   Publication 11/12/2018

Depuis plusieurs semaines, le Sénégal fait face à des grèves dans l’enseignement privé. Ce secteur est devenu un acteur majeur de l’éducation dans le pays. Il attire 30 % des élèves, du primaire au supérieur, et son marché pèse 21 milliards de francs CFA (32 millions d’euros). Même l’Etat sénégalais, submergé par l’arrivée de nouveaux bacheliers, se tourne vers le privé où il oriente une partie des étudiants, en échange du paiement de leurs frais d’inscription.

Mais voilà, ces derniers mois, l’Etat endetté n’a pas réglé sa facture. Les écoles privées en grève menacent de renvoyer 40 000 élèves participant au dispositif. Cette situation alarmante relance le débat sur la part du privé dans l’enseignement au Sénégal où, en cinq ans, le nombre de bacheliers a augmenté de 61 %. Hamidou Dia, sociologue et chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), met en garde contre une explosion sociale due à ce système éducatif à deux vitesses.

Le privé attire un tiers des étudiants aujourd’hui au Sénégal. Comment s’est-il fait une telle place face à l’enseignement public ?

Au Sénégal, l’enseignement privé dans le primaire et le secondaire a longtemps été confessionnel. Il est arrivé dans le sillage du christianisme et de l’islam au XIXe siècle. Mais c’est dans les années 1990, suite aux injonctions du FMI et de la Banque mondiale de réduire les dépenses publiques, qu’il s’est structuré. Puis, face à la pression démographique, il a fallu scolariser en masse conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies qui fixait, à 2015, l’accès à l’éducation pour tous.

Parallèlement à l’essor du privé, on constate une méfiance des parents vis-à-vis du public, miné par des grèves à répétition. Pensez qu’entre 1960 et 2008, nous avons comptabilisé trente grèves, dont quatre qui ont duré des mois. Pour les familles, ces paralysies récurrentes dans l’éducation publique jettent un doute sur la qualité des enseignements. D’autant que par souci d’économie, des maîtres ont pu être recrutés, sans formation.

L’Etat lui-même se tourne vers le privé en finançant les droits d’inscription de certains bacheliers, environ 10 000 cette année. Cette situation vous inquiète-t-elle ?

Oui. C’est une fausse bonne idée que l’Etat finance le privé avec des deniers publics ! Il y a déjà le problème des professeurs du public qui vont enseigner dans ces écoles privées. Il faut au contraire donner cet argent aux universités publiques. Soutenir le privé, c’est encourager une éducation à deux vitesses. Au Sénégal, les disparités sociales sont très fortes. Une minorité mène une vie huppée, mais 47 % des 6-16 ans ne vont pas à l’école car leurs parents n’ont pas les moyens de payer 4 000 francs CFA [6 euros] par an ou ne se reconnaissent pas dans l’institution scolaire qu’ils jugent trop éloignée de leur histoire et de leur représentation du monde. L’alternative, c’est l’école coranique où 30 % des moins de 16 ans, non scolarisés, sont inscrits.

Les écoles publiques manquent d’infrastructures. En province, et près de Dakar, à Niaga, les cours ont lieu dehors faute de murs ou sous ce qu’on appelle des « abris provisoires ». Face à ces inégalités criantes, l’Etat doit assumer son rôle en offrant une éducation de qualité pour tous. D’autant qu’une loi a été votée en 2004 pour assurer cela. Le privé, lui, est dans une autre logique : il doit dégager des bénéfices, c’est sa raison d’être.

Mais l’Etat n’a peut-être pas les moyens de soutenir le public…

Pas du tout ! L’Etat doit actuellement 16 milliards de francs CFA [environ 24 millions d’euros] à ces écoles privées qui se sont mises en grève pour réclamer leur dû et menacent de renvoyer 40 000 élèves ! 16 milliards de francs CFA, c’est le montant des frais d’inscription des bacheliers qui ont été orientés vers ces établissements. Cette somme aurait pu être investie dans l’université publique en souffrance. En 2014, le budget de l’université de Dakar, l’une des meilleures d’Afrique, était de 20 milliards de francs CFA pour une masse salariale qui s’élevait à 23 milliards de francs CFA, selon les syndicats d’enseignants. Les besoins de fonctionnement n’étaient donc même pas couverts par le budget.

