L'ARTEMISIA, NOUVEL "OR VERT" DE MADAGASCAR ?
Le président malgache a contribué à doper les ventes de tisanes d’artémisia afra, l’autre armoise cultivée en Afrique, dans les boutiques du Tchad au Sénégal

Aucune étude clinique sérieuse n’a confirmé l’efficacité de cette plante contre l’épidémie de Covid-19, mais Andry Rajoelina, le président malgache l’assure : l’artemisia contenue dans le remède « Covid Organics », fabriqué sur l’île, pourrait devenir « l’or vert » de Madagascar.
Madagascar est avec la Chine le premier producteur au monde d’artemisia annua, une plante verte aussi appelée armoise annuelle, qui peut atteindre un mètre de haut, et qui avait connu un premier succès au début des années 2000, lorsque l'on avait scientifiquement prouvé son utilité contre le paludisme.
Stocks d’artemisia
Une filière s’était créée à Madagascar, autour d’une entreprise, Bionexx, qui avait conclu des contrats avec des cultivateurs des hauts plateaux. Malheureusement on avait entre-temps réussi à synthétiser chimiquement l’artemisia. L’usage de la plante malgache avait donc stagné. Bionexx avec sa production de 2 500 tonnes par an avait du mal à écouler ses stocks de plante séchée à plus de 500 dollars la tonne.
Exportations interdites
Le lancement du « Covid-Organics » pourrait dans une certaine mesure relancer la filière. Le président Rajoelina a su populariser le remède local, à base d’artemisia et d’autres plantes gardées secrètes, tout en faisant taire les critiques de l’Académie malgache de médecine. Tant que les victimes du Covid 19 à Madagascar étaient rares, le discours passait très bien. Et il a contribué à doper les ventes de tisanes d’artémisia afra, l’autre armoise cultivée en Afrique, dans les boutiques du Tchad au Sénégal.
25 centimes d’euros le kilo
Mais à Madagascar l’artemisia annua est interdite à l’exportation, la logique étant de fabriquer les remèdes localement pour capter la valeur ajoutée. Cela réduit considérablement le marché potentiel de cette herbe.
Des doutes commencent en outre à s’exprimer à Madagascar sur la gestion de l’épidémie par les autorités : le nombre de cas explose à Antananarivo. Il est donc fort peu probable que l’artemisia devienne comme le proclame Andry Rajoelina le nouvel « or vert » de Madagascar, susceptible de se vendre selon lui à 3 000 dollars la tonne, dix fois plus cher que le riz. Pour l’heure, la dizaine de milliers de cultivateurs malgaches qui produisent de l’artemisia pour Bionexx reçoivent à peine dix fois moins que cela, l’équivalent de 25 centimes d’euros le kilo.