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26 juin 2025
100 JOURS ET HEURTS
Piégé par les nombreuses promesses, l’immense espoir, un temps qui fuit, il aura gouverné par la menace. Le Premier ministre est au front. Sur tous les fronts. Presse, magistrats, Assemblée…
Le régime de Diomaye-Sonko a bouclé ces 100 jours symboliques. 100 jours souvent conflictuels avec différents acteurs et segments de la société. Piégé par les nombreuses promesses, l’immense espoir, un temps qui fuit, il aura gouverné par la menace. Le Premier ministre est au front. Sur tous les fronts. Presse, magistrats, Assemblée…
Arrêt des travaux du Littoral
C’est le premier sujet du régime. Après avoir découvert des pratiques jugées peu orthodoxes, les nouvelles autorités ont suspendu les chantiers de construction sur le littoral de Dakar. D’abord une note des services des Domaines sur instruction du président de la République. Et elle est suivie par ce déplacement de Bassirou Diomaye Faye lui-même à Mbour4 pour annoncer la couleur et prévenir les hommes d’affaires et politiques qui se sont partagé ces hectares. Le mardi 14 mai, la suspension pour deux mois de toutes les constructions sur le littoral de Dakar et sa région, est actée au grand bonheur des défenseurs de l’environnement devant la bétonisation de la côte. Le gouvernement a aussi décidé de la création d’une commission ad hoc chargée de vérifier la légalité des titres délivrés pour les occupations anciennes et nouvelles du domaine public maritime. Le littoral dakarois est le théâtre d’une spéculation immobilière intensive. Hôtels et immeubles d’habitation ou de bureaux y poussent à grande vitesse. Les défenseurs de l’environnement ou de la qualité de vie dénoncent la privatisation du littoral à coups de violations des règles de droit. De nombreux Dakarois se plaignent de ne plus avoir d’accès libre à l’océan. C’est d’ailleurs ce qui a expliqué le déplacement du Pm, dimanche, à la plage Anse Bernard où, selon lui, des milliers de mètres carrés ont été cédés à des privés par l’ancien régime en fin 2023. La suspension des chantiers a, cependant, suscité des interrogations dans les milieux économiques, le secteur de la construction faisant travailler un nombre considérable d’ouvriers.
Sonko et les médias
Le Premier ministre Ousmane Sonko s’est attiré les foudres de la presse par ses propos jugés menaçants. En meeting avec les jeunes de son parti au Grand théâtre, il disait : «On ne va plus permettre que des médias écrivent ce qu’ils veulent sur des personnes, au nom d’une soi-disant liberté de la presse, sans aucune source fiable.» Le chef du gouvernement s’offusquait ainsi du traitement médiatique sur l’affectation du général Souleymane Kandé à New Delhi comme attaché de défense et de sécurité. En colère, il les mettra au défi de publier à nouveau des articles l’impliquant dans la mutation de l’ancien Chef d’état-major de l’Armée de terre. Cette sortie au vitriol du leader du Pastef contre la presse lui avait valu une réplique du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics). Son porte-parole, Maguette Ndong, avait exprimé toute sa surprise après les «menaces» proférées par le Premier ministre. Alors que Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (Cdeps) déclarait dans L’Observateur : «Je refuse à toute personne de me traiter de bandit fiscal. Je suis un chef d'entreprise. Les personnes qui nous diffament ne sont pas plus patriotes que nous. Nous sommes un secteur qui est spécifique, il nous faut une fiscalité qui est spécifique. Nos gouvernants ont une vision extrêmement étroite, c’est-à-dire qu’ils ne considèrent pas la presse comme un secteur névralgique.» Une sortie qui n’avait pas plu au coordonnateur général du Forum civil. Birahim Seck rappelait à Sonko : «Vous n’êtes plus dans l’opposition, mais dans la position d’apporter des réponses rassurantes et démocratiques.»
Dignitaires de l’ancien régime et magistrats
Cette rencontre au Grand théâtre a été aussi un prétexte pour Ousmane Sonko de réaffirmer son intention de réclamer des comptes, non seulement aux auteurs d’irrégularités dans la gestion des comptes publics, mais aussi aux responsables des violences qui ont fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024. «Est-ce qu’on peut pardonner à des gens qui ont tué des Sénégalais dont le seul tort était d’avoir revendiqué leurs droits ? Je tiens à rassurer tout le monde, ce qui doit être fait sera fait», avait martelé le Pm. La magistrature n’a pas été épargnée à cette occasion : «Une fois qu’on aura fini de donner un coup de balai (dans la justice) et qu’on aura nommé de vrais magistrats, des magistrats honnêtes, on fera ce qu’il faut avec les dossiers des gens qui ont détourné l’argent du pays.» Et il avait nommément accusé le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, de corrompu.
Sonko et l’Assemblée nationale
Il ne restait donc au Premier ministre que les députés. Si, dans le principe, il n’est pas obligé de faire sa Déclaration de politique générale dans les 90 jours à cause d’un règlement intérieur défaillant, il doit la faire tout de même. Alors, le 28 juin, répondant au député Guy Marius Sagna, qui lui demandait de ne pas venir à l’Assemblée, Ousmane Sonko ouvre les hostilités contre, notamment, Benno bokk yaakaar qui est majoritaire à l’Assemblée nationale. Il conditionne la présentation de sa Dpg à la restauration dans le règlement intérieur de l’Assemblée de dispositions liées au poste de Premier ministre, dispositions qui avaient été enlevées en 2019 avec la suppression du poste. Mais aussi, il menace de tenir sa Dpg hors de l’hémicycle. Mais c’est sans compter avec la détermination de Bby qui a répliqué par une annulation du Débat d’orientation budgétaire et qui envisage de déposer une forme pour empêcher le président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale. Des médiateurs sont entrés en scène pour éviter une crise politique et institutionnelle.
LE MINISTERE MAURITANIEN DE L’INTERIEUR ANNONCE LA MORT DE TROIS PERSONNES SUITE AUX VIOLENCES POLITIQUES
Le ministère mauritanien de l’Intérieur et de la Décentralisation a annoncé le décès de trois personnes en marge de heurts survenus dans la nuit de lundi à mardi, à Kaédi, une localité du sud du pays
Le ministère mauritanien de l’Intérieur et de la Décentralisation a annoncé le décès de trois personnes en marge de heurts survenus dans la nuit de lundi à mardi, à Kaédi, une localité du sud du pays, en proie à des violences nées de la réélection annoncée du président Mohamed Ould Chaikh El Ghazouani.
“Tard dans la nuit du lundi à mardi, la ville de Kaédi a été le théâtre d’actes violents de pillage et de vandalisme visant des citoyens pacifiques, des biens, des installations publiques et des forces de sécurité dans la ville les obligeant à les affronter et à arrêter certains groupes d’émeutiers en flagrant délit’’, relate le ministère mauritanien de l’Intérieur dans un communiqué rendu public mardi.
Il souligne qu’en raison de l’effet de surprise, de l’heure tardive et du nombre élevé de manifestants, et dans l’objectif de contrôler la situation, les unités de sécurité ont été forcées de détenir les émeutiers arrêtés dans les lieux de détention disponibles.
‘’Dans ces circonstances, trois manifestants sont malheureusement décédés, deux d’entre eux en présence de leurs codétenus et dans le lieu de détention, tandis que le troisième est décédé plus tard à l’hôpital’’, explique le ministère mauritanien de l’Intérieur, qui déplore deux blessés graves dans les rangs des forces de l’ordre.
Il promet qu’une enquête transparente et approfondie sera menée pour déterminer les causes et les circonstances des décès, tout en s’engageant à rendre publics les résultats dans les meilleurs délais.