Quand l’Etat verse 16 milliards à l’enseignement privé, il envoie un mauvais signal aux plus modestes, aux populations rurales, de l’intérieur du pays et de la banlieue. Evidemment, les ressources de l’Etat ne sont pas infinies, mais il peut donner un gage fort à ceux qui manquent quasiment de tout. Actuellement, il y a un sentiment d’injustice préjudiciable à la cohésion sociale. La République doit éviter qu’un gigantesque rideau d’argent ne se dresse entre ses enfants des quartiers huppés et ceux du reste du pays.

Paradoxalement, au Sénégal, plus le niveau d’études est élevé, plus le taux de chômage est important. Le privé permet-il de mieux s’insérer sur le marché du travail ?

Nous n’avons aucune information à ce sujet car les écoles manquent de transparence. Cependant, je constate de manière empirique que beaucoup de diplômés, attirés par des formations professionnalisantes, se retrouvent au chômage. Le vrai problème, ce n’est pas le trop grand nombre d’étudiants au Sénégal, mais la stratégie de développement du gouvernement. Il faut une politique économique pour créer de l’emploi, peu importe si l’on passe par le public ou le privé. Certaines universités privées malhonnêtes ont même délivré des diplômes pendant dix ans alors qu’elles détenaient un agrément provisoire d’un an. Leurs étudiants diplômés s’étonnent ensuite de ne pas trouver de travail.

Le gouvernement français a annoncé l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens, dont 40 % sont africains. Quelles conséquences cette mesure peut-elle avoir sur l’éducation supérieure au Sénégal ?

Cette mesure va creuser les inégalités. La France veut des étudiants africains fortunés. Or les plus riches ne vont déjà plus dans l’Hexagone. Ils se tournent vers le Canada, les Etats-Unis, l’Australie où ils ont plus de chance d’être recrutés après leurs études. En France, ils sont confrontés à des obstacles administratifs et à un discours public violemment anti-étranger. Pour les étudiants modestes en revanche, c’est une mauvaise nouvelle. Même avec une bourse, ils ne pourront pas vivre en France à cause du coût de la vie. S’ils souhaitaient y suivre des études dans des secteurs de pointe, ils devront renoncer à leurs plans et choisir une autre filière dans un contexte sénégalais déjà engorgé et précaire.

Cette mesure est-elle une bonne nouvelle pour l’enseignement privé ?

Certainement, car certains étudiants vont être attirés par des écoles qui promettent des cursus avec la mention « international ». Or ces formations alléchantes ne sont pas toujours des gages de qualité.

Qu’est-ce que cette mesure peut changer dans les relations entre la France et les jeunes Africains ?

La France a beaucoup à perdre car ces étudiants participent à son rayonnement international. Le lien entre les élites va aussi se distendre. Ils étaient les ambassadeurs de la France et participaient à la diplomatie d’influence. Or la France leur dit : “Vous ne nous intéressez plus ! Nous voulons des Asiatiques et des anglophones, car ils peuvent payer” ! La France prend le risque de perdre sur les deux tableaux, car il n’est pas dit qu’elle parvienne à attirer les étudiants asiatiques. Ils vont plutôt au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie, en Malaisie, en Inde, car l’anglais est la lingua franca.

On peut aussi y voir une manière d’encourager les Etats africains à développer leur enseignement. On accuse souvent la France de piller les cerveaux africains…

Oui, ce message doit pousser les Etats africains à prendre en charge le destin de ces jeunes. Mais à l’heure de la mondialisation, ces derniers ont aussi le droit d’étudier à l’étranger et y apprendre ce qu’il y a de mieux.

La France, elle, cultive une ambivalence. D’un côté, elle évite d’être accusée de néocolonialisme, car cette mesure décourage la fuite des cerveaux. Mais, d’un autre côté, elle revendique une place de puissance mondiale. Son rayonnement passe aussi par la formation dans ses universités des étudiants étrangers. En rejeter certains sur une base économique, c’est paradoxal. Le message est peu clair quand on repense au discours de Ouagadougou d’Emmanuel Macron il y a un an. Face à un parterre d’étudiants, il avait promis que l’éducation serait la base du nouveau partenariat entre la France et l’Afrique. C’est mal parti !

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