LES PETITS METIERS AU FEMININ
A Ziguinchor, les femmes refusent la fatalité de la pauvreté. Elles se battent pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Elles sont lavandières, vendeuses de fruits, d'arachides, s'activent dans la restauration dans la rue.

A Ziguinchor, les femmes refusent la fatalité de la pauvreté. Elles se battent pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Elles sont lavandières, vendeuses de fruits, d'arachides, s'activent dans la restauration dans la rue. Dans l'univers des petits métiers au féminin.
Anna est une jeune femme divorcée et mère de deux enfants. Son ex conjoint ne s'occupe pas de ses rejetons. Elle est contrainte de le faire. "Le mois dernier, je suis tombée malade. Le médecin m'a fait savoir que je souffrais d'asthénie et que je devais diminuer mes efforts physiques, mon volume de travail. Le travail de lavandière est trop pénible et n'est pas payant. Mais, on n'a pas de choix. Il faut s'occuper des enfants", nous confie-t-elle. Jouissant des largesses de ses amants, Fatou pensait avoir le monde sur ses épaules. Cette belle femme dont les formes généreuses attiraient bien d'hommes se la coulait douce. Toutefois, elle a fini par comprendre la nécessité de se trouver une activité génératrice de revenus. "Les hommes ne sont pas sincères. Ils ne cherchent qu'à se jouer de nous. C'est pourquoi je me suis dévidée à m'activer dans la vente de petit déjeuner pour les élèves. Je me lève tous les jours à 5 heures pour la préparation. Avec cela, Dieu merci j'arrive à régler mes problèmes, à me passer de l'aide des hommes", nous dit Fatou qui ne se décourage pas de trouver un homme qui voudra l'épouser.
En attendant, elle s'attèle quotidiennement à satisfaire à sa clientèle friande d’« akara" et de marinade. "C'est par amour pour mon mari que j'ai renié la religion de mes parents pour épouser la sienne. Ma famille m'a rejetée. Aujourd'hui, je me sens trahie. Mon mari m'a trouvé une coépouse. Je suis comme abandonnée de toutes parts. Pour subvenir à mes besoins et à celle de mes enfants, je me suis lancée dans le petit commerce. Je suis toujours jeune. Mais, je n'ai plus le temps de me faire belle. Tout ce qui compte dorénavant pour moi, ce sont mes enfants", lance pour sa part Binta. Qu'elles soient jeunes ou d'un âge avancé, les femmes de Ziguinchor qui ont subi le lourd tribut d'un conflit trentenaire tiennent à se battre pour la survie de progéniture. Elles sont dans les rizières (faro) bravant la chaleur, la faim et la soif, dans les marchés, sur les trottoirs des avenues où elles déposent leurs tables. Cette bravoure dont elles font preuve ne les épargne pas de brimades particulièrement au sein de leur couple.