L’UNESCO REUNIT LES EXPERTS POUR REFLECHIR SUR LES INDICATEURS DE DURABILITE
L’ambition de l’Unesco, c’est de permettre aux états et aux institutions de la mémoire de préserver l’information pour les générations futures.

Le Bureau régional multisectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel, basé à Dakar, a organisé, hier, dans le cadre de ses activités, un atelier régional sous le thème : « L’élaboration des indicateurs de durabilité de la préservation de l’information ». Cette rencontre a réuni des experts venus de 13 pays africains.
L’ambition de l’Unesco, c’est de permettre aux états et aux institutions de la mémoire de préserver l’information pour les générations futures. Hier, à l’atelier régional qui s’est tenu à Dakar, les participants ont insisté sur l’importance de cette préservation de l’information pour les états et les citoyens.
Dans un texte liminaire, l’Unesco estime que la préservation de l’information fait partie des domaines prioritaires de ses programmes information Pour Tous (PiPT) et mémoire du monde (moW). en 2007, reconnaissant l’urgence à agir pour préserver l’information sous forme numérique, le PiPT plaçait la sensibilisation sur l’importance de la préservation de l’information au nombre de ses trois objectifs stratégiques. en 2009, le PiPT publiait aussi un modèle de politique nationale pour la société de l’information, pour, entre autres, soutenir les etats dans la mise en œuvre du Plan d’action du SmSi et de favoriser leur alignement avec les stratégies de développement.
L’organisation rappelle avoir adopté, en 2015, la recommandation concernant la préservation et l’accessibilité du patrimoine documentaire y compris le patrimoine numérique. Un instrument international majeur qui encourage les etats à prendre des actions concrètes pour une meilleure politique et des actions favorisant la connaissance, la conversation et l’accessibilité du patrimoine documentaire national. elle souligne que les objectifs de développement durable, en l’occurrence l’Odd 16, en reconnaissant l’accès à l’information comme une des exigences du développement, ont ainsi fait de la préservation de l’information un catalyseur du développement durable. Car, dit l’organisation onusienne, l’information accumulée et préservée au fil des années est un capital inestimable pour la recherche, l’innovation et la production de savoirs permettant d’adresser les défis de développement.
Le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel, Dr Dimitri Sanga, a rappelé à cette occasion que la production de l’information, sous diverses formes et supports, est une caractéristique intrinsèque de l’activité et des interactions humaines. « Ainsi, avec les avancées technologiques, notre société a atteint un niveau sans précédent dans la création, le partage, l’utilisation et voire le stockage de l’information. Le concept de société de l’information, à lui seul, illustre à suffisance le nouvel écosystème de notre société. Cependant, la préservation de l’information (entendue ici dans son sens le plus large : documents, bases de données, éléments audiovisuels, fichiers numériques, codes sources de logiciels, pages web, etc.), demeure confrontée à de nombreux défis et ce en dépit de la centralité de l’information et des opportunités rattachées à son accès. » Dr Sanga a expliqué que l’atelier régional ouvert hier s’inscrit dans un continuum d’interventions menées par l’Unesco pour contribuer tant à la réalisation de l’agenda 2063 de l’Union africaine (Ua) qu’aux objectifs de développement durable (Odd).
En effet, l’information dûment préservée et rendue librement accessible est une ressource inépuisable pour la production de la connaissance et favorise l’innovation, explique-t-il.
Garantir l’accès à l’information
« Garantir l’accès à l’information est l’une des cibles de l’ODD 16, et accéder à l’information, que ce soit pour des besoins de culture générale, d’éducation, de recherche, etc., reste fortement tributaire de sa préservation », a fait savoir le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel.
Conséquemment, il informe qu’au sein de l’organisation dirigée par Mme Audrey Azoulay, la préservation de l’information figure au nombre des priorités de deux programmes spécifiques à savoir le Programme information Pour Tous et le Programme mémoire du monde. « Les institutions de la mémoire que sont les archives, les bibliothèques, les musées, les centres de documentation, etc. ont, au fil des années, mené des actions déterminantes pour assurer la préservation et l’accessibilité à l’information.
Dans plusieurs pays africains, ces institutions se sont vites vues confrontées à la dure réalité du volume toujours important de l’information disponible, du rythme effréné des avancées et de l’obsolescence technologique, de l’inadéquation et du manque de compétences et des espaces, etc. Des facteurs entretenus par, entre autres, l’absence ou l’inefficacité de la politique de la préservation de l’information », a longuement et avec pertinence développé Dr Dimitri Sanga. il a d’ailleurs rappelé qu’au cours des dernières décennies, plusieurs de nos états ont fait le choix de s’approprier les technologies de l’information et de la communication (Tic) pour notamment moderniser les services de l’état avec le déploiement des solutions d’e-administration.
Hélas, a-t-il semblé se désoler, ces choix politiques et technologiques se sont faits sans toujours prendre en compte les besoins spécifiques de préservation de l’information numérique. « Les enjeux liés à la préservation de l’information, y compris les données, ne sont plus uniquement relatives au devoir de mémoire. En effet, nos Etats ne sauraient tirer pleinement bénéfice du développement de l’Intelligence Artificielle sans une politique efficace de préservation et d’accessibilité de l’information, y compris des données » a insisté Dr Dimitri pour montrer l’importance de la préservation de l’information. il indique que l’Unesco a une longue expérience en matière d’élaboration des indicateurs dans divers domaines. « Au cours de cet Atelier, l’on devra mesurer la pertinence des indicateurs que les experts s’apprêtent à proposer afin d’aider les Etats membres à orienter la formulation et la mise en œuvre des politiques et stratégies sur la préservation de l’information. Il s’agit aussi de fournir aux acteurs du secteur un outil de plaidoyer et de mobilisation des partenariats en vue d’adresser les défis de la préservation durable de l’information », a-t-il indiqué aux participants. En conclusion, le directeur du Bureau régional de l’Unesco pour l’Afrique de l’Ouest Sahel a rappelé que c’est à travers la préservation effective de l’information que les générations précédentes nous ont légués leurs savoirs, leur culture, bref, leur humanité. Et selon lui, « nous avons le devoir d’en faire de même pour celles qui viendront après nous ».