La République islamique de Mauritanie est en proie à des violences depuis la proclamation par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) des résultats provisoires de l’élection présidentielle de samedi.
D’après les résultats provisoires proclamés lundi par la CENI, le chef de l’Etat sortant, candidat à sa propre succession, a été réélu dès le premier tour, devançant notamment son principal challenger, le militant anti-esclavagiste, Biram Dah Abeid, crédité de 22, 10 %.
La proclamation de ces résultats a notamment été suivie d’échauffourées entre les forces de l’ordre et des partisans du principal candidat de l’opposition, dans certains endroits de la capitale.
Lundi, le siège du directoire de campagne de M. Abeid a été encerclé par les forces de l’ordre qui ont procédé à nombreuses arrestations.
L’opposant a déclaré qu’il contestait les résultats proclamés par la CENI. Il a invité ses compatriotes à faire de même, de manière pacifique.
BALLA MOUSSA FOFANA RECEPTIONNE DU MATERIEL DE NETTOIEMENT D’UNE VALEUR DE PLUS D’UN MILLIARD DE FCFA A TOUBA TOUL
Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires Moussa Bala Fofana a réceptionné mardi, pour le compte de la commune de Touba Toul, du matériel de nettoiement d’un coût de plus d’un milliard de FCFA...
Touba Toul, 3 juil (APS) – Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires Moussa Bala Fofana a réceptionné mardi, pour le compte de la commune de Touba Toul, du matériel de nettoiement d’un coût de plus d’un milliard de FCFA, acquis dans le cadre du Programme prioritaire de propreté (3P).
“Cet important lot de matériel de nettoiement (est) composé de 990 bacs à ordures, 85.920 articles composés de petits matériels, 25.000 tee-shirts, 2.500 gilets fluorescents et 50.000 poubelles, d’une valeur d’un milliard quatre-vingt-treize millions neuf cent quatre-vingt-trois mille neuf-cent “, a dit le ministre, lors de la cérémonie de réception.
Cette remise d’outillage pour la propreté s’inscrit “dans une dynamique de soutien à l’initiative +Setal sunu rééw+, lancée par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye”, a-t-il indiqué.
Ce lot de matériel est offert à la commune de Touba Toul, dans le cadre du programme 3P, initié par le Projet de promotion de la gestion intégrée et de l’économie des déchets solides au Sénégal (PROMOGED).
Le PROMOGED constitue la deuxième phase du Programme national de gestion des déchets (PNGD), lancé par l’Etat du Sénégal et appuyé par les partenaires techniques et financiers, que sont la Banque mondiale, l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID) l’Agence française de développement (AFD) et la Banque européenne d’investissement (BEI).
Il cible le pôle Dakar, avec une vaste réalisation d’infrastructures, un projet de résorption de la décharge de Mbeubeuss, ainsi que la mise en place de systèmes intégrés de gestion des déchets dans les régions de Thiès, Saint-Louis, Matam, Sédhiou, Ziguinchor et Kolda.
C’est un projet couvrant 148 communes, avec pour objectif de renforcer la gouvernance en matière de déchets solides et d’aménager les services de gestion des déchets dans les villes sélectionnées.
“Pour répondre aux urgences de l’heure, le PROMOGED a préparé et mis en œuvre un programme prioritaire de propreté avec pour objectif d’améliorer, à court terme, le cadre de vie des populations des communes bénéficiaires“, a expliqué M. Fofana.
Le programme prioritaire de propreté (3P) entend, dans une dynamique communautaire et de création d’emplois, mettre en œuvre le système de nettoiement des communes sélectionnées, en éradiquant les dépôts sauvages, a-t-il dit.
Il compte aménager des espaces publics après le nettoiement pour de nouvelles vocations, aménager des décharges publiques municipales pour une meilleure gestion des déchets, construire des infrastructures intermédiaires et des mobiliers urbains.
Il devra aussi “susciter la participation des populations, à travers des campagnes de mob, de formation et de sensibilisation“.
Le ministre de l’Urbanisme a invité les collectivités territoriales à “promouvoir la salubrité dans les communes, par le biais d’actions conjointes avec les organisations communautaires de base, pour une utilisation efficace et rationnelle du matériel du 3P“.
“Nous sommes déterminés, a dit M. Fofana, à soutenir le développement harmonieux et inclusif de nos collectivités territoriales, en travaillant ensemble et en mobilisant toutes les parties prenantes, nous pouvons faire une différence significative et durable pour notre nation“.
Saluant l’ “engagement“ du président Bassirou Diomaye Faye pour la salubrité, le maire de Touba Toul, Magatte Dièye, s’est félicité du renforcement de capacité en gestion intégrée de déchets dont a bénéficié le comité technique local de sa municipalité, de la part du PROMOGED.
La commune a aussi reçu 300 poubelles de ce projet, qui envisage aussi, de façon “imminente“, d’y construire deux centres de collecte, de triage et traitement de déchets, ainsi que des points de regroupement normalisé (PRN).
M. Dièye espère que sa mise en œuvre sera une “avancée majeure vers l’objectif commun de développement durable“ et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens de Touba Toul.
Selon lui, sa collectivité consciente des orientations des nouvelles autorités, entend jouer sa partition dans la sensibilisation sur le comportement des citoyens.
Il en a profité pour solliciter le soutien du ministre de l’Urbanisme pour d’autres projets visant l’amélioration du cadre de vie de sa collectivité territoriale.
Il s’agit de l’aménagement d’espaces verts au niveau du rond-point situé à la sortie de l’autoroute Ila Touba, et à la sortie de la commune, vers Tivaouane.
Il sollicite aussi le pavage de l’artère principale du marché de Touba Toul et son éclairage public et l’aménagement du marché à légumes qui revêtent une “importance capitale“ pour la commune.
Il n’a pas manqué non plus de plaider auprès de Balla Moussa Fofana pour le règlement des arriérés de salaire des employés du FERA, même s’ils ne relèvent pas de son département. Pour lui, c’est une “nécessité pressante“.
NOUS DEVONS AGIR POUR RENFORCER LA RESILIENCE DES COMMUNAUTES PASTORALES ET AGROPASTORALES
Le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Dr Mabouba Diagne, a indiqué que les solutions envisagées sont «en parfaite cohérence» avec les orientations du Président Diomaye Faye.
Bés Bi le Jour |
Cheikh Moussa SARR |
Publication 03/07/2024
Les stratégies de développement du pastoralisme étaient au cœur de la 5e édition des Entretiens techniques du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps), hier, à Dakar. Le constat est que le Sahel est confronté à des défis environnementaux et climatiques. Le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Dr Mabouba Diagne, a indiqué que les solutions envisagées sont «en parfaite cohérence» avec les orientations du Président Diomaye Faye.
Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage a présidé, ce mardi, la cinquième édition des Entretiens techniques du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps). Il s’agit d’«une plateforme de partage d’expériences sur la réhabilitation des parcours au profit des communautés pastorales». Pour cette présente édition, le thème retenu est «Réhabilitation des parcours pastoraux au Sahel : quels enseignements pour améliorer l’efficacité et les impacts au profit des pasteurs ?».
S’exprimant à cet effet, Dr Mabouba Diagne a commencé par rappeler que «le Sahel traverse une période critique marquée par des défis environnementaux et climatiques de plus en plus acerbes». Cette situation, selon lui, constitue une menace pressante sur la biodiversité et les moyens de subsistance de millions de personnes qui dépendent des ressources naturelles pour leur survie. «Concernant les pasteurs et agropasteurs des zones ciblées à travers les six pays du Sahel couverts par le Praps, les ressources fourragères issues du pâturage naturel sont au cœur des moyens de subsistance. Face à cette réalité préoccupante, l’engagement collectif de nos pays à restaurer les parcours au Sahel revêt une importance capitale. Nous devons agir avec détermination et vision pour inverser la dégradation des terres et promouvoir des pratiques durables qui renforcent la résilience des communautés pastorales et agropastorales», a-t-il exhorté. Le ministre préconise la levée de ces contraintes qui constitue une urgence pour protéger la biodiversité, préserver et améliorer les services écosystémiques essentiels à l’amélioration de leurs conditions de vie.
«Des initiatives en parfaite cohérence avec les orientations du Président Diomaye»
S’agissant du Sénégal, dans la poursuite de ces objectifs, renseigne Mabouba Diagne, plusieurs techniques de restauration ont été mises en œuvre, notamment par la Direction des Eaux et forêts, l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la Grande muraille verte, l’Institut national de Pédologie (Inp), les projets/programmes (dont le Praps), les Ong et organisations de producteurs. «Il est particulièrement réconfortant de constater que ces différentes initiatives sont en parfaite cohérence avec les orientations de son Excellence, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, très imprégné des dures réalités du monde rural. Ces orientations sont clairement déclinées dans son Projet pour un Sénégal souverain, prospère et juste qui réserve une place prépondérante au secteur primaire en général et à l’élevage en particulier», a-t-il ajouté.
«Lutter contre les feux de brousse et développer l’assurance pour le bétail»
Le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage estime que pour ce sous-secteur, deux axes d’intervention majeurs ont été retenus, à savoir «la redynamisation des filières de productions animales grâce à un ensemble de mesures capables de garantir la compétitivité desdites filières et la sécurisation des systèmes d’élevage et le développement des infrastructures et des équipements de production». Sur ce dernier axe, il informe qu’il est envisagé, entre autres, en faveur du système d’élevage pastoral, la mise en place d’un programme de restauration des pâturages, de lutte contre les feux de brousse et de développement de l’assurance pour le bétail. Pour enclencher le processus de matérialisation de sa vision pour le sous-secteur de l’Élevage, Mabouba Diagne a rappelé que le chef de l’Etat, lors du Conseil des ministres du 22 mai 2024, a donné d’importantes directives au Gouvernement. Il s’agit de «parachever l’actualisation du Programme national de production fourragère en corrélation avec une bonne maîtrise des prix de l’aliment de bétail et une stratégie avancée de lutte contre les feux de brousse». Mais aussi d’«engager, sans délai, la mise en œuvre d’un plan d’aménagement consensuel des parcours du bétail et espaces de pâturage notamment dans la zone sylvopastorale».
LE SÉNÉGAL A LA TABLE DES EXPORTATEURS DE PETROLE
Le Sénégal vient d’intégrer officiellement l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), quelques semaines après l’annonce de l’extraction des premiers barils de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar)
Le Sénégal vient d’intégrer officiellement l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), quelques semaines après l’annonce de l’extraction des premiers barils de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar), rapporte le Soleil.
Selon la source, l’intégration a été officialisée, ce lundi 1er juillet, à Vienne, en Autriche, à l’issue d’une rencontre entre le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines Biram Souleye Diop et le Secrétaire général de l’Opep, Haitham AlGhais, au siège de l’organisation.
« Désormais dans le cercle restreint des pays producteurs de pétrole, M. le Ministre s’est réjoui des échanges portant sur les enjeux qu’offre cette nouvelle opportunité notamment sur le potentiel à stimuler la croissance économique et à créer de l’emploi », lit-on dans une note du Ministère, qui relève, en outre, que M. AlGhais a affirmé que l’OPEP soutient et encourage les producteurs de pétrole africains à développer pleinement leurs ressources naturelles.
L’Opep est une entité intergouvernementale de pays visant à négocier avec les sociétés pétrolières pour tout ce qui touche à la production de pétrole, son prix et les futurs droits de concession.
Selon le document de programmation économique et budgétaire pluriannuelle (Dpbep), la première cargaison commerciale issue du champ pétrolier de Sangomar est prévue en ce début juillet. Il est prévu une production annuelle de 11,7 millions de barils de pétrole brut pour 2024, dont un volume de 4,34 millions de barils destiné au marché domestique.
L’exploitation du champ de Sangomar permettra de récupérer près de 630 millions de barils de pétrole et 2,4 Tcf de gaz naturel (associé et non associé) dans le cadre d’un futur développement (phase future).
Le concept de développement choisi est constitué d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (Fpso) rattachée à une architecture sous-marine de collecte et de transport des hydrocarbures. À ce titre, il est prévu une production annuelle de 11,7 millions de barils de pétrole brut pour 2024, dont 4,34 millions de barils destinés au marché domestique.
Selon le Dgpeb, pour l’ensemble des réserves d’hydrocarbures au Sénégal, les projections de recettes issues de leur exploitation tablent sur un montant global de 576,3 milliards de FCfa. Les recettes pour l’année 2025 sont estimées à 127,7 milliards F Cfa de FCfa, 205,4 milliards C Cfa pour 2026 et 243,2 milliards F Cfa pour 2027.
Pour rappel, le Sénégal a déjà fait son entrée dans le Forum des pays exportateurs de gaz (GCEF), depuis le 1er mars 2024. Cette adhésion permettra, selon les autorités sénégalaises, de bénéficier de l’expérience des pays membres dans le domaine du gaz, notamment avec ses projets Grand-Tortue Ahmyim et Yakaar-Teranga.
CHEIKH TIDIANE DIOUF COMPOSTE SON TICKET
Champion d’Afrique du 400m a Douala, il y a une semaine, Cheikh Tidiane Diouf va prendre part aux prochains Jeux Olympiques Paris 2024 (26 juillet au 11 aout). Le sprinteur s’est qualifié grâce au ranking mondial.
Champion d’Afrique du 400m a Douala, il y a une semaine, Cheikh Tidiane Diouf va prendre part aux prochains Jeux Olympiques Paris 2024 (26 juillet au 11 aout). Le sprinteur s’est qualifié grâce au ranking mondial.
I l termine à la 45e place du classement mondial dont la mise à jour a été effectué hier, mardi 2 juillet 2024 par World Athletics. Ainsi, Cheikh Tidiane Diouf peut prendre part aux rendez-vous olympique qui mettra en lice une cinquantaine de compétiteurs.
Après sa bonne performance à Douala lors des Championnats d’Afrique d’Athletisme où il a décroché la première médaille d’or de sa carrière en athlétisme lancée il y a 5 ans, Cheikh Tidiane Diouf sociétaire de l’AS Douanes peut désormais rêver de Paris où se tiendront du 26 juillet au 11 août 2024, les Jeux Olympiques d’été. Il y a un mois, Cheikh Tidiane Diouf frôlait la qualification pour Paris 2024 en prenant part au meeting d’athlétisme de Martinique.
L’athlète de 29 ans avait réalisé une course sur un temps de 45’03. C’est une bonne progression pour le spécialiste du 400 m qui avait terminé à la 3e place lors des Jeux Africains en mars 2024. N’ayant pas réussi les minima (45’), il décroche enfin son ticket pour les Jeux Olympiques 2024 en faisant partie des athlètes les mieux classés.
LES CENT PREMIERS JOURS D’EXERCICE DU POUVOIR DU NOUVEAU REGIME A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE MERCREDI
Les livraisons de ce mercredi font le recap des cent premiers jours d’exercice du pouvoir du nouveau régime ainsi que le déroulement global des épreuves écrites du premier tour du Baccalauréat général sur toute l’étendu du territoire national
Dakar, 3 juil (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS) ont principalement mis l’accent sur les cent premiers jours d’exercice du pouvoir du nouveau régime ainsi que le déroulement global des épreuves écrites du premier tour du Baccalauréat général sur toute l’étendue du territoire national.
Entré en service le 2 avril dernier, le régime actuel a franchi hier, le cap des 100 jours au pouvoir, rapporte L’As.
‘’En trois mois d’exercice, le duo avance comme des siamois. Toutefois il faut relever la prééminence du Premier ministre Ousmane Sonko sur certains dossiers pendant que le chef de l’Etat semble se satisfaire de ses prérogatives régaliennes’’, écrit le journal qui met à sa Une : ‘’Cent jours du nouveau régime : Diomaye sous le manteau de Sonko’’.
‘’Diomaye-Sonko, état d’éclipse’’, après trois mois d’exercice du pouvoir, affiche L’Observateur.
‘’L’actuel Premier ministre a été un opposant virulent, à la limite agressif. Aujourd’hui au pouvoir, Ousmane Sonko ne s’est pas encore départi de son ton guerrier et de sa tendance à occuper le devant de la scène. Mais ce faisant, il éclipse le président de la République, Bassirou Diomaye Faye qui fait pâle figure à ses côtés’’, écrit L’Obs.
‘’ La gouvernance de Diomaye-Sonko : 100 jours de heurts’’, titre Bes Bi qui rapporte que ”le régime de Diomaye-Sonko a bouclé ces 100 jours symboliques”. ‘’ Cent jours souvent conflictuels avec différents acteurs et segments de la société’’, note la publication, relevant que le nouveau régime, ‘piégé par les nombreuses promesses, l’immense espoir, un temps qui fuit, a gouverné par la menace”.
”Le Premier ministre est au front. Sur tous les fronts presse, magistrats, Assemblées nationale entre autres’’, mentionne le journal.
Les quotidiens se sont également intéressés au déroulement global des épreuves du Baccalauréat 2024 sur toute l’étendue du territoire national.
‘’Baccalauréat 2024 : démarrage des épreuves sans grand couac’’, titre Sud Quotidien, précisant que cette assurance émane du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf.
‘’Au terme d’une tournée effectuée dans quatre centres d’examen de Dakar, il a souligné que les épreuves du premier tour du Baccalauréat général, se sont déroulées normalement sur toute l’étendue du pays’’, rapporte le journal.
Le quotidien souligne qu’il ‘’a également fait savoir que les candidats qui n’ont pas pu faire le bac à cause des problèmes d’état civil, pourront effectuer la session de rattrapage en octobre prochain’’.
”Déroulement du baccalauréat général : le ministre Abdourahmane Diouf affiche sa satisfaction”, met à sa Une Le Soleil.
Le quotidien national souligne que le ministre Abdourahmane Diouf, en tournée hier dans quelques centres d’examen de Dakar, ”s’est dit satisfait du processus avant d’annoncer des modifications majeures par rapport à la session de remplacement qui aura lieu au mois d’octobre”.
WalfQuotidien rapporte de son côté que ”sur les 159 .487 candidats en lice, 98% ont répondu présents, selon le ministre Abdourahmane Diouf qui veut un taux de réussite de supérieur à 50%”.’’Abdourahmane Diouf table sur 90 mille admis’’, titre Walf.
L’Info indique qu’‘’un taux de présence de 98%’’ a été enregistré au Baccalauréat 2024 au démarrage hier dans beaucoup de centres d’examen. ‘’Un démarrage sous de bons auspices, selon le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Dr Abdourahmane Diouf’’, rapporte le journal.
Le même journal annonce par ailleurs que ‘’64 candidats au baccalauréat ont été exclus à Kaolack, pour avoir bravé l’interdiction de port de téléphone, par le président du Jury 1506 du centre du nouveau lycée de Kaolack, Amath Ndiaye’’.
‘’64 candidats exclus pour port de portable’’, affiche Libération.
LE SÉNÉGAL DEVIENT PRODUCTEUR DE PÉTROLE : CE QUI POURRAIT CHANGER DANS LE PAYS
Le Sénégal est devenu officiellement un pays producteur de pétrole le mardi 11 juin 2024, avec l’annonce de l’extraction du premier baril de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar).
Le Sénégal est devenu officiellement un pays producteur de pétrole le mardi 11 juin 2024, avec l’annonce de l’extraction du premier baril de pétrole par une société étrangère dans le champ de Sangomar (Projet Sangomar). L’opérateur Woodside, une entreprise australienne basée à Perth, détient 82 % des parts et la Société des pétroles et du Sénégal (Petrosen) 18 %. D’après le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) 2025-2027 publié en juin 2024 par le ministère des Finances et du Budget, le gouvernement du Sénégal prévoit une croissance économique rapide en 2024, qui pourrait atteindre 7,3 %, grâce à la production de pétrole du champ Sangomar, situé à environ 100 km des côtes dakaroises. Le pays espère engranger 30 milliards de dollars US de dollars US sur 30 ans grâce à l’exploitation des gisements d’hydrocarbures. Bertrand Tchanche a étudié le système énergétique et la consommation d’énérgie du Sénégal. Il explique à The Conversation Africa les avantages, les risques liés à l’exploitation du pétrole pour le Sénégal et les moyens pour les atténuer.
Quels avantages le Sénégal devrait-il, selon vous, tirer de l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières ? Pourriez-vous les décomposer en termes d’économie globale (PIB), de recettes publiques (fiscales) et d’emplois ?
Il y a forcément des avantages à exploiter ses ressources naturelles pour un pays, mais tout dépend de la gouvernance en place et des forces en présence. Le contexte géopolitique est lui aussi important. Il y a eu beaucoup de découvertes ces dernières années en Afrique : au Niger, en Ouganda, au Mozambique, en Côte d’Ivoire… le continent africain est très riche. Cependant, ces découvertes coïncident avec “la transition énergétique” que les pays développés tentent d’impulser ou d’imposer au reste du monde. Une transition qui n’en est pas une dans les faits car les chiffres montrent bien le contraire… Les énergies fossiles sont toujours en progression et auront encore un bel avenir devant elles. D’après les données de l’Agence Internationale de l’Energie basée à Paris, en France, on voit que la demande en énergies fossiles est encore croissante. La demande en ce qui concerne le pétrole est passée de 70 millions de barils par jour en 2000 à environ 100 millions de barils par jour en 2023. La même tendance haussière est observée pour le gaz (2600 à 4200 milliards de mètres cubes et le charbon (3200 à 5600 mégatonnes d’équivalent charbon (Mtce)).
En termes de recettes, c’est environ 700 milliards de FCFA par an (près de 1,147 milliards de dollars US) annoncés. Le gouvernement sur le court terme a annoncé des recettes de l’ordre de 576,3 milliards FCFA sur la période 2025-2027, réparties comme suit pour les trois années à venir: 127,7 milliards FCFA en 2025, 205,4 milliards FCFA en 2026 et 243,2 milliards FCFA pour 2027.
L’un des avantages sera probablement le rééquilibrage sur le long terme de la balance commerciale et du budget qui sont déficitaires avec de nouveaux revenus issus de l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole. Mais il apparaît que le déficit budgétaire est très élevé, près de 800 milliards de FCFA (3 % du PIB). Le début de l’exploitation du pétrole coïncide avec la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui enjoint aux gouvernements africains de supprimer les subventions sur les hydrocarbures.
Notons qu’une partie du déficit budgétaire est due à ces subventions qui permettent de maintenir une certaine justice sociale. Obéir aux injonctions du FMI signifierait privilégier le service de la dette et accroître l’inflation avec comme corollaire un coût élevé de la vie avec ses effets néfastes sur la population et les tensions sociales qui en découleraient. Le Nigeria est actuellement plongé dans une crise économique sans précédent à cause d’une mesure similaire adoptée par le nouveau président Bola Tinubu élu en mars 2023. La majorité des Nigerians ont plongé dans la pauvreté avec un taux d’inflation au-dessus de 30%.
Il y aura un petit effet sur les emplois directs où quelques milliers de personnes seront recrutées, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. Notons que le taux de chômage dans la population est de 22% mais bien au-dessus en ce qui concerne l’emploi des jeunes.
On peut s’attendre à des investissements dans différents secteurs, notamment ceux jugés prioritaires comme la santé, l’éducation, l’énergie, l’assainissement. Toutefois, le nouveau gouvernement doit encore travailler pour définir les projets et leur inclusion dans une programmation pluriannuelle. Il y a un déficit d’investissements visible dans les secteurs comme la santé, les transports ou l’éducation.
Quels sont les autres avantages ?
Il y a des avantages politiques : nouveaux partenaires, plus de moyens pour sa politique étrangère, augmentation de l’attractivité du pays. La géopolitique régionale s’en trouve modifiée du fait du partage de certains gisements avec les pays voisins comme la Mauritanie. Dans la perspective de la vente du gaz naturel liquéfié à l’international et de l’éventuelle connexion à un potentiel gazoduc vers l’Europe à partir du Nigeria, le Sénégal aura un rôle à jouer.
L’exploitation du pétrole et du gaz peut aussi constituer un réel motif pour revendiquer ou affirmer sa souveraineté. C’est sous ce prisme qu’il faut comprendre la renégociation des contrats voulue par les nouveaux dirigeants. En trame de fond, intervient la question du franc CFA car sans banque centrale, il est difficile de mettre en œuvre une quelconque politique. Il faut avoir la clé du coffre. Question importante : comment dans un contexte d’absence de souveraineté monétaire un pays peut-il s’en sortir sur le plan économique? Rappelons-nous, la dévaluation de franc CFA de 1994. Du jour au lendemain, on impose une dévaluation, et depuis les économies des pays dans les deux zones ont été affaiblies. Le déficit de la balance commerciale s’est creusé un peu partout. Ce fut un coup de frein à l’évolution économique de ces pays qui venaient de subir le programme d’ajustement structurel (PAS).
Combien de temps faudra-t-il pour que ces bénéfices soient pleinement réalisés ? Et pourquoi cela prendra-t-il autant de temps ?
Les bénéfices peuvent être rapides. Tout dépend de la politique gouvernementale. Si on demande d’attendre alors que les premiers barils sont déjà là, c’est comme si on demandait aux Sénégalais de ne pas compter sur le pétrole. On n’a pas à attendre, les urgences sont nombreuses. Il faut mettre en place des mécanismes qui permettent de réinvestir les bénéfices dans l’économie et la modernisation du pays.
Cependant, il faut signaler que la production du pétrole démarre dans un pays qui a un déficit budgétaire important, environ 1,2 milliard d’euros. Le gouvernement a déjà prévu d’emprunter jusqu’à 3,5 milliards d’euros par an dans les trois années à venir. Dans ce contexte, il y a le risque que les recettes attendues soient orientées vers le service de la dette au détriment des investissements.
Quels sont les risques économiques auxquels le Sénégal sera probablement confronté en tant qu’exportateur de pétrole et de gaz ?
Il n’y a aucun risque ! Vous faites allusion à la théorie de la malédiction des ressources. Mais regardez, dans les pays du Golfe Persique, en Norvège, en Russie, on ne peut pas dire qu’il y a véritablement un risque à exploiter son pétrole. La malédiction c’est ce que l’on veut mettre dans l’esprit des Africains. Il faut que nous comprenions une chose, la vie est un combat et il n’y a pas de jour de repos. Nous devons apprendre d’une part à bien gérer nos ressources et d’autre part à défendre nos intérêts. Jusqu’ici, cela n’a pas été le cas.
Que pensez-vous de la gestion par des pays comme le Gabon ou le Congo-Brazzaville de leur richesse pétrolière ?
Les pays africains ne profitent pas de leurs ressources naturelles pour la plupart. Les exemples sont partout. Parlant du pétrole, on peut citer les cas de la Libye, du Nigeria, ou du Congo. Il en est de même de l’uranium comme c’est le cas au Niger ou de l’or au Mali ou au Burkina Faso. L’Afrique dans l’architecture économique mondiale, et les pays du Sud en général ont un rôle qui leur est dédié, celui de fournir les matières premières aux usines des pays développés qui eux se sont donnés le rôle de manufacturier. Dès lors, tout est mis en place pour que ce déséquilibre persiste, et c’est à ce prix que le capitalisme survit.
Quelles mesures politiques le Sénégal peut-il mettre en œuvre pour gérer ou atténuer ces risques ?
Si on parle de risque de guerre, de tensions politiques en interne ou avec les pays voisins, ou de détournements de recettes, cela ne doit pas surprendre. Car il y a une grosse manne en jeu et les protagonistes se battront pour prendre ce qu’ils veulent. Il revient aux politiques et à toutes les forces en interne de placer l’intérêt du pays en premier. C’est dans la cohésion et l’unité que les Sénégalais pourront tirer profit des ressources de leur sous-sol.
Devant les intérêts supérieurs de la nation, les acteurs internes doivent pouvoir comprendre les enjeux et faire bloc. C’est dans l’unité qu’une nation peut faire face à ses ennemis et aucune force extérieure ne peut s’imposer sans les complicités en interne. Beaucoup de conflits autour du contrôle des ressources sont le fait des acteurs placés à l’extérieur et qui agissent par groupes interposés pour déstabiliser et piller des territoires.
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QUAND L’ARMEE COLONIALE FRANÇAISE DECIMAIT LES « TIRAILLEURS SENEGALAIS », LE 1ER DECEMBRE 1944
Il y a quatre-vingt (80) ans, le 1er décembre 1944, à la levée du jour, des militaires français ouvraient le feu, sans merci, sur des «Tirailleurs Sénégalais» massés dans le camp de Thiaroye qui a accueilli les rapatriés de la Seconde Guerre mondiale
La mémoire du massacre de Thiaroye n'a pas disparu en Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal, lieu du drame. Il y a quatre-vingt (80) ans, le 1er décembre 1944, à la levée du jour, des militaires français ouvraient le feu, sans merci, sur des «Tirailleurs Sénégalais» massés dans le camp de Thiaroye qui a accueilli les rapatriés de la Seconde Guerre mondiale. Accusés de mutinerie par leur hiérarchie, ces soldats et ex-prisonniers de guerre originaires de toute l’Afrique occidentale française (AOF), avaient simplement osé réclamer le paiement de leurs arriérés de soldes de captivité. Une répression qui, selon la version officielle, faisait suite à une mutinerie. En prélude à la commémoration, Sud Quotidien revient sur cette histoire tragique, considérée comme l’un des pires crimes commis par l’Armée française à l’encontre des «Tirailleurs Sénégalais» et camouflée pendant plus de 60 ans.
Le 1er décembre prochain, le Sénégal va commémorer le 80e anniversaire d’un événement qui reste l’un des plus sanglants de l'histoire de l'Afrique de l'Ouest, dans les années 1940-1960. Un massacre qui concerne d’anciens prisonniers de guerre, des «Tirailleurs Sénégalais», dont certains s’étaient évadés et avaient rejoint la Résistance des Forces françaises. Tout est partie de ces années de Guerre. Après la défaite française de juin 1940, les Tirailleurs Sénégalais ont été faits prisonniers, d'abord avec les soldats français, puis enfermés dans les Frontstalags, c'est-à-dire les camps de prisonniers allemands situés en territoire français, dans la zone occupée, de l'automne 1940 à l'été 1944. Mais les dirigeants de l'Allemagne nazie ne voulaient pas de la présence d’«hommes de couleur» sur le sol allemand. A partir de 1943, la surveillance de certains de ces camps est assurée par des officiers et sous-officiers français, à la demande des autorités allemandes qui ont besoin de plus en plus de troupes pour combattre en U.R.S.S.
Libérés par les Américains à la suite du débarquement de Normandie, l'Armée les regroupe progressivement dans des camps de transit de l'Armée française. A l'automne 1944, les autorités militaires françaises décident ainsi d'effectuer le rapatriement des troupes coloniales vers l'Afrique. Ils partent du Port de Morlaix (Finistère), le 5 novembre 1944, après avoir été placés dans des camps de transition. A ce sujet, l’historienne Armelle Mabon, Maître de Conférences à l’Université Bretagne Sud, qui a consulté les archives, informe qu’ils étaient au nombre de 1950 à 2000 à embarquer à Morlaix. Contrairement aux rapports des officiers et du gouvernement de l’AEF, qui n’avait mentionné plus que 1200 à 1300 à avoir débarqué à Dakar. Quoiqu’il en soit, les ex-prisonniers effectuent le voyage retour à bord du navire britannique, Circassia, du 5 au 21 novembre 1944. Le voyage relie Morlaix à Dakar, avec une escale à Casablanca au Maroc.
LE CAMP ET LE VILLAGE
Prochain point de chute des Tirailleurs : Thiaroye qui était, en 1944, un village d’agriculteurs et de pêcheurs de la banlieue dakaroise, situé à 15 km à l'Est de Dakar, devenue, en 1902, capitale de l'Afrique Occidentale Française (l'A.O.F), remplaçant dans cette fonction la ville de Saint-Louis. Le traité de concession, signé entre les autorités françaises et les habitants lébou du village, avait permis la construction du camp qui date de 1905. Le camp s'agrandit en 1913, et en 1920, il était l'un des plus grands camps militaires de l’A.O.F. Les autorités militaires françaises ont entrepris, en octobre 1944, de rénover le camp pour y accueillir les milliers de Tirailleurs Sénégalais rapatriés depuis la France.
Ces soldats doivent, à l'arrivée en A.O.F, toucher leurs droits, en premier lieu leurs soldes de captivité, qui peuvent correspondre à des sommes importantes, vu la durée de cette captivité. La circulaire n°2080 qui émane du ministère de la Guerre (Direction des Troupes coloniales – 21 octobre 1944), relevait à cet effet que «la solde de captivité des indigènes ex-prisonniers de guerre doit être entièrement liquidée avant le départ de la métropole. Le paiement devant intervenir un quart dans la métropole, trois quarts au moment du débarquement dans la colonie».
Dans un récit fait dans son cahier de l’histoire de Thiaroye, Françoise Croset révèle que le 27 novembre de cette année 1944, l’ordre a été donné à un groupe de 549 tirailleurs de prendre le train vers Bamako, pour regagner leurs régions d'origine. Leurs revendications financières n'ayant toujours pas été satisfaites, ces soldats, précise-t-elle, ont refusé de partir. Leur décision reste inflexible les jours suivants. «Nous ne partirons pas», déclarent les tirailleurs, en réponse à l'ordre donné par leurs officiers de sortir des baraquements et de se rassembler, le 29 novembre 1944.
Le sous-officier Doudou Diallo, lors de son interrogatoire, le 7 décembre 1944, après son arrestation, témoignera que lui-même, en tant que sous-officier, avait reçu l'ordre de faire rassembler les tirailleurs. Il précise : «c'était presque la totalité du détachement.»
Les tirailleurs restaient encore intransigeants et décidés à ne pas se laisser séparer, à rester unis. Autrement dit, à ne pas laisser les soldats originaires des régions rurales repartir dans leurs villages, avant que les réclamations aient été satisfaites. Françoise Croset rapporte que l’historien Jean Suret-Canales, qui vécut à Dakar à la fin des années 1940 et qui avait consulté les archives de Dakar, a confié à ce sujet que des rumeurs ont circulé parmi la population européenne de Dakar, à partir du 27 novembre, sur le risque d'un «soulèvement noir», d'un «massacre des Européens» à l'occasion de la fête musulmane de la Tabaski. Il n’en sera rien.
UN CRIME DE MASSE PREMEDITE
L’irréparable se produit le 1er décembre 1944, à 9h30. L’historienne Armelle Mabon, de l’université Bretagne-Sud, affirme, dans ses écrits, avoir un rapport de l’officier qui commandait l’opération de tir. Elle souligne que l’opération de tir a été décidée la veille, au moment où l’officier a fait venir chez lui, la veille au soir, le commandant des automitrailleuses. Les anciens prisonniers de guerre seront ainsi rassemblés sur ordre des officiers français, qui ont fait encercler la caserne de Thiaroye par des Tirailleurs Sénégalais du service d’ordre. Ils ont fait venir trois automitrailleuses, un half-track (engin semi-chenillé), un char américain.
Combien y a-t-il de victimes ? C'est là un premier point obscur à partir des archives officielles. Officiellement, on parle de 35 morts et 35 blessés. Il fallait faire passer cela pour une mutinerie au cours de laquelle les mutins auraient tiré les premiers. Alors qu’ils étaient désarmés. Un nombre que l’historienne réfute, en avançant qu’il y a eu près de 400 victimes, en ce sens que la hiérarchie militaire française de Dakar avait fait croire que les 35 victimes étaient dans des tombes anonymes du cimetière militaire de Thiaroye. Comme le reconnaitra, en février 2021, le ministre français Jean Yves Le Drian qui a fait état de l’existence de trois (3) fosses communes.
Après plusieurs années de recherches et de fouilles d’archives publiques et privées en France, au Sénégal et au Royaume-Uni, l’historienne Armelle Mabon, a pu établir que ce drame est bien un «crime de masse prémédité» puis maquillé en rébellion armée. Une machination a été mise en place pour dresser un bilan «mensonger» de 35 morts et camoufler les 300 à 400 victimes jetées dans des fosses communes.
Les archives de la justice militaire, conservées aux localités françaises de Le Blanc, dans l’Indre, permettent de remettre en cause la version des officiers supérieurs selon laquelle les tirailleurs du camp auraient été lourdement armés. Il n’y a pas eu de tirs de la part des tirailleurs. Les recherches d’Armelle Mabon et de Martin Mourre permettent d’affirmer que l’argument de la «rébellion armée» et de la nécessaire riposte armée ne résiste pas à la confrontation des différents documents. «L’absence de procès-verbal d’information du lieutenant de vaisseau Salmon, commandant les automitrailleuses qui avait reçu un ordre oral pour une mission bien précise, ajoutée à une chronologie des faits amputée du moment des tirs permet de supposer une possible préméditation.» Dans la journée du 1er décembre 1944, d’autres tirailleurs sont raflés, après le massacre. Des supposés meneurs ont été lourdement condamnés, dix ans de prison infligés à certains, pour rébellion armée, sur ordre des autorités militaires. Témoin oculaire, feu Doudou Diallo, ancien tirailleur et président des anciens combattants, racontait dans un de ses témoignages fait en 1983, l’histoire de sa propre arrestation. Le 30 novembre, il était parti comme d’habitude passer la nuit à Dakar, dans sa famille. Il est rentré au camp avec le car rapide dans la fin de la matinée du 1er décembre, ignorant des événements de l’aube au camp. «Au carrefour de Thiaroye, il y avait un détachement de tirailleurs, avec un caporal. Ils m’ont fait descendre. J’étais étonné, car je ne pensais pas qu’un caporal puisse arrêter un sergent et sous quel chef d’inculpation ? On m’a conduit devant les gradés français. Il y avait, en particulier, un adjudant-chef qui s’appelait Lerouge. On a commencé à me fouiller et à me traiter de façon incorrecte. J’ai réagi violemment parce que ne comprenant pas la raison de cette attitude. Je leur ai alors lancé, au comble de la colère : «C’est facile de faire la guerre à Thiaroye, mais si vous voulez vous battre, ce n’est pas ici qu’il faut le faire.»
On a pris cela pour la rébellion et les esprits étant surchauffés par les événements de l’aube, un officier français a donné l’ordre, qu’on me fasse taire, par tous les moyens. Les tirailleurs hésitaient, je leur ai crié : «Allez-y, qu’est-ce que vous attendez ? Les officiers étaient stupéfaits, ils ne pouvaient comprendre. J’avais vu la mort bien des fois.»
D’après des témoignages recueillis dans les années postérieures à la tragédie, les autorités obligèrent les tirailleurs arrêtés à traverser Dakar, menottés et sous la surveillance de soldats armés notamment de mitrailleuses. Quarante-cinq (45) ou quarante-huit (48) tirailleurs seront emprisonnés à la prison civile.
DES RAPPORTS SUR L’ABSENCE DE RESPONSABILITE DANS L’ÉTAT FRANÇAIS, L’OPERATION MILITAIRE RESTE OFFICIELLEMENT APPROUVEE
Le ministre des Colonies, Paul Giaccobi, qui a remplacé René Pleven, le 16 novembre 1944, approuvera les autorités de Dakar. Le 10 décembre 1944, il envoie un télégramme au Gouverneur général de Dakar : «Je ne puis que vous approuver d’avoir maintenu discipline». Il écrit, plus loin, qu’il attribue ces «incidents», ceux de Thiaroye et d’autres en métropole, «à deux causes seulement : la question de soldes et les défauts d’encadrement»
Un rapport pour le ministère de la Guerre est confié au général de Perrier et rendu public le 5 février 1945 ; le général de Perrier justifie l’opération armée du 1er décembre 1944 et considère les tirailleurs comme seuls coupables. Il considère comme légitime que le feu ait été ouvert pour rétablir l’ordre «dans cette circonstance»
L’autre rapport, fait sur instruction du ministère des Colonies par l’Inspecteur général de première classe Mérat, est rendu public le 15 mars 1945. Ce rapport conclut à l’absence de responsabilité de l’État français, quant au drame de Thiaroye. Il n’y a cependant peut-être pas unanimité des responsables gouvernementaux à Paris sur la légitimité de l’opération décidée par les autorités françaises de Dakar.
Mais, en tout état de cause, l’opération militaire contre les tirailleurs du camp de Thiaroye reste officiellement approuvée et la censure est maintenue sur les faits qui se sont déroulés. Les divergences sont restées dans le secret des archives, pendant des décennies.
ONDE DE CHOC A DAKAR, INDIGNATION DE ME LAMINE GUEYE, THIERNO AMATH MBENGUE…
Les événements de Thiaroye ont toutefois bouleversé la population de Dakar : malgré la censure exercée par les autorités coloniales, la nouvelle s’est très vite répandue et l’indignation fut très grande. L’historien Mariel Mourre nous rapporte le récit d’un habitant de Thiaroye, El Hadj Fall, récit que lui-même tient de ses parents : «Quand les militaires ont été attaqués, les rescapés se sont réfugiés au village. D’après mes parents, il y a même des villageois qui ont participé parce qu’ils ont essayé de sauver quelques militaires (…) C’était le seul village environnant, alors ils ont couru et sont entrés dans le village.».
En revanche, un conseiller colonial de Dakar, Thierno Amath Mbengue, appartenant au mouvement nationaliste lébou, prit l’initiative de s’adresser aux autorités militaires françaises de Dakar, en l’occurrence au général de Boisboissel, pour protester contre la répression très grave et la décision de «tirer sur des Tirailleurs sans armes» et lui faire connaître l’émotion des populations de la ville. Deux conseillers municipaux de Dakar, Ibrahima Thiaw et Chekeline Diop, s’associent à sa démarche, selon une note des Renseignements généraux de Dakar. Même indignation de la part de M. Alcantara, un riche négociant français d’origine portugaise, toujours d’après les Renseignements généraux relayés par l’historienne Françoise Croset.
Le président de l’Association des Anciens Combattants, Papa Seck Douta, annoncera après, le 1er décembre 1944, qu’il dénonce cette sanglante opération contre les ex-prisonniers rapatriés. Il contacte Maître Lamine Guèye, l’avocat sénégalais le plus célèbre de l’époque. Parmi les habitants français de Dakar, il y a, à l’époque, quelques militants communistes, organisés dans un Groupe d’Études Communistes. Selon le récit de l’historien Jean Suret-Canale, ces militants, réunis le 2 décembre, décident de demander à Paris une enquête parlementaire sur les événements du camp de Thiaroye, initiative qui n’a pas abouti.
Lamine Guèye, premier avocat africain du territoire de l’A.O.F et militant important de la S.F.I.O. (Section Française de l’Internationale Ouvrière), le Parti socialiste français d’alors, envoie, dès le 7 décembre 1944, une lettre à Gaston Monnerville, président de la Commission des Colonies à l’Assemblée Consultative, pour demander une enquête parlementaire. «C’est une question d’argent qui a amené les militaires à abattre, à coups de mitraillette, des Tirailleurs arrivés de France le 21 novembre 1944», écrit-il.
LE PROCES DE MARS 1945
L’organisation du procès fut l’occasion pour les autorités coloniales de Dakar de mener une propagande contre les tirailleurs ex-prisonniers. Quelques 34 tirailleurs ont comparu, les 5 et 6 mars 1945, devant le Tribunal militaire permanent de Dakar. Rien ne figure dans les archives sur les 14 autres tirailleurs qui avaient été arrêtés, le 1er décembre 1944, dans la journée et qui n’ont pas été inculpés. L’instruction, préalable au procès, a été menée à charge, du 2 décembre 1944 au 15 février 1945 : il s’agissait de démontrer la culpabilité des accusés.
Les chefs d’inculpation contre eux sont plus ou moins graves : «outrage aux supérieurs», «refus d’obéissance», «provocation de militaires à la désobéissance», «rébellion commise par des militaires armés au nombre de huit au moins». En clair, l’armée les accuse de mutinerie. La version officielle des événements du 1er décembre 1944, à savoir une répression par l’armée rendue nécessaire par cette «mutinerie» des tirailleurs, version établie dès le 1er décembre, est développée lors de l’instruction et du procès.
En septembre 1947, les avis individuels d’amnistie de chacun des condamnés sont signés, en application de cet article de loi. Contrairement à ce qui s’est écrit pendant des décennies, à la suite d’un article du journal Réveil, le président de la IVe République, le président socialiste Vincent Auriol, n’a jamais accordé de grâce amnistiante aux condamnés de Thiaroye. Il a cependant été sollicité par Senghor, élu député du Sénégal, et par Jean Silvandre, élu du Soudan. C’est à Senghor que, le 30 mai 1947, Marius Moutet, ministre de la France d’Outremer, apprend que les 18 demandes individuelles d’amnistie ont été transmises au ministère de la Guerre, avec avis très favorable.
BASSIROU DIOMAYE FAYE «OUVRE» UN NOUVEAU CHAPITRE
Vers un Comité ad hoc, chargé des préparatifs de la commémoration du 80e anniversaire de « Thiaroye 44 » et un rapport du drame qui sera soumis à la haute attention du président de la République
L’Etat sénégalais va mettre en place un Comité Ad Hoc, chargé des préparatifs de la commémoration du 80e anniversaire du Massacre des «Tirailleurs Sénégalais», le 1er décembre 1944, au camp de Thiaroye. L’annonce faite en Conseil des ministres, du mercredi 26 juin 2024, par le Premier ministre, Ousmane Sonko, est consécutive à la décision du président de la République de préparer cette cérémonie de souvenir de cet évènement tragique et page sombre de l’histoire du Sénégal et des anciennes colonies françaises d’Afrique. Le rapport de ce comité sera soumis à la haute attention du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, au mois de septembre prochain. Cette initiative du président de la République, qui obéit d’emblée à un devoir de mémoire, est sans conteste une nouvelle étape dans la recherche de la vérité et de reconnaissance entreprise jusqu’ici. Le chef de l’Etat sénégalais marche ainsi sur les pas du président Abdoulaye Wade qui fut la première haute autorité à faire de la question des «Tirailleurs Sénégalais» un des points de sa politique intérieure et de ses relations avec la France. Mieux, il a institué, en août 2004, la tenue de la première Journée du «Tirailleur Sénégalais». En plus de la réhabilitation du cimetière «Tirailleurs» et l’érection d’une «Place du Tirailleur» au rond-point du Port autonome de Dakar (PAD), avec le monument symbole «Demba et Dupont».
Un Comité Ad Hoc chargé d’organiser la commémoration du 80e anniversaire du massacre des «Tirailleurs Sénégalais et Africains», le 1er décembre 1944, au Camp de Thiaroye, sera mis en place dans les prochaines semaines. L’annonce a été faite par le Premier ministre, Ousmane Sonko, en Conseil des ministres, le mercredi 26 juin 2024. Le comité se chargera de faire un rapport sur cet évènement tragique de l’histoire du Sénégal, de la France et de ses anciennes colonies en Afrique.
Cette initiative du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, constitue une étape supplémentaire dans la recherche de la vérité sur ce chapitre sombre de l’histoire. En effet, les récits documentaires, cinématographiques, témoignages et différentes recherches sur cette tragédie, n’ont pas toujours dissipé les zones d'ombres sur l'origine de ce massacre innommable sur d'anciens prisonniers de Guerre rapatriés. Il n’y a pas encore de reconnaissance officielle du massacre que de nombreux historiens qualifient de «prémédité» et camouflé pendant plus de soixante-dix (70) ans. La mémoire du massacre de Thiaroye n'a toutefois jamais disparu en Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal, lieu du drame.
DIOMAYE FAYE SUR LES TRACES DU PRESIDENT WADE
Avec ce projet, le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, entre en droite ligne des jalons posés par ces deux prédécesseurs à la tête du pays. Après son élection, en 2000, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, avait en effet fait de la question des «Tirailleurs Sénégalais» un des points de sa politique intérieure et de ses relations avec la France. L’histoire des tirailleurs sénégalais fut inscrite dans le récit national officiel. Le président Wade avait annoncé, en août 2004, la tenue de la première Journée du Tirailleur Sénégalais. Alors que jusqu'au début des années 2000, les faits qui se sont déroulés au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944, sont restés quasiment ignorés en France. Au moment où le massacre a eu lieu, presque aucune information n'avait filtré, indique l’historienne Croset, jusqu'en France.
Lors de la cérémonie officielle, le 23 août 2004 (date anniversaire de la libération de la ville française de Toulon par les «Tirailleurs Sénégalais» qui avaient débarqué en Provence, le 15 août 1944), un représentant du gouvernement français, André Wiltzer, ancien ministre délégué chargé de la Coopération et de la Francophonie sous la présidence de Jacques Chirac, décide d’aborder la question. Il évoquera Thiaroye, parlant d’«un événement tragique et choquant qui suscite l'indignation, l'incompréhension et la tristesse pour ceux qui en ont été les victimes et pour leurs proches». C'est la première fois, rappelle Françoise Croset, qu'un personnage officiel français s'écarte de la version officielle, déclarant qu'il faut «réparer l'injustice et la violence commises à Thiaroye ; c'est d'abord le dire, ne pas oublier des hommes qui ont perdu la vie, le 1er décembre 1944, leur rendre hommage.» Quelques jours plus tard, le cimetière de Thiaroye, réhabilité pour l’histoire, est déclaré «Cimetière National», par un décret présidentiel promulgué par le président Wade : «Article premier - Le Cimetière de Thiaroye, où sont enterrés les Tirailleurs Sénégalais morts au cours de la répression coloniale du 1er décembre 1944, est déclaré Cimetière National. Le 23 août suivant son élection, le président de la République rend les honneurs aux victimes. Le 23 août de chaque année, le Premier ministre y dépose une gerbe de fleurs.» Si l'affaire de Thiaroye a commencé à sortir de l'oubli total et à avoir place publique dans le pays, les travaux d'historiens déjà publiés n’ont pas réussi à harmoniser les positions et contester la version officielle. Au sein de l’État français, la volonté de faire la lumière sur le massacre de Thiaroye rencontre encore de réelles résistances. Ce qui est sûr, c’est que la position officielle de l’État français connaitra un certain fléchissement.
FLECHISSEMENT DE L’ETAT FRANÇAIS
Lors de son premier voyage officiel en terre africaine, le 30 novembre 2014, le président de la République Française, François Hollande, qui avait promis de restituer les archives au Sénégal prononce un discours au cimetière de Thiaroye. Il utilise à nouveau l'expression de «répression sanglante», parle d’«événements tout simplement épouvantables, insupportables» et d'«affreuse tragédie». Il déclare qu'il n'y a pas eu rébellion et que les tirs contre les tirailleurs n'étaient pas des tirs de riposte. Il reconnaît que le nombre exact des victimes des tirs reste méconnu, ainsi que le lieu exact des sépultures des tirailleurs tués. Son discours est salué comme un geste important. S'agissait-il de se défaire enfin d'un dossier difficile, de déclarer que la France s'est mise à jour, a «honoré sa dette», comme le dit le président français dans son discours, qu'elle a tourné une page obscure de son histoire.
Ces déclarations n'ont pas empêché qu’un peu plus tôt, en novembre 2014, se tienne au Sénégal un Colloque d'historiens, organisé à l'initiative de l'Ambassade de France à Dakar, colloque sur l'histoire des troupes africaines dans les deux guerres mondiales, et qui a totalement ignoré le massacre de «Thiaroye 44». En effet, au sein de l’État français, la volonté de faire la lumière sur le massacre de Thiaroye rencontre encore de réelles résistances. Si la position officielle de l’État français s'infléchit, c'est parce que, précise l’historienne Françoise Croset, en France même, l'affaire de Thiaroye commence à sortir de l'oubli total. Les événements de Thiaroye commencent à avoir place publique en France. Le rapport sur la commémoration du 80e anniversaire de Thiaroye, commandé par le chef de l’Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, vient à son heure et permettra une avancée significative dans la recherche de la vérité et de reconnaissance